Rentrée scolaire et manque de personnels

Besoin urgent et massif de postes et forte précarité : deux spécificités de La Réunion

22 août 2007, par Manuel Marchal

La FSU, l’UNSA et le SGPEN-CGTR affirment que les moyens sont en baisse et que de nombreux problèmes restent en suspens. Si des avancées ont été obtenues dans l’intégration des précaires, elles doivent être approfondies dans plusieurs domaines pour que le service public d’éducation puisse créer davantage d’emplois à La Réunion. C’est une réponse à l’exigence de qualité nécessaire à la réussite scolaire de notre jeunesse.

Dès la rentrée, les premiers problèmes se posent. La FSU, l’UNSA et le SGPEN-CGTR ont donné leur analyse à chaud sur cette question.
Des annonces du Rectorat à la réalité, il y a une grande différence que les organisations syndicales s’attachent à dénoncer. La principale inquiétude est le manque de moyens. Or, ce sont ces moyens qui permettent de donner aux jeunes Réunionnais la possibilité de réussir et par la suite de pouvoir espérer obtenir un emploi. Mais à ce jour, force est de constater que l’Académie de La Réunion arrive toujours en tête en termes de précarité des personnels, rappelle Christian Picard, Secrétaire académique de la FSU : « 1.200 personnels précaires dans le second degré, sans eux, les collèges et les lycées ne peuvent pas fonctionner ».

Pas assez de postes

Le manque de moyens est aussi le principal grief formulé par Jean-François Rialhe, Secrétaire de l’UNSA-Éducation. « Ce manque de moyens favorise le recours à l’emploi précaire. Or, ces emplois sont plus une voie de garage qu’autre chose ». L’UNSA fait part également de fortes inquiétudes quant à l’annonce de suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires au niveau national. Pour Jean-François Rialhe, cela aura des conséquences à La Réunion. Ce phénomène est déjà visible dans notre île à travers la baisse annuelle de 20% des postes mis au concours de professeurs des écoles.
« L’Académie de La Réunion est une Académie jeune, c’est une Académie fragile », et pour cette rentrée, il sera demandé aux enseignants de faire davantage avec moins de moyens, ajoute Jean-François Rialhe.
Ce déficit se répercute à tous les niveaux. « Aucune création de poste dans l’enseignement supérieur, alors que les effectifs augmentent, coupes dans les postes administratifs du second degré et manque d’encadrement dans le premier degré », tel est le tableau dressé par Christian Picard. Quant à Patrick Corré, Secrétaire général du SGPEN-CGTR, il rappelle qu’en termes de TOS, l’Académie est déficitaire de 500 postes.
Tout ceci obéit à une logique libérale, estime Jean-François Rialhe. « C’est un système très marchand qui se met en place dans l’Éducation nationale, et nous sommes inquiets de la nouvelle vision que l’on veut offrir du service public d’éducation ».
Conséquence du manque de moyens : le recours à l’emploi précaire plutôt que la création de postes de fonctionnaires. Le fort taux de précaires dans l’Éducation nationale est le résultat de cette politique menée par les gouvernements qui se sont succédé. Avec la croissance importante des effectifs scolaires, c’est une autre spécificité du service public d’éducation à La Réunion.

La question de la précarité

Cette précarité touche en particulier les TOS et les personnels administratifs. Patrick Corré déplore que rien ne soit prévu pour faciliter l’intégration des travailleurs en contrat de droit privé. Constat partagé par Christian Picard qui relève la présence cette année de 700 enseignants contractuels. « Où en est le plan de titularisation ? », demande-t-il.
FSU et SGPEN-CGTR relèvent malgré tout des avancées. Elles concernent l’intégration de personnels précaires TOS.
Patrick Corré souligne que « l’État a légué une situation catastrophique aux collectivités et ne fait rien pour régler la question ». Cette question, c’est la « situation particulière qui existe au sein des collèges et des lycées où travaillent beaucoup de personnes en contrat de droit privé ».
Le SGPEN prend acte de la dotation exceptionnelle de 138 postes accordée cette année par l’État, mais estime que ce dernier ne doit pas considérer cela comme « solde de tout compte ». « L’État doit comprendre que la question du rattrapage reste toujours d’actualité, et il doit s’inspirer des efforts que font les collectivités locales pour intégrer des travailleurs précaires », poursuit-il.
Une question qui doit être réglée dans la transparence la plus totale, conclut le SGPEN-CGTR, afin d’éviter d’attiser les sentiments de frustration.
Alors que la population scolaire continue de croître, les moyens ne suivent pas. Cela rend plus difficile l’accès des jeunes Réunionnais à des compétences pouvant leur permettre d’avoir plus facilement droit à un travail.

