Atelier d’huisserie de Profilage Réunion

ArcelorMittal sacrifie un savoir-faire unique à La Réunion pour faire des profits

22 novembre 2017, par Manuel Marchal

Profilage Réunion est la seule entreprise de notre île à proposer aux bailleurs sociaux un moyen d’installer une porte d’entrée aux normes dans les logements à rénover, sans avoir à casser le béton. C’est un marché important qui peut être satisfait par la production réunionnaise. De sources syndicales, le plan de licenciements prévu par ArcelorMittal vise à fermer cette ligne de production.

L’atelier menacé de fermeture.

Quand Colgate-Palmolive a décidé de fermer sa filiale Société industrielle de Bourbon (SIB), cette dernière faisait des bénéfices. Pas assez selon les actionnaires de Colgate-Palmolive, qui ont estimé qu’ils pouvaient faire plus de profits en délocalisant la production en France pour vendre à La Réunion. Tous les salariés ont alors été licenciés.

Profilage Réunion est une filiale d’ArcelorMittal depuis 2006. Elle ne fait pas que du pliage et du découpage de tôles. Ses travailleurs sont également capables de livrer des marchandises à plus forte valeur ajoutée.

Un atelier huisserie est ainsi consacré à la fabrication d’inserts pour des portes à fermeture trois points, qui sont aujourd’hui la norme. La demande est importante dans ce secteur, notamment dans la rénovation de logements sociaux. Car non seulement, La Réunion manque de ce type d’appartements, mais en plus nombreux sont dégradés à cause de l’usure du temps. Les opérations de réhabilitation sont donc d’importants chantiers, qui nécessitent autant de main d’œuvre que la construction neuve.

La réhabilitation doit s’accompagner de la mise aux normes. Cela suppose de refaire les portes d’entrée. À La Réunion, Profilage est capable de produire un adaptateur pour les portes aux nouvelles normes. Cette marchandise permet de fixer la nouvelle porte sans avoir besoin de casser le béton.

Une innovation indispensable aux réhabilitations de logements sociaux produite uniquement par Profilage à La Réunion.

La matière première est la tôle. Une machine perce les ouvertures nécessaires, puis les soudeurs entrent en jeu pour réaliser la pièce.

Le plan de licenciements prévu par ArcelorMittal prévoit de licencier tous les travailleurs de cet atelier sauf un. Autant dire qu’il va fermer. En conséquence, cette marchandise ne serait alors plus produite dans notre île mais importée, car les besoins de la rénovation du bâti social ne vont pas tout d’un coup se tarir parce que cette usine ferme. Ce qui n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé pour la SIB.

Ainsi, des Réunionnais ont développé un produit innovant, mais ArcelorMittal est prêt à sacrifier les emplois et le savoir-faire réunionnais pour augmenter les profits de ses actionnaires en fermant l’atelier. Après avoir exploité au maximum la main d’œuvre réunionnaise, ArcelorMittal décide de fermer le robinet à sa filiale. C’est la logique de groupes extérieurs qui rachètent des entreprises réunionnaises pour obtenir un marché, et une fois celui-ci consolidé, délocalisent la production en mettant des Réunionnais au chômage.

M.M.

Luttes pour l’emploiA la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus