Vive mobilisation à la suite de l’ultimatum de la FRBTP

BTP : extension possible de la grève à d’autres secteurs économiques

13 avril 2016, par Manuel Marchal

Face à l’intransigeance patronale dans le BTP, les travailleurs ont dû amplifier leur mobilisation hier ce qui a entraîné la réaction de patrons d’autres secteurs et du maire du Port. Ce 4e jour de grève a été marqué par des actions au Port, et en fin de journée par une rencontre entre patrons et syndicats à la préfecture. Les grévistes ont reçu de nouveaux soutiens, dont celui du PCR. Ce matin se tient une assemblée générale des dockers. Le mouvement social pourrait bien s’étendre à d’autres secteurs du BTP.

Le BTP entre aujourd’hui dans son 5e jour de grève générale.

Hier, au 4e jour de grève dans le BTP, la tension est montée à la suite de l’ultimatum du patronat. Les travailleurs demandent une hausse des salaires de 3 % pour 2016. Au début des discussions, le patronat refusait toute augmentation. La mobilisation a amené la FRBTP à ne plus rester sur sa position de gel des salaires, tout en restant bien loin des attentes des travailleurs. Lundi, la FRBTP a en effet affirmé qu’elle proposait 0,8 % d’augmentation, à prendre ou à laisser. Cette offre tenait jusqu’à hier midi. Si les syndicats ne l’acceptaient pas, alors la FRBTP appliquerait unilatéralement une augmentation de 0,4 %. À l’annonce de cette proposition, les syndicats ont quitté les négociations lundi soir.

Montée de la tension

À la suite d’une assemblée générale tenue hier matin devant la GTOI au Port, les travailleurs ont décidé d’amplifier le mouvement pour que les représentants patronaux reviennent à la table des discussions avec de meilleures intentions. Ils ont donc mis en place des barrages filtrants aux entrées de la commune du Port. Leur objectif est de viser les centres névralgiques du BTP tenus par les grandes entreprises de ce secteur. Cela a entraîné d’importants embouteillages dans l’Ouest et sur la route du littoral.

Dans le même temps, des jeunes sont entrés en action. Ils ont établi un barrage filtrant au rond-point de la rivière des Galets au Port. Peu après cette initiative de jeunes Portois, le maire de la commune a publié un communiqué pour interpeller le préfet. Il lui demande d’intervenir pour faire d’abord faire cesser ce qu’il appelle un « trouble à l’ordre public », puis dans un second temps pour favoriser une issue au conflit.

La FNTR exige que la grève cesse et menace. Le MEDEF veut aussi que l’État agisse pour contrer les manifestations.

Dans l’après-midi, les différents barrages ont été levés par les travailleurs et les jeunes. En début de soirée, les représentants des travailleurs et du patronat se sont rencontré à la préfecture. Pour le moment, la grève continue.

Nouveaux soutiens pour les grévistes

Les travailleurs du BTP ont d’ailleurs reçu hier plusieurs messages de solidarité.

La FSU souligne que « le blocage des routes est certes très problématique pour les automobilistes mais il faut comprendre qu’après plusieurs journées de négociations infructueuses, les grévistes du BTP se retrouvent acculés par l’intransigeance et le cynisme patronal ». Le syndicat met l’accent sur les profits des grands groupes qui sont injustement partagés, « c’est pourquoi la FSU Réunion apporte son soutien aux grévistes du BTP et demande au patronat de satisfaire leurs revendications ».

Pour sa part, la CGTR Ports et Docks « apporte sont soutien aux Travailleurs du BTP en lutte pour les NAO 2016 ». « Comment expliquer aujourd’hui, que des multinationales, gavées par les marchés publics pour le développement de notre département (NRL, agrandissement Port Est……) et qui profitent sans vergogne des aides fiscales (CICE, défiscalisation……) soient les donneurs d’ordre qui étranglent les petites entreprises réunionnaises, favorisant du coup la précarité et le travail au noir », écrit le syndicat qui annonce la tenue aujourd’hui d’une assemblée générale extraordinaire à laquelle sont conviés les travailleurs du BTP en grève.

Le PCR est le seul parti à être solidaire des travailleurs en lutte. Dans un communiqué diffusé hier, il rappelle que les 3 % d’augmentation revendiqués par les travailleurs sont « une bouffée d’oxygène pour des milliers de Réunionnais confrontés à la vie chère ». Cette hausse peut être supportée par les bénéfices des majors du BTP, souligne le PCR. Au lieu de quitter l’île, ces profits peuvent aider les petites entreprises à augmenter les salaires, dit en substance le Parti communiste réunionnais, rappelant que c’était l’esprit de la proposition présentée en 2009, lors du mouvement du COSPAR, par l’intersyndicale pour augmenter de manière pérenne les salaires.

« Le PCR réaffirme sa solidarité avec les forces vives en mouvement, aussi bien contre la loi El-Khomri que contre l’intransigeance patronale. Il appelle également à écouter les jeunes qui ont manifesté aujourd’hui au rond-point de la rivière des Galets au Port », poursuit le communiqué. En conclusion, les communistes affirment l’urgence du dialogue et appellent « à la recherche d’une solution guidée par le principe de la solidarité ».

L’assemblée générale des dockers ce matin pourrait décider d’une extension du mouvement social à d’autres secteurs que le BTP.

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