Social

Après la marche pour l’emploi, un tour de l’île des communes

Rassemblement à Bras-Panon du Collectif emplois en danger et des associations de chômeurs

23 août 2003

À l’initiative du Collectif emplois en danger (CED), plusieurs associations de lutte contre le chômage s’étaient donné rendez-vous hier matin à Bras-Panon, non loin de la mairie, pour informer la population sur la situation des personnes en emploi précaire. Le but était de dénoncer activement la "politique de désinformation gouvernementale face notamment au retournement de situation sur les Contrats emplois solidarité" (voir "Témoignages" du 21 août). Parmi les intervenants, différents acteurs des mouvements associatifs étaient présents, comme Jean-Pierre Técher (Agir contre le chômage), des écrivains comme Carpanin Marimoutou ou encore des religieux comme le Père René Payet.
On également pris la parole, des représentants de la Fédération des œuvres laïques, du Mouvement des chômeurs panonnais ou encore Antoinette, jeune mère camerounaise arrivée à La Réunion avec son mari il y a 3 ans.
Cadre supérieure de développement à l’IRTS, diplômée en économie solidaire, ayant travaillé pendant 10 ans au Cameroun en tant que cadre de développement international pour une agence canadienne, elle se retrouve au RMI avec son mari (également cadre gestionnaire), pour subvenir aux besoins de ses quatre enfants.
"Je témoigne en tant que militante du mouvement associatif et professionnelle de l’économie solidaire mais surtout en tant que chef de famille. Je me bats pour la dignité dans le travail. Lorsqu’on respecte le dynamisme de la jeunesse à La Réunion, on a pas le droit de la laisser à l’écart."
En aparté, elle nous confiera qu’elle a beaucoup de mal à s’en sortir avec sa famille : "je suis au chômage depuis 3 ans et nous croulons sous les factures. Il faut négocier les moratoires avec mon mari. Et pourtant le dynamisme ne manque pas ici, surtout en matière d’économie sociale et solidaire, qui représente près de 15.000 emplois. Ce sera une sacrée coupe franche dans l’île si on procède à l’annulation de ces contrats."

« Que deviendrons-nous ? »

Brice-Marie, Paola, Sophie, Sonia, Joahnna et Marie-Sophie sont âgées de 20 à 30 ans et travaillent en tant que CES au Mouvement des Chômeurs Panonnais :
"Nout lanploi lé en danzé ! Nous sommes des CES au MCP depuis le mois de juin et ce jusqu’à la fin décembre. Mais après, que deviendrons-nous ? Nous sommes là pour nos futurs enfants également. Nous serons sur le carreau du jour au lendemain. Nous n’avons plus l’âge du RMI, nous ne touchons pas les ASSEDIC, heureusement que nous sommes chez "monmon".
Les CES ou les CIA étaient une chance pour ceux qui n’étaient pas diplômés. Nous savons qu’il ne nous est pas permis de rêver avec un CDI à court terme"
.

« Nous ne pouvons faire aucun projet »

Jean-Thierry et Pascal travaillent depuis trois ans dans l’entretien des espaces verts à l’association Comité de quartier de la Rivière du Mât les Bas : "nous nous occupons de l’aménagement des escaliers, des espaces verts. Aujourd’hui on ne peut pas dire que nous sommes inquiets pour notre avenir puisque d’avenir, nous n’en avons pas. Nous vivons au jour le jour. Nous ne pouvons faire aucun projet. En tout cas, nous préférons travailler au sein des associations, car nous sommes sûrs d’avoir un salaire à la fin du mois contrairement aux petites entreprises qui vous éjectent sans préavis."
Lors de son intervention, Jean-Hugues Ratenon, président du CED, a rappelé que ce rendez-vous dans la commune de Bras-Panon constituait le premier dans le cadre d’un prochain tour des communes réunionnaises.

Le témoignage de Géraldine
Géraldine, 27 ans, est venue avec sa fille Margaux à Bras-Panon pour entendre et soutenir le mouvement pour l’emploi. Mère de deux enfants, elle est seule à les élever alors que son contrat emploi-jeune de 5 ans s’est achevé le 30 juin dernier : "Il est vrai que nous savions dès le début que notre contrat ne durerait que cinq ans. Mais nous avons monté des projets au sein des établissements, nous nous sommes investis dans ce métier, nous avons été formés ! Moi, mon boulot je le connais et aujourd’hui, nous n’avons aucune reconnaissance", regrette-t-elle.

"J’ai aussi bien travaillé avec les adolescents dans une section spécialisée, à la vie scolaire, et dernièrement j’ai été nommée responsable de la salle informatique par le proviseur. J’ai postulé sur les postes d’assistants d’éducation mais à La Réunion, ce seront des postes à mi-temps ou à temps incomplet. Ce ne sera pas intéressant. En plus, à 27 ans, l’âge ne joue pas en ma faveur puisque toutes les formations sont désormais en dessous de 26 ans. Je n’ai guère d’autre choix que de toucher les ASSEDIC pour l’instant, de postuler pour une formation à l’AFPAR et de reprendre ma maîtrise pour tenter les concours. Vous savez quand vous travaillez de 20 à 25 ans, beaucoup de choses se passent durant ces années ; avec mes deux enfants, j’ai une famille à nourrir."


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