Les délégués de la Fédération Ports & Docks analysent la situation sociale

Beaucoup de leurres et de tromperies !

26 juillet 2007

Hier matin, les délégués de la Fédération CGTR Ports & Docks étaient en réunion avec Michel Séraphine et Danio Ricquebourg. Ils avaient invité Ivan Hoareau, Secrétaire de la Confédération, à participer à leurs débats, qui ont porté sur celles des décisions - ou velléités - gouvernementales susceptibles de porter atteinte aux droits des travailleurs. Les syndicalistes ont dénoncé des mesures antisociales, évoqué la nécessité de préparer la riposte et ont débattu aussi de la représentativité des syndicats.

Michel Séraphine est un dirigeant historique de la Fédération Ports et Docks, que dirige actuellement Danio Ricquebourg. Ils ont écouté les questions des délégués sur diverses questions d’actualité : le “bouclier fiscal”, le “service minimum“ interpellent les travailleurs. « Le président est un fin manœuvrier ; il arrive à faire passer des messages ; mais les travailleurs les plus pauvres doivent savoir qu’il y a, dans les effets d’annonce qu’on entend ici et là, des mesures qui vont à l’encontre des classes les plus pauvres », explique Michel Séraphine.
Par exemple, le bouclier fiscal : il va encore creuser l’écart entre les plus riches et les salariés pauvres. En faisant ce “cadeau” fiscal aux plus fortunés, le gouvernement se prive de moyens d’actions dans les domaines qui relèvent de sa compétence - l’emploi, le logement social, les services publics d’une façon générale -, et c’est encore une façon de pénaliser les familles modestes.
« Le bouclier fiscal est un leurre, une tromperie ! Quand on vous dit : “vous allez payer moins”..., c’est totalement faux », a poursuivi Michel Séraphine. « Dans le bouclier fiscal, il y a les trois impôts - sur le revenu, le foncier bâti et la taxe d’habitation -, et on vous dit : “vous ne paierez pas plus de 50% de vos revenus annuels”. Faites le calcul : personne aujourd’hui ne paie plus de 50% sur ces trois impôts. Mais il y en a un quatrième qui est inclus dedans, c’est l’I.S.F. Donc, le bouclier fiscal est fait pour ceux qui paient l’I.S.F (Impôt de Solidarité sur la Fortune). On sent bien que c’est fait pour les plus riches ! A La Réunion, 80% des ménages ne gagnent même pas assez pour payer l’impôt sur le revenu ».

Et le « Travaillez plus pour gagner plus », comment est-il perçu ?
« Là aussi, c’est une supercherie ! Le salarié n’a pas le choix de faire ou ne pas faire des heures supplémentaires. C’est l’employeur qui décide ! Aujourd’hui, il y a un quota d’heures supplémentaires de 120 h/mois. On a fait la moyenne : en France comme à La Réunion, c’est entre 55 et 60 heures par salarié et par an. Ce quota existe déjà ! Le gagnant sera encore l’employeur, par les exonérations des charges, exonération fiscale... On essaie de faire miroiter aux salariés qu’ils ne paieront pas de cotisations sociales sur ces heures supplémentaires ; mais à la longue, puisque que l’économie est faite sur le salaire différé, si on ne paie pas de cotisations sociales, le salarié va peut-être travailler beaucoup plus aujourd’hui, pour être payé moins demain, quand il sera à la retraite ! ».
Quant au service minimum, les syndicalistes voient dans les effets d’annonce dont il est l’objet une remise en cause du droit de grève. « Cela fait des années que les gouvernements - de droite ou de gauche - essaient d’instaurer ce service minimum. Il y a toujours eu la réaction des syndicats. Aujourd’hui, le gouvernement veut ressortir cette question ; il faut être prêt à riposter ».


Questions à Ivan Hoareau, Secrétaire confédéral de la CGTR

Le gouvernement cherche à sonder nos capacités de résistance

Le gouvernement a parlé d’introduire le débat sur le service minimum, d’abord dans les transports, puis dans l’enseignement. Pensez-vous que la question va être étendue à d’autres secteurs d’activités. Comment analysez-vous la situation ?

Je pense que la philosophie de Sarkozy et de sa politique gouvernementale est véritablement d’étendre le service minimum. Le droit de grève est un sujet de débats et de luttes depuis qu’il existe. Le patronat n’a jamais accepté le droit de grève, même si nous sommes au 21ème siècle, dans une société dite “policée”. Donc, c’est un élément de confrontation extrêmement important, et il est évident que le néo-libéralisme de Sarkozy le pousse à une conception très extensive du service minimum. Je rappelle que quand il était candidat, on parlait des Universités, des administrations et des services publics en général.

Est-ce que cela ne veut pas dire aussi qu’il faudrait réfléchir à changer les formes de grèves ?

Certainement qu’il faudra revoir un peu les formes de grève... mais je crois que, déjà sur la grève, il existe les deux dispositions d’intention de grève 48 heures avant, et au bout de 8 jours, il y a la nécessité d’avoir un vote. Ce sont deux dispositions qui visent à contraindre le droit de grève et à faire qu’il n’existe plus. Alors, l’extension du service minimum, si elle réussit, sera un nouveau coup porté aux organisations syndicales dans leur ensemble.
Cela pose la question de la riposte ; d’autres parleront de résistance ou de lutte du mouvement syndical, dans le mouvement social... avec la capacité de réaction des forces politiques, qui paraît un peu amenuisée en ce moment.

Qu’est-ce qui vous paraît le plus dangereux pour le mouvement syndical ?

Ce sont toutes les attaques qui vont venir : travailler plus pour gagner plus, le bouclier fiscal... Et à mon avis, le plus dangereux est le rendez-vous de 2008 sur les retraites. Je crois qu’on est en train de préparer un appauvrissement des retraités en France. C’est une réalité, puisqu’il faut s’attendre à une baisse du taux de remplacement de 30% - a minima. A La Réunion, avec 50% de nos vieux au minimum vieillesse, la situation sera d’autant plus aggravée.

Propos recueillis par P. David


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