Jusqu’à demain, découvrez le braille...

... avec Nadine M’Tima, formatrice

18 janvier 2007

Dans le hall de la Maison de la Communication François-Mitterrand à la Trinité (Saint-Denis), Nadine M’Tima, formatrice braille depuis 2003 à Dassî - l’association régionale pour le Développement des Actions Spécifiques pour les Sensoriels des Îles. Elle propose au public et tout particulièrement les enfants et les adolescents(es) une initiation au braille, l’alphabet des déficients visuels. Une action qu’elle mène avec le Conseil Général et le Centre de la Ressource Sainte-Marie, jusqu’à demain midi.

Une sensibilisation jusqu’à demain

Pourquoi les enfants et les adolescents ? Nadine M’Tima s’emploie à leur expliquer qu’une personne déficiente visuelle ou auditive est un être à part entière. Il n’est ni un monstre et encore moins un être venu d’une autre planète. Il possède un cœur, éprouve des émotions. Comme les êtres dits normaux, ils ont une vie sentimentale, sociale, scolaire et professionnelle. Dans sa maison ou appartement, il se débrouille tout seul du ménage à la cuisson des repas. Il se rend sur le lieu de travail muni de sa canne blanche en toute autonomie. Il accomplit, et cela est à souligner d’un triple trait, des études brillantes. Comme de nombreux employés, il se rend à son travail en bus. Lors des vacances comme les autres, il se rend avec femmes et enfants à la plage ou loue un bungalow pour des instants d’évasion.

Le regard des autres !

Du jour au lendemain, explique Nadine M’Tima, une personne peut perdre partiellement ou totalement la vue. Elle cite le cas d’un expert-comptable. Il a été contraint de fermer son cabinet. Pendant une longue période, il s’est replié sur lui-même malgré le soutien familial et amical. Plus de contact avec l’extérieur ! Si un ami ou un parent lui téléphonait, il répondait. Mais ne comptait pas sur lui pour la démarche inverse. Par peur du regard des autres ! Cependant, suite à un bilan de compétence réalisé avec l’ANPE, un conseiller l’oriente vers Dassî. Avec Nadine M’Tima, ils élaborent des actions concrètes pour qu’il puisse retrouver confiance en lui et surtout regagner son autonomie. Ce pari, ils l’ont gagné. Sur le terrain, des repères ont été posés. Ils lui ont facilité ses déplacements vers les institutions. Aujourd’hui, il est redevenu autonome. Le moral est au beau fixe pour rouvrir son cabinet d’expert-comptable.

Mise en situation

Aux participants à l’atelier braille, elle transmet un message d’acceptation de l’un et de l’autre, et d’entraide. Car, remarque-t-elle bien souvent, les brimades visent les déficients visuels. Elles les touchent profondément. Mettez-vous un instant à leur place ! Il arrive bien souvent que des paroles mesquines produisent des résultats néfastes. Ça, peu de personnes s’en soucient ! Nadine M’Tima, par des jeux de rôles, met les participants dans la peau d’un déficient visuel. Elle leur propose de porter tour à tour 3 lunettes différentes. Chacune d’entre elles correspond à un degré de difficultés visuelles. Pour être à la place d’une personne qui a perdu totalement la vue. Il suffit de fermer ses yeux. Ensuite, il leur est proposé de reconnaître ou d’agencer des objets. Cette épreuve terminée, une autre les attend : l’utilisation de la Perkin’s. C’est la machine à écrire en l’alphabet braille avec seulement six touches. Trois semaines sont nécessaires avec un peu de travail personnel à la maîtrise de cette technique d’écriture.

Jusqu’à présent, je ne vous l’avais pas précisé, mais Nadine M’Tima est déficiente visuelle. Vous êtes étonnés chers lecteurs !

J.-F. N.


Quelques mots sur Nadine M’Tima

Oui Nadine M’Tima est déficiente visuelle ! Et alors ! Je n’éprouve aucune réticence à parler avec elle surtout qu’à une époque nous avons réalisé des projets ensemble. Et je peux vous assurer, elle accomplit un travail de qualité de retranscription et de formation. Elle traduit en braille des recettes, des romans, des contes et à la demande de la documentation pour concours. Oui car des déficients visuels se présentent à ces épreuves nationales !
Nadine M’Tima a suivi jusqu’à l’entrée en classe de sixième sa scolarité dans l’île puis dans un établissement scolaire spécialisée en métropole. De retour dans l’île, “Comme une lettre à la poste”, elle passe son baccalauréat comptabilité. Le soutien de ses parents et grands parents a été capital. Car sur les bancs de l’école, elle a été victime des pires brimades d’enfants. Plusieurs fois, elle est rentrée chez elle en pleurs. Mais en aucun cas, elle n’a baissé les bras. Elle a bâti sa vie de couple au côté d’un déficient visuel, Nicolas, artiste musicien, bien connu dans ce milieu pour sa jovialité et standardiste à la DAF Saint-Denis. Avec lui, elle a eu deux enfants dont le couple s’occupe avec la plus grande attention.


