Suppression des subventions à l’exportation des poulets congelés

Bretagne : la tension demeure

6 novembre 2013

La grille de la Sous-préfecture de Morlaix, dans le Finistère, a été défoncée lundi 4 novembre par les salariés de l’entreprise agroalimentaire Tilly-Sabco, second exportateur de poulets français, menacés de licenciement.

En réponse, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est engagé à soutenir le dossier de l’entreprise auprès de Bruxelles. La contestation a débuté lorsque la Commission européenne a décidé de supprimer les aides à l’exportation pour les poulets congelés. Une situation entrainant la faillite de Tilly-Sabco.

Suppression des aides à l’exportation

Au lendemain de la manifestation pour l’emploi et contre l’écotaxe, les habitants de la région restent mobilisés contre le gouvernement. En dépit des mains tendues par le gouvernement pour apaiser la tension, des salariés de Tilly-Sabco ont souhaité se faire entendre suite à la suspension, à partir du 4 janvier, de la production de poulets pour l’export. Cette activité représente 90% du chiffre d’affaires de l’entreprise qui emploie près de 340 personnes.

Pour Daniel Sauvaget, PDG de Tilly-Sabco, sans les subventions, la société ne peut pas concurrencer les sociétés extra-européens, notamment les producteurs de poulets brésiliens. Raison de l’annonce possible de la suppression de 1.000 emplois.

Cependant, pour l’Europe, cette suppression ne suscite aucune protestation dans les pays de l’Union européenne, sauf en France. Le pays bénéficiait des aides européennes à hauteur de 93,7% du budget européen, de 55 millions d’euros durant la période 2012-2013. La Commission a indiqué que la suppression des aides à l’exportation se justifie par la baisse des cours des aliments pour les volailles et les bonnes perspectives d’exportation vers les pays extérieurs à l’UE.

De son côté, à l’annonce le 18 juillet de cette suppression, le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a déploré une « décision brutale » qui « fragilise la dynamique de restructuration engagée par les opérateurs depuis plusieurs mois ». Le gouvernement français a, par la suite, demandé à Bruxelles de revenir sur sa position, de manière temporaire, afin de trouver une solution à la crise de l’élevage en Bretagne. Une crise qui s’apparente à celle de la canne à sucre à La Réunion, mais ne bénéficiant pas des mêmes attentions.

Urgence de la situation

Les dirigeants des entreprises DOUX et Tilly-Sabco sollicitent le gouvernement français afin qu’il prenne « des mesures d’urgence permettant le maintien du système des restitutions, le temps que les différents acteurs du marché puissent adapter leurs structures ». Faute de prise de position, salariés et patron se sont mobilisés le 4 novembre. Ces derniers ont détruit les grilles de la Sous-préfecture de Morlaix.

Jean-Pierre Garion, cadre de Tilly-Sabco, a assuré à la presse avoir donné l’ordre de mener cette action pour « montrer qu’on est déterminés ». « Ça fait neuf mois qu’on fait des délégations, ça ne sert à rien, on nous mène en bateau. On nous prend pour des guignols », a-t-il déclaré devant les médias. Très remontés, ces derniers ont décidé de rester sur place jusqu’à ce qu’ils soient reçus par Stéphane Le Foll. A la sortie de la réunion avec le sous-préfet, Philippe Loos, le PDG de Tilly-Sabco a dénoncé le gouvernement : « Le message que j’ai fait passer, c’est qu’il y a un seul responsable, le ministre de l’Agriculture, Le Foll. Son unique responsabilité, c’est d’obtenir que l’Europe remette en place les aides à l’exportation, sans quoi nous sommes morts. Il porte la responsabilité du devenir de nos emplois ».

Le blocage de la Sous-préfecture a été levé après l’annonce du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui s’est engagé à soutenir le dossier de l’entreprise auprès de Bruxelles. « Le ministre s’est engagé par écrit à demander un rendez-vous cette semaine avec le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, auquel il participera avec les représentants de la filière, pour défendre les restitutions européennes », a expliqué Daniel Sauvaget, PDG de Tilly-Sabco.

Céline Tabou

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