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par le Dr Raymond Vergès

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Avec le changement, de nouvelles règles de recrutement des cadres

Pour que les jeunes puissent valoriser leur formation au pays

mardi 11 octobre 2011


Lors d’une rencontre avec le Premier ministre, le nouveau président du Sénat a demandé à François Fillon un moratoire de la réforme territoriale. Jean-Pierre Bel appelle le gouvernement à tenir compte du résultat des dernières Sénatoriales : pour la première fois depuis le début de la 5ème République en 1958, le Sénat a changé de majorité. À La Réunion, c’est un autre moratoire qui est demandé, dans le ’Nouveau contrat social’ publié en 2006, le Parti communiste réunionnais a proposé un moratoire pour permettre le recrutement de jeunes Réunionnais diplômés.


Le changement au Sénat a commencé par une première prise de position de sa nouvelle Direction. Le président du Sénat a demandé au Premier ministre un moratoire sur l’application de la réforme territoriale. Ce moratoire est également un appel à une véritable concertation entre les acteurs du territoire et le pouvoir central.
À La Réunion, la première préoccupation est l’emploi. Tous les ans, des milliers de jeunes sortent du système éducatif avec un diplôme sans qu’il y ait des emplois pour que ces compétences puissent s’exprimer.
À partir de cette situation, et en tenant compte du cadre législatif, le Parti communiste réunionnais a proposé en 2006 un moratoire dans le recrutement dans la Fonction publique. Le droit à l’expérimentation reconnu dans la Constitution permet de changer temporairement les règles de recrutement des fonctionnaires dans notre île. Ce sont 35.000 emplois qui pourraient alors être occupés à 100% par des Réunionnais.
Car au même titre que dans les collectivités face à la réforme territoriale, le mécontentement des Réunionnais face aux règles actuelles de recrutement est réel. Et cela d’autant plus que pendant 30 ans, ce sont des règles dérogatoires qui ont permis le recrutement des instituteurs qui ont participé à la mise en place de la scolarité de masse à La Réunion.
Aujourd’hui, ce sont ces jeunes qui ont été formés notamment par ces instituteurs qui arrivent aux portes de l’emploi, mais qui voient se dresser au-dessus de leur tête un plafond de verre. En effet, dans l’état des règles actuel, il est toujours possible pour un employeur de trouver un prétexte pour embaucher un cadre à 10.000 km d’ici pour le faire venir travailler dans notre île.
Face à cette crise, il est essentiel que l’État soit exemplaire. En appliquant ce moratoire, il ne ferait que se mettre en conformité avec les orientations des États généraux de l’Outre-mer, découlant elles-mêmes en partie des conclusions d’une mission parlementaire du Sénat.
Le changement en perspective offre donc la possibilité de mettre enfin en œuvre une politique de recrutement conforme aux attentes du pays.


Le moratoire

Voici la description de la proposition faite par le PCR dans "le Nouveau contrat social".

Le droit des Réunionnais à l’emploi pourra être respecté notamment par les créations de nombreux postes dans la Fonction publique d’État, dans la Fonction publique territoriale et dans d’autres services publics comme les services de santé, les postes et télécommunication…

À cette fin, nous proposons pour le recrutement des fonctionnaires et assimilés un moratoire au système de recrutement actuel. Cela se justifie au regard de la gravité du chômage dont souffre La Réunion et que nulle politique n’a réussi jusqu’à présent à infléchir de façon significative.
De plus, au nom du droit constitutionnel à l’expérimentation, ce moratoire est possible par une législation appropriée. Il consiste à faire bénéficier pendant une durée de 20 ou plus aux étudiants diplômés de La Réunion les places mises en concours pour la Fonction publique et parapublique de l’île. Un Institut réunionnais d’administration (IRA), à créer, va préparer ces jeunes à ces concours.
Ce moratoire s’appuie sur un précédent : depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusque dans les années 1970, soit pendant une trentaine d’années, à La Réunion, on a recruté des instituteurs au niveau du Brevet élémentaire. Cela ne s’est fait nulle part dans toute la métropole. Dans le cadre du moratoire cité plus haut, le recrutement de ces fonctionnaires réunionnais se fera sur la base du Brevet élémentaire +6, soit le niveau Licence.
Il y a assez de jeunes dans nos écoles et dans notre université pour répondre à toutes les offres d’emplois. Ces recrutements seront confortés par des formations permanentes, grâce à Internet, à des visioconférences, des innovations et des stages.

La Réunion est le département qui souffre le plus du manque d’encadrement dans la Fonction publique. Il y a une nécessité de rattrapage dans ce domaine. C’est une exigence collective. De plus, la population de l’île augmentant, les besoins vont augmenter ; enfin, il faut remplacer les départs. (…)

Cette mesure peut être étendue au secteur privé, où le même principe serait appliqué aux cadres.


Le rapporteur de la mission sénatoriale constate les effets d’une politique inadaptée

« Le recteur de La Réunion nous a indiqué que l’Éducation nationale procède à environ 1.000 embauches par an : mais 900 des 1.000 candidats retenus viennent de métropole , alors que le territoire ne manque pas de diplômés. Il est vrai que la sur-rémunération de 1,53 attire les métropolitains ; et les jeunes sur place, qui ont moins d’ancienneté, voient ces arrivants passer devant eux... Nous n’avons pas la solution miracle, mais nous avons des pistes, exiger la maîtrise de la langue créole par exemple ».
(Source : compte-rendu analytique de la séance du 20 octobre 2009 au Sénat)


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