Le braille ?

Le Français Louis Braille a inventé un alphabet pour déficient visuel : le braille. Devenu aveugle suite à un accident, élève doué, il met au point cette technique d’écriture. Son usage est aujourd’hui devenu planétaire. Il publie en 1829 un ouvrage “Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux”. Il donne des éclairages sur cette écriture. 6 points en domino donnent 64 combinaisons de points. Ils correspondent aux lettres de l’alphabet, les voyelles accentuées, les chiffres, la ponctuation, la notation mathématique et la musicographie. Professeur à l’Institution royale des aveugles depuis 1826, ses élèves adoptent en “un clin d’œil” le braille.


Les maladies oculaires...

... sont : les corps flottants, le décollement de la rétine, le glaucome, le dégénérescence maculaire, la catarate, le diabète et la rétine, la rétinopathie pigmentaire, l’uvéite antérieure, la choroidite. Description de deux d’entre elles. La catarate : l’évolution progresse lentement. Elle provoque une baisse de vision de plus en plus gênante. « Au début, le sujet est gêné par une sensibilité anormale à la lumière (photophobie), surtout marquée sous forte lumière (éblouissement au soleil ou lors de la conduite de nuit) pouvant s’accompagner de larmoiement réflexe. Progressivement, la baisse de vision devient de plus en plus pénible et entrave les gestes les plus courants de la vie, ce qui entraîne l’indication d’une intervention chirurgicale ». Le diabète et la rétine : le diabète est l’une des causes les plus fréquentes de cécité. “La maladie diabétique entraîne l’apparition de lésions de la rétine que l’on regroupe sous le terme de "Rétinopathie diabétique". La complication - grave - du diabète cause une baisse progressive de la vision. « Elle survient le plus souvent après quelques années d’évolution du diabète ; la gravité n’est pas toujours proportionnelle à la gravité du diabète ».


Vue et écran d’ordinateur

Nous sommes des milliers, des millions à faire usage d’un ordinateur tous les jours. Toutefois, des observations prouvent qu’il ne faut pas rester trop longtemps devant un écran d’ordinateur. 30 % des "écranmaniaques" se plaignent de maux de tête, de fatigue, de troubles visuels. D’après l’Asnav (Association nationale pour l’amélioration de la vue), les écrans ne nous jettent pas d’ondes nocives, mais ils révèlent des troubles à la puissance 10.
Il est nécessaire de consulter le plus souvent possible un ophtalmologiste. Il vous apportera quelques conseils pour « adapter votre équipement car la moindre petite myopie qui ne pose aucun problème dans la vie quotidienne, peut devenir très gênante devant un écran. Le regard fixé sur l’écran, on cligne moins des yeux donc on sécrète moins de larmes. D’où la sensation de fatigue, de sécheresse oculaire ».
Quelles sont les précautions à prendre pour soigner ou protéger sa vue ? L’éclairage de la pièce et le positionnement de l’utilisateur par rapport à la fenêtre. La lumière du jour ne doit jamais éclairer l’écran car elle diminue la netteté des caractères et écrase le contraste de l’écran. Il est fortement déconseillé de placer l’écran dos à la fenêtre. Les différences de luminosité entre le poste de travail et la lumière extérieure risquent d’épuiser les muscles oculaires contraints continuellement d’adapter la vue aux deux sources lumineuses. Le placement du poste de travail doit être perpendiculaire à la fenêtre. La lumière du jour doit donc être, soit à gauche, soit à droite de l’écran.
Le choix de la bonne lumière. Une pièce idéalement éclairée est un espace dont la lumière ambiante est deux fois moins importante que la lumière nécessaire à la lecture d’un document sur papier. Il n’est cependant pas toujours facile d’avoir ce genre de lumière dans un bureau collectif, surtout quand il faut pouvoir lire des documents sur papier tout en travaillant sur ordinateur. Il faut se contenter de baisser dans les limites du possible la lumière ambiante et s’équiper d’une source de lumière personnelle et orientable pour éclairer les documents-papiers. Disposez les sources de lumière de façon à ce qu’elles ne se reflètent pas dans l’écran et qu’elles ne croisent pas directement le champ de vision, si nécessaire placez un filtre anti-reflets.
L’écran. Il doit être soit à la bonne hauteur (le haut du front doit se situer au niveau du haut de l’écran), soit à la bonne distance (50 à 70 cm), soit régulièrement dépoussiéré (écran éteint) et baisser le plus possible la luminosité.
Ultime conseil. Une pause toutes les heures de 15 minutes permet à vos yeux de se reposer. Par ailleurs, n’essayez de ne plus rien fixer de près ! Et si vous êtes souvent devant l’ordinateur, pensez à hydrater vos yeux avec des substituts lacrymaux régulièrement.

J.-F. N.


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