Le projet de Paris de réduire les droits des chômeurs devient un enjeu des élections européennes

Nouvelle attaque contre les chômeurs : catastrophe en perspective à La Réunion

28 mai 2024, par Manuel Marchal

En pleine campagne des élections européennes, le chef du gouvernement français annonce une nouvelle attaque contre les travailleurs privés d’emploi. Il sera plus difficile d’être indemnisé, la durée d’indemnisation sera réduite drastiquement et l’assurance chômage sera utilisée pour faire baisser les salaires des travailleurs les plus âgés. Une justification avancée est d’affirmer que chez les voisins de la France, les conditions d’indemnisation pour perte d’emploi sont inférieures. Cette nouvelle offensive des représentants de la classe des ultra-riches au pouvoir illustre une France en plein déclin qui entraîne La Réunion dans sa chute. Elle souligne combien la crise est profonde en Europe, et liée à la politique ultra-libérale de l’Union européenne. La CGT et d’autres syndicats font part de leur ferme opposition à cette nouvelle casse sociale. A La Réunion, l’application de cette régression sociale sera catastrophique.

Dimanche 26 mais dans les colonnes de « la Tribune », Gabriel Attal, chef du gouvernement français a dévoilé une nouvelle attaque contre les travailleurs privés d’emploi. Il ressort une vieille rengaine du capitalisme qui a besoin du chômage de masse pour réduire les droits des travailleurs et augmenter les profits : il rend les travailleurs renvoyés à cause de l’incompétence de leur patron ou en raison de « la main invisible du marché » responsables de leur chômage.

Toujours culpabiliser les victimes de la violence du capitalisme

En effet, selon le Premier ministre, les règles actuelles d’indemnisation sont un obstacle sur la route du plein emploi. Donc, au lieu de créer les conditions pour abolir le chômage, Paris veut durcir les conditions d’accès pour être indemnisés. L’objectif est clair : pousser les travailleurs à accepter n’importe quoi pour survivre. Les grands bénéficiaires seront ceux qui tirent du profit du travail de ces salariés. Voici un extrait des propos du Premier ministre :

« Nous allons changer les conditions pour avoir droit au chômage. Jusqu’ici, il fallait avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers mois pour percevoir une indemnisation. À l’avenir, il faudra avoir travaillé huit mois sur les vingt derniers. Nous prolongeons la réforme engagée en 2019, dont les études montrent qu’elle produit ses effets. (...)
Comme nous réduisons la période de référence d’affiliation, il y aura un impact sur la durée d’indemnisation. J’assume de dire que, dans les conditions actuelles, cette durée d’indemnisation passera donc de dix-huit mois à quinze mois ». Gabriel Attal, « La Tribune » du 26 mai 2024

L’assurance chômage utilisée pour faire baisser les salaires

Les travailleurs les plus âgés sont dans le collimateur. Ceux qui ont de 53 et 54 ans, peuvent être indemnisés jusqu’à 22 mois et demi. Le projet est d’abaisser à 15 mois. Ceux qui ont entre 55 et 57 ans ont droit à 27 mois, ce sera 15 mois. Pour le plus de 57 ans, Paris veut faire passer de 27 à 22 mois et demi. Quant au deuxième palier, qui était fixé à 55 ans, il va reculer à 57 ans, avec une durée d’indemnisation réduite de vingt-sept à vingt-deux mois et demi.
L’assurance chômage sera également mise à contribution pour soutenir des baisses de salaires. En effet, le projet prévoit que si un demandeur d’emploi de plus de 57 ans retrouve un travail moins bien payé que celui qu’il avait, alors son allocation chômage complétera le salaire pour compenser la perte, jusqu’à un salaire de 3000 euros. Quand le travailleur aura épuisé son droit à l’indemnisation, alors il aura bien un salaire inférieur à son travail précédent. Pendant ce temps, l’inflation fait des ravages…
Dans un pays comme La Réunion, touché par le chômage de masse depuis 50 ans, un tel projet aura des conséquences catastrophiques : les nombreuses victimes du capitalisme et du système économique néocolonial seront encore plus dans la misère.

Convergence avec des moi-disant sociaux de l’Union européenne

Pour justifier cette offensive des représentants de la classe des ultra-riches au pouvoir, Gabriel Attal affirme que le chômage a diminué. Ceci est dit sur la base de statistiques. Chacun sait que ces statistiques ne peuvent prendre en compte la réalité : nombre de travailleurs ne se déclarent plus chômeur sans reprendre d’emploi en raison de radiations, de retard dans l’actualisation, et aussi par découragement. Ils sont nombreux à ne pas être pris en compte dans les statistiques.
Le chef du gouvernement s’appuie également sur la situation chez les voisins de la France : « nous conservons un régime plus généreux que nos voisins, en nous rapprochant du système allemand, où il faut avoir travaillé douze mois sur trente. Au Portugal et au Royaume-Uni, c’est douze mois sur vingt-quatre, et seize mois sur trente-trois en Belgique ».
Ceci traduit le contexte : l’application de l’orientation ultra-libérale de l’Union européenne. La dégradation des droits sociaux est la traduction d’une France en déclin qui entraîne La Réunion dans sa chute. La guerre en Ukraine et la relance de la course aux armements coûtent très cher. Plutôt que d’évoluer vers une politique de la paix à l’extérieur avec la fin du soutien à des régimes en guerre, et la paix à l’intérieur en mettant justement à contribution la classe ultra-bénéficiaire du système, Paris décide de faire encore payer la classe des exploités.

Un enjeu des Européennes

En pleine campagne des Européennes, ce projet rappelle que le retour au progrès social ne passe pas seulement par un changement de politique en France. C’est un combat qui est mené à l’échelle de l’Union européenne. Le scrutin du 9 juin est un moyen de stopper cette spirale du déclin.
A La Réunion, une seule liste propose de remettre en cause cette casse sociale en s’appuyant sur les syndicalistes. Ils composent un tiers de la liste « la Gauche unie pour le monde du travail » conduite par Léon Deffontaines avec Ary Yéé-Chong-Tchi-Kan le candidat du PCR aux Européennes.
En permettant à la liste Léon Deffontaines de réaliser le meilleur score possible dans leur pays, les Réunionnais donneront un signal : ils s’organisent contre la casse sociale.

M.M. 

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  • Ces propositions prouvent bien que le capitalisme, pour le résumer : 1° ne fait pas de sentiment, 2° se moque de la fraternité en pronant les profits les plus grands pour les nantis les plus grands, donc les miettes pour les gueux. 3° qu’il y a un mot qu’il n’emploie jamais, celui de "assez". Assez de consommation, donc de gaspillage de ressources dont certaines sont en quantité limitée pour l’humainté, comme les minerais, le pétrole et que l’on ne sait pas fabriquer, mais polluer comme l’eau, l’air, la terre, la faune et la flore. Les partisans de la croissance ne pensent qu’au profit, à se remplir les poches un maximum, ils n’ont donc vraiment rien compris, "time is money", c’est hélas vrai mais ils devraient comprendre que les billets, les pièces, cela ne se boit ni mange pas, tout simplement, à quand la solidarité enfin encouragée ? ! Arthur.


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