Allongement de la durée de cotisation pour bénéficier de l’assurance chômage

Assurance chômage : le gouvernement rackette les victimes du système

26 novembre 2019, par Manuel Marchal

Le changement des règles de l’assurance chômage a d’importantes répercussions négatives à La Réunion pour des dizaines de milliers de travailleurs. Elle allonge en effet la durée de cotisation pour avoir droit à une indemnisation. En conséquence, ce sont les travailleurs les plus précaires qui sont pénalisés en raison de la brièveté de leurs contrats de travail, quand ils sont inférieurs à 6 mois. Ce qui n’empêche pas ces travailleurs de subir une ponction sur leur revenu au titre d’une assurance chômage dont ils ne bénéficieront pas.

Le chômage de longue durée est souvent ce qui attend les jeunes qui sortent de l’école.

En 1979, la visite de Georges Marchais à La Réunion dans le cadre de la campagne des élections européennes avait donné lieu à un film « Maloya pour la liberté ». Dans une séquence, Georges Marchais et Paul Vergès rendaient visite aux travailleurs du chantier de la centrale hydroélectrique de Sainte-Rose. Le secrétaire général du PCF fut alors très étonné de constater qu’au termes de leur contrat, ces travailleurs n’avaient pas droit à une indemnisation chômage, alors que tous les mois, une somme destinée à financer l’assurance chômage était prélevée sur leur salaire et rapatriée à Paris.

40 ans plus tard, le gouvernement impose cette injustice à tous les travailleurs précaires. Cette contre-réforme est un grave recul social, car depuis le 1er novembre, les travailleurs qui ne peuvent pas justifier de six mois d’activité salariée pendant les 24 derniers mois, sont privés d’indemnisation en cas de perte d’emploi. Il ne leur reste alors plus qu’à patienter pendant 3 mois sans aucun revenu en attendant de percevoir le RSA.

Cela signifie que si un travailleur a un contrat de 5 mois au bout de 2 années de chômage, ses cotisations alimenteront une caisse qui ne lui viendra pas en aide quand il devra de nouveau rechercher un travail.

Pousser les jeunes à s’exiler en France

Cette décision du gouvernement vise en premier lieu les jeunes. Car pour eux, le début dans la vie active signifie des contrats précaires de quelques mois. Pour eux, la situation sera encore plus catastrophique car au bout de leur contrat, ils n’auront rien, même pas le RSA puisqu’ils n’ont pas 25 ans.

Rappelons que dans notre île, plus de la moitié des jeunes ayant quitté l’école sont au chômage. Le système actuel ne leur laisse guère le choix, ce qui en pousse des milliers chaque année à s’exiler pour un voyage sans retour, car exclus du droit à un travail dans leur pays. C’est ainsi que chaque année s’organise la fuite des cerveaux qui auraient contribué à faire de La Réunion un pays émergent afin de sortir du sous-développement sur lequel prospère le néocolonialisme français.

Faire payer les pauvres pour les riches

La mesure entrée en vigueur n’est que la première d’une série qui a pour but de traduire dans la loi un concept ultra-réactionnaire selon lequel les travailleurs privés d’emploi sont responsables de leur chômage. De cette manière, la classe dominante se déresponsabilise en rejetant sur les victimes les conséquences de ses erreurs de gestion, de ses mauvais investissements, voire de ses détournements de fonds qui entraînent la mise au chômage quotidienne de travailleurs.

Ainsi, l’année prochaine entrera en vigueur un nouveau mode de calcul des indemnisations chômage, qui a pour but de les réduire, ce qui soutiendra de nouvelles exonérations fiscales et de cotisations sociales pour les plus riches. L’objectif de cette politique est claire : figer la société afin que les enfants de la classe dominante soient assurés d’être dans cette classe, et qu’ils ne soient pas obligés de « partager le gâteau » avec ceux qui ont réussi à s’élever grâce à leur mérite, pas à leur héritage.

Cette contre-réforme ultra-réactionnaire s’inscrit donc comme une nouvelle tentative de préserver les intérêts des bénéficiaires du système au détriment des abandonnés, sommés de payer pour financer des prestations auxquelles ce système leur interdit d’accéder.
La crise sociale va donc continuer à s’amplifier, tant qu’une politique prenant en compte l’intérêt du peuple réunionnais ne sera pas la ligne à La Réunion.

M.M.

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