Le Comité de l’Appel de l’Ermitage à Saint-Denis

« C’est à nous de nous lever »

21 septembre 2013

Le Comité de l’Appel de l’Ermitage a créé une nouvelle structure à Saint-Denis, vendredi 20 septembre, afin d’informer et de former la population dionysienne de la gravité de la situation des pauvres à La Réunion.

Gilmée Vochré, la maire des pauvres, Raïssa Noël (Comité de l’Appel de l’Ermitage) et Cécile Gardenat, responsable du Comité de l’Appel de l’Ermitage à Saint-Denis.

Dans le cadre de l’Appel lancé le 18 décembre 2012 à l’Ermitage, Raïssa Noël ; porte-parole du comité, accompagnée de Gilmée Vochré, maire des pauvres de Saint Paul, a expliqué les raisons de la création du Comité régional de l’Appel de l’Ermitage. Cette dernière a pointé du doigt le désintérêt des politiques vis-à-vis de la pauvreté, qui touche plus de 420.000 Réunionnais.

Des revendications pour et par les pauvres

Pour Alain Gravina, hôte de ce comité de Saint Denis, «  la pauvreté touche tous les quartiers et les villes de La Réunion  », et notamment Saint-Denis, qui compte plus de 145.200 habitants, dont 26,5% de chômage. Raïssa Noël a par la suite expliqué que le Comité de l’Appel de l’Ermitage appelle « les pauvres à prendre toute leur place dans la politique, à ne laisser personne parler et agir à leur place ou en leur nom, et surtout pas les hommes et femmes politiques riches, qui ne se sont jamais souciés d’éradiquer la pauvreté ». Cette dernière a rappelé les revendications du Comité de l’Appel de l’Ermitage :

- procurer un « reste à vivre » supérieur à 10 euros par jour à chaque Réunionnais, soit 300 euros mensuels, nets de charges ;

- effacer la dette des plus pauvres ;

- proposer à chacun un logement adapté, digne et décent ;

- supprimer la loi qui oblige les enfants à rembourser l’allocation vieillesse des parents ;

- assurer à chacun une activité de proximité qui leur permettra d’avoir une retraite décente ;

sortir de la pauvreté par le développement des Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Ainsi sur les délibérations adoptées lors du premier Conseil Municipal des Pauvres, à l’Espace Citoyen de Saint-Paul, le jour du 4 août, « date symbolique de l’abolition des privilèges à La Révolution Française », a indiqué la jeune femme. « Des pauvres ont voté de vraies résolutions pour les pauvres », des résolutions « que les collectivités locales peuvent reprendre », notamment :

- l’abolition de l’extrême pauvreté à La Réunion, avant 2015 ;

- l’abolition des privilèges financiers des élus ;

- la représentativité sociale des pauvres sur les listes électorales ;

- la création d’un Centre Communal d’Activités Génératrices de Revenus ;

- l’accueil des services publics en créole ;

Une situation « hors norme » à La Réunion

Raïssa Noël est revenue sur les dernières données de l’Insee, qui qualifie la situation économique et sociale de La Réunion comme « hors norme ». « Une situation due à notre histoire et aux décisions politiques prises par le passé », notamment l’abolition de l’esclavage en 1848. Période durant laquelle, les propriétaires avaient obtenu de l’État une compensation pour la libération de leurs esclaves. « Les esclaves, eux, n’ont rien eu », a noté la jeune femme. Cette dernière est également revenue sur la loi du 19 mars 1946, devant mettre en place l’égalité sociale, « mais il aura fallu 50 ans de lutte pour qu’à La Réunion, on ait l’égalité sociale », s’est-elle indignée.

Toutes ces raisons motivent l’appel lancé pour abolir l’extrême pauvreté, notamment parce qu’à La Réunion, « plus de la moitié de notre population vit sous le seuil de pauvreté ; plus de 165.000 Réunionnais sont au chômage ; plus de 132.000 personnes souffrent d’illettrisme ; plus de 25.000 demandes de logements sont sans solutions ». Cette dernière s’est également indignée des conditions de vie dans lesquelles vivent des milliers de Réunionnais : « Beaucoup vivent avec moins de 5 euros par jour. Nous ne pouvons fermer les yeux sur ces constats. C’est le sens de l’Appel de l’Ermitage pour l’abolition de l’extrême pauvreté, avant 2015. C’est à nous de nous lever, aujourd’hui ».



Éric Saminadin : « On doit être des combattants »

• « On doit être des combattants contre la pauvreté, car cette situation est inadmissible. Il faut retracer les étapes qui nous ont amené à cette situation. Nous devons mener un combat ferme, comme l’a fait Madame Vochrée. Parce que grâce à son action et le fait qu’elle n’a pas baissé les bras, elle a pu mener le combat face aux administrations. On doit aussi mener le combat dans les administrations pour être écoutés. On doit se battre contre le système, mais pour cela il faut que l’on sache d’où l’on sort. La loi doit être la même pour tous, car tout le monde n’a pas le même pouvoir d’achat, ou les mêmes droits. On est capable de changer notre destin, on peut agir ».


M. Maillot : « On nous met plus bas que terre »

• « Je suis Rmiste, je touche à peine 400 euros par moi, ma femme ne travaille pas, on a deux enfants. On n’est pas écouté du tout. Nous les Rmistes, on est écrasé plus bas que terre. Que ce soit nous ou les personnes âgées, personne n’écoute, on n’y parvient pas. Vouloir se faire écouter est une chose, mais encore faut-il que les gens en face soient réceptifs et comprennent nos besoins. On a besoin de travailler. Quand j’arrive devant un chef d’entreprise et que je dis, j’ai besoin d’un emploi, c’est un non catégorique, ou sinon c’est un contrat de deux ou trois mois, ça dépanne, mais les CDI c’est impossible. Il y a du travail à La Réunion et il y a des travailleurs qui attendent. Quand la rage monte, on se dit qu’il faut vraiment que les gens arrêtent de nous prendre pour des imbéciles. La loi est faite pour enterrer les plus petits ».



Balou : « Il y a des travailleurs qui sont concernés par la pauvreté »

• « Il existe des travailleurs pauvres à La Réunion. On dit qu’il y a 425.000 pauvres, mais si on compte tous les Smicards, le chiffre doit être plus important. Il y a des travailleurs qui sont concernés par la pauvreté, avec le coût de la vie, les impôts, les factures, il n’y a plus rien. Pareil pour les retraités. La pauvreté ne date pas d’aujourd’hui, nos députés pourraient déposer un amendement et faire quelque chose, mais rien n’est fait. Aujourd’hui, on soulève la question, mais elle ne date de 2013, c’est juste que le problème s’est intensifié. »


Cécile Gardena : « Il est important de se mettre tous ensemble »

• « Je vous remercie, j’ai accepté d’être la responsable du Comité de Saint-Denis, parce qu’il est important de faire quelque chose. La situation est trop grave pour laisser les gens dans des conditions extrêmement graves. On est réuni ce soir pour commencer le travail, pour moi, le plus important est de se mettre ensemble pour travailler. C’est ensemble que l’on pourra avancer et changer les choses. Il faut se réunir parce que tous ensemble, on est plus fort, que seul dans son coin. On vit dans des conditions difficiles et extrêmement dures, depuis des années, il faut que cela cesse. Il faut aussi que les gens arrêtent de souffrir en silence et se rassembler pour s’entre-aider et changer les choses. On va aller chercher, les gens pour porter la voix des plus pauvres ».

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