Manuel Marchal


Sous-encadrement, recul du créole, vétusté de nombreuses écoles

Des problèmes dès le primaire

Le secrétaire académique de la FSU se désole de la dégradation des conditions de travail des personnels dans les écoles primaires en particulier. « On manque de moyens pour suivre les élèves en difficulté en maternelle et au CP. Le jeune n’arrive plus à suivre, il va garder des lacunes importantes et entrera au collège sans savoir lire ». Ce manque de moyens porte une lourde responsabilité dans l’échec scolaire, l’illettrisme et la difficulté de beaucoup de jeunes à obtenir une qualification. « Combien de mineurs restent sur le carreau à la rentrée et ne peuvent pas être scolarisés. Leur avenir est fortement compromis », constate Christian Picard.
« Le discours sur la langue créole ne correspond pas à la réalité », poursuit-il. L’enseignement de la langue maternelle des Réunionnais recule, et rien n’est fait par l’administration pour lutter contre les conséquences de « la politique de diabolisation de la langue créole ». Le résultat de la campagne de dénigrement du créole entreprise pendant des décennies par les autorités est là, poussant peu à peu vers la sortie de l’école le créole, alors qu’au contraire, des efforts doivent être impulsés par le Rectorat pour donner à la langue créole sa juste place au sein du service public d’éducation.
Autre problème : celui de la vétusté des écoles où « les préfabriqués fleurissent et empiètent sur l’espace de récréation des enfants ». La question de la décentralisation de la compétence du bâti, de l’équipement scolaire et de la gestion de personnels TOS du primaire vers les communes est aussi en question. Les moyens dégagés par les collectivités locales sont inégaux et se répercutent notamment sur les achats de livres et la qualité des bâtiments. Les élèves n’ont donc pas tous les mêmes conditions de travail, et cette inégalité se ressent à l’entrée au collège. Ceux qui vivent dans une ville où la majorité municipale ne consacre pas suffisamment de moyens aux affaires scolaires paient donc les conséquences de cette politique.
Pour remédier à cette situation, la FSU propose plus de concertation entre les communes, les établissements scolaires et le Rectorat.


1.000 emplois en danger dès maintenant

Le SGPEN-CGTR et la FSU mettent l’accent sur une question brûlante : 1.000 personnes en contrat précaire ne savent pas si elles auront droit à un emploi après le 31 décembre. L’échéance se rapproche, et force est de constater que cet événement se répète. L’an dernier, face à pareille situation, la mobilisation des organisations syndicales avait permis de déboucher sur une solution.
Les organisations syndicales appellent à anticiper, pour que ces travailleurs voient leur contrat renouvelé bien avant l’échéance et ne vivent pas dans l’angoisse d’être privés d’emploi après de nombreuses années de bons et loyaux services.


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Messages

  • les syndicats peuvent ils dès lors fustiger l’importation de professionnels de l’éducation depuis la Métropole...? ou se positionner clairement pour une augmentation des embauches locales dès que les postes supplémentaires nécessaires seront créés ? la solution d’une grêve reconductible le premier jour ouvré de chaque mois tant que la situation ne changera pas, semble être nécessaire, avec manifestation dominicale tous les dimanche devant la Préf (plus agréable que le rectorat) pour aider au changement, en mobilisant les parents d’élèves !

    qu’en pensez vous ? seule l’action engende des résultats, dixit N. Sarkozy


Témoignages - 80e année


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