Arèt gaspiy nout zénès, arèt gaspiy nout péi

Attaques en règle contre notre jeunesse

11 février 2008, par Manuel Marchal

Alors que la jeunesse est touchée de plein fouet par le chômage, le gouvernement multiplie les décisions qui amplifient la crise. Que va dire Martin Hirsch au Grenelle de l’insertion pour tous ces jeunes ?

La diminution de plus de 70% de la part de l’Etat dans 2 dispositifs destinés à lutter contre le chômage des jeunes, le Projet Initiative Jeune et la Formation en Mobilité, s’inscrit dans un contexte. Depuis plusieurs années, les actes des gouvernements qui se succèdent vont dans le sens d’une aggravation de la situation de la jeunesse réunionnaise : suppression des emplois-jeunes, disparition du corps des MI-SE, création d’un Contrat Unique d’Insertion excluant la plus grande partie des jeunes bénéficiaires d’un contrat aidé, suppression de centaines de postes de TOS et d’agents administratifs dans l’Education nationale, et depuis la semaine dernière, l’annonce d’un désengagement massif de l’Etat dans le soutien à la formation et à la création d’emplois grâce à la Mobilité.

Lors de la dernière conférence de presse du PCR, Maurice Gironcel a évoqué, chiffres à l’appui, l’ampleur du désengagement de l’Etat dans la lutte contre le chômage, et en particulier pour favoriser l’emploi chez les jeunes. Alors qu’en 2001, la contribution de l’Etat permettait l’existence de plus de 55.000 emplois aidés, dont des milliers d’emplois-jeunes, moins de 7 ans plus tard, elle ne permet plus que d’espérer au mieux 10.000 emplois.
La plupart des jeunes seront exclus de ce dispositif (voir encadré). Cet exemple est dans la continuité d’une série de mesures qui vise particulièrement les jeunes.

Des jeunes massivement licenciés

Créés en 1997, les emplois-jeunes ont permis à des milliers de jeunes Réunionnais d’avoir droit à un travail. Cinq ans après, le gouvernement supprime ce dispositif. Des milliers de jeunes sont alors licenciés après 5 ans de travail.
Cinq ans après cette décision, le gouvernement actuel se désengage de l’insertion par la Mobilité et ferme la porte des contrats aidés à la plupart des jeunes. Ce sont à nouveau des milliers de possibilités d’insertion qui sont fermées du jour au lendemain. Comme 5 ans auparavant, les parlementaires UMP ont voté pour ces projets qui sont de nouvelles attaques contre la jeunesse réunionnaise.
Les centaines de suppressions de postes dans l’Education nationale sont une autre illustration de cette politique. Car quand ces TOS ont été embauchés, une partie d’entre eux étaient des jeunes. Ces jeunes se sont impliqués pendant de nombreuses années au service de l’Etat. Et depuis la fin de l’année dernière, l’Etat les licencie par centaines.

Désengagement

Le cas du Projet Initiative Jeune est emblématique. Créé en 2000 par la loi d’Orientation pour l’Outre-mer, le PIJ Mobilité garantit à un jeune le versement de 18 à 30 ans une allocation de 305 euros pendant 24 mois. Ce dispositif a contribué à financer la formation de milliers de jeunes. Ce levier a permis de créer des emplois. Il est aussi un moyen de responsabiliser un jeune. Car c’est, en effet, un dispositif qui vise à valoriser l’initiative. En se désengageant à hauteur de 70%, le gouvernement compromet très gravement le PIJ.
Alors que le chômage des jeunes atteint un niveau intolérable, le gouvernement amplifie la crise en excluant la plupart d’entre eux des dispositifs de traitement social du chômage, ce qui n’est pas sans conséquence pour la population réunionnaise.

Manuel Marchal


Fin des CEJ : des milliers de jeunes Réunionnais licenciés

Lors de la création des emplois-jeunes en 1997, 12.000 jeunes avaient postulé à un poste d’aide-éducateur. Ce nombre illustrait l’ampleur du chômage des jeunes à cette époque. Les emplois-jeunes étaient une mesure de traitement social pour lutter contre cette injustice. L’Etat s’engageait à verser une contribution mensuelle égale à 80% du SMIC pour chaque emploi créé.
En 2002, une des premières mesures prises par le nouveau gouvernement avait été de supprimer les emplois-jeunes. Cette abrogation entraînait le désengagement de ce dispositif, le gouvernement ne voulait plus verser 80% du SMIC pour chaque emploi créé et a fait adopter par sa majorité parlementaire un texte de loi rendant ce retrait légal. Les parlementaires UMP de La Réunion ont voté pour ce texte. Des milliers de jeunes Réunionnais ont donc été licenciés après 5 ans de travail.


4.000 jeunes bacheliers et plus au RMI

Selon une enquête de l’ADI, environ 4.000 jeunes ayant un niveau de formation égal ou supérieur au Bac étaient au RMI en 2007. Cela montre l’ampleur de la crise et l’étendue du gâchis.
Même si l’obtention d’un diplôme de haut niveau n’est plus une protection contre l’exclusion, que dire alors de la situation des jeunes qui ont connu l’échec scolaire ? Tout cela ne peut que cristalliser l’inquiétude. Vers quelle société allons-nous ?
Au lieu de mettre en place des mesures pour lutter résolument contre cette crise, les actions du gouvernement ne font que compliquer la tâche. Elles conduisent à l’exclusion des jeunes des mesures de traitement social du chômage.


Les jeunes quasiment exclus des contrats aidés

Le Contrat Unique d’Insertion (CUI) s’adresse aux allocataires du RMI, aux titulaires de l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS), de l’Allocation de Parent Isolé (API) et de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). Il vise à fusionner plusieurs dispositifs de traitement social du chômage : Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE), Contrat Initiative Emploi (CIE), Contrat d’Avenir et Contrat d’Insertion-Revenu Minimum d’Insertion (CI-RMA).
Cela réduit considérablement la possibilité pour un jeune d’avoir droit à un emploi aidé. Car le droit au RMI n’est ouvert qu’à partir de 25 ans.

Luttes pour l’emploi

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Messages

  • Bonjour,
    Il y a PIJ Mobilité et aussi PIJ Aide à la création d’entreprise. Est ce que la nouvelle mesure de réduction des subventions de l’Etat concerne le dispositif d’aide aux créateurs ?
    Merci de votre réponse


Témoignages - 80e année


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