Social

Au moins 20.000 fonctionnaires dans la rue

Temps fort de la mobilisation dans l’Éducation nationale

16 avril 2003

« Je n’avais plus vu autant de monde dans la rue depuis 1981 », commente un officier de police en contemplant la marée humaine qui a envahi hier matin la rue de Paris à Saint-Denis.
Les représentants de l’Intersyndicale (CGTR, FO, FSU, SGEN-CFDT, UNSA) ne cachent pas leur joie. « On s’attendait à une grosse mobilisation, mais à ce point-là, cela dépasse toutes nos espérances », lance un syndicaliste. En effet, les syndicats avaient misé sur la venue de 10.000 manifestants. Selon eux, ils ont été au moins deux fois plus, ce qui fait de cette manifestation une des plus importantes de ces deux dernières décennies en termes de participation. Le rassemblement a commencé à partir de 9 heures devant les grilles du jardin de l’État. À 9 heures 45 alors que le départ du défilé n’avait pas encore été donné, la police demandait aux organisateurs de faire avancer la tête du cortège afin de permettre aux milliers de manifestants bloqués dans les rues avoisinantes d’arriver à proximité du jardin.
« Si on continue d’avancer comme ça on va arriver au Barachois sans voir manifesté, mais enfin on ne va pas se plaindre, plus il y a de monde et mieux c’est », commentait un manifestant portant autour du cou une pancarte proclamant "Raffarin, c’est la faim".
La foule grossissait à vue d’œil au fil des minutes. Au son des roulèr, le cortège prenait son vrai départ vers 10 heures 20. Porté par quatre manifestants, un cercueil où les mots "l’Éducation nationale selon Saint-Luc" (Ferry - NDLR), ouvrait la marche. « Oté Raffarin rouve la porte, Réyoné lé dann shomin » et « Raffarin larg lo frin » ont été les slogans les plus appréciés.
En tête du défilé, vêtu d’un boubou haut en couleurs, un manifestant visiblement amateur de maloya, donnait le ton. « Raf, raf, Raffarin avèk la présyon va lé », lançait-il repris en chœur par des centaines de poitrines.
En milieu de cortège, les étudiants de l’IUFM s’en donnaient à cœur joie, chantant et dansant leurs revendications pour « une école de la République ».
Dans la foule on notait la présence de dirigeants politiques comme Pierre Vergès, Huguette Bello Jean-Yves Langenier et Maurice Gironcel du PCR, Michel Tamaya, Sudel Fuma, et Michel Vergoz du PS notamment.

Poursuite de la grève

Tout au long de la rue de Paris des centaines de manifestants, retardés par les embouteillages à l’entrée de Saint-Denis, rejoignaient la foule déjà compacte du cortège. La tête de la manifestation arrivait sur les pelouses de la préfecture à 11 heures 15. Au même moment, la queue du défilé se trouvait encore au jardin de l’État. Elle arrivera sur le Barachois trois quarts d’heure plus tard.
Les dirigeants de l’Intersyndicale annonçaient alors que la poursuite du mouvement de grève « au moins pour mercredi et jeudi. Un représentant du gouvernement (Gilles de Robien, ministre des Transports - NDLR) sera dans l’île. Il est évident que nous allons lui faire entendre notre voix », notait un syndicaliste. « Après les vacances de pâques, le comité de coordination trouvera le juste mot d’ordre pour continuer l’action », ajoutait Vincent Cellier de la FSU.
Une délégation de l’Intersyndicale a ensuite remis au préfet une motion dans laquelle notamment « le maintien au sein de la fonction publique d’État » et « le réexamen complet du dossier de réforme des retraites » (voir encadré).
Dans un communiqué rendu public en fin de matinée (voir encadré), le préfet, Gonthier Friederici, note que le projet de transfert ne concerne que les personnels ATOS (agents techniciens ouvriers de service) et non par le personnel enseignant.
Au nom du gouvernement, il propose qu’une « commission locale associant les élus, les représentants des personnels et des parents d’élèves soit rapidement constituée pour veiller » à la prise en compte « des fortes contraintes de l’Éducation nationale à La Réunion tant dans la procédure d’élaboration et de discussion du projet de loi à partir de fin mai ». Le préfet termine en indiquant que « des adaptations, législatives et /ou réglementaires pourront être proposées en ce sens ».


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