L’accès aux soins pour tous : les actions de l’ASDR

’C’est la vie’

6 octobre 2006

En France, la loi du 9 juin 1999 vise à garantir l’accès aux soins palliatifs pour tous, quels que soit leur maladie, leur âge, leur lieu d’habitation, leur condition sociale. On constate pourtant au quotidien, malgré des progrès importants, que ce droit est loin d’être respecté : inégale répartition des structures de soins palliatifs selon les régions, difficultés d’accès aux soins des plus démunis, insuffisante prise en charges des personnes âgées.

Le 7 octobre aura lieu la 2ème Journée mondiale des soins palliatifs et l’ASDR a tenu à marquer cette date en faisant partie des 25 départements français qui organisent des manifestations pour informer le public sur les structures et les possibilités d’hospitalisation à domicile dans notre département.
L’Association de Soins à Domiciles Réunion (ASDR) a rencontré la presse pour mettre en avant les actions qui seront menées tout au long de cette journée.
Ségolèn Bernard, Directrice, les docteurs Olivier Collard et Gilbert Potier, Médecins coordinateurs, Yvette Corvez, Infirmière coordinatrice, sont revenus sur l’importance du maintien des personnes en fin de vie dans leur univers familial. Dans notre île, contrairement à la France métropolitaine, 47% des habitants finissent leur vie à domicile alors que dans l’hexagone, 25% seulement des décès surviennent à la maison. Samedi, à l’ancien Hôtel de ville de Saint Denis, l’ASDR proposera de renseigner le public sur le droit à mourir chez soi dans les meilleures conditions.
Le programme de la journée débutera à 10 heurs par l’ouverture de stands d’informations. À 15 heures, un film sera projeté. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, dans ce genre de journée, l’association a choisi une fiction pour précéder et lancer le débat sur la fin de vie et les soins palliatifs, car comme l’a précisé le Docteur Collard, "on souhaite que le public comprenne que les soins palliatifs, c’est aussi un moment de vie". Alors, c’est le film "C’est la vie" de Jean Pierre Ameris, avec Sandrine Bonnaire et Jacques Dutronc, qui a été choisi comme fil rouge de cette manifestation.
Ce film raconte l’histoire de Dimitri, 49 ans, un homme très malade, qui rejoint "La Maison", où sont accueillies des personnes pour qui la médecine ne peut plus rien. Il y fait la rencontre de Suzanne, une bénévole qui se consacre à l’accompagnement des gens en fin de vie. Dimitri, qui n’attendait plus rien, va vivre dans cette maison quelque chose de formidable. Le temps d’un accompagnement, Suzanne et lui vont s’aimer et s’entraider.

Les poubelles de notre âme...

Ce film est tout à fait approprié pour cette journée mondiale. Personne ou presque ne les connaît et pourtant, comme le disent pudiquement les membres de cette association, les bénévoles chargés d’accompagner un mourant sont des poubelles dans lesquelles ce dernier déverse tout ce qu’il ne peut pas dire à ses proches. Cela peut sembler choquant, et pourtant au moment où le souffle s’éteint, ils sont bien souvent là pour justement recevoir tout ce qui peut nous aider à mourir dans la paix et la dignité. Tout au long de l’année, bien des journées sont organisées, telles que celle de la femme, de l’environnement etc... Mais celle-ci a une résonance particulière tant il est vrai qu’il est difficile d’aborder le sujet. Une fois par an est-ce suffisant pour dialoguer sur la fin de vie, surtout lorsque celle-ci se vit dans la douleur ? Certainement pas, tout comme ce modeste compte-rendu ne peut vous retranscrire l’extraordinaire travail qu’effectue cette équipe.
Ces bénévoles qui sont là au dernier moment sont, il est vrai, pas assez nombreux, mais surtout pas assez encadrés par des psychothérapeutes. En effet, selon les intervenants à ce point de presse, après avoir reçu toute cette souffrance, il est nécessaire que les bénévoles eux aussi aient droit à une écoute, et peut-être, est-ce à cause de ce manque que bon nombre de personnes formées ne poursuivent pas dans cette démarche difficile. Ces hommes et ces femmes sont de plein-pied dans la réalité du malade, ils s’intègrent au vécu du patient et font le relais avec la famille. Si l’on peut oser cette comparaison, ils sont en quelque sorte les "confesseurs des derniers instants".

Mourir est un acte de vie

Bien souvent, le sujet de l’euthanasie refait surface juste pour un instant, le temps de garnir un Journal Télévisé ou une page de quotidien, alors on se tait, l’esprit se fige. Pas touche ! Le sujet est sensible dit-on, hors de question de disserter sur l’une des deux phases essentielles de la vie, le moment où tout s’arrête, où il faut, croyant ou pas, se dire que rien ni personne ne peut freiner le temps qui passe. Souvent l’on souhaite que cela passe vite, on souhaite dormir pour ne jamais se réveiller. Mais il y a la maladie qui rode, tout le monde ne meurt pas d’un coup sec comme cela. Certains s’accrochent à la vie malgré la souffrance, d’autres souhaitent que cela cesse vite. Voilà pourquoi, il faut, en cette journée du 7 octobre, se tourner vers ces passeurs de vie. C’est tout le sens de cette manifestation.
Autour du patient, ce ne sont pas moins de 20 personnes qui interviennent dans l’hospitalisation à domicile.

Les soins palliatifs

Dans notre île où beaucoup de monde meurt dans son lit, l’ASDR est le lien entre le personnel médical et la famille, mais elle est aussi le centre nerveux d’une organisation qui met au service de tous un dispositif permettant de recevoir chez soi tous les soins et cela sans discrimination. L’ASDR, depuis maintenant 15 ans, s’occupe de la mise en place des structures nécessaires. Cette association dispose de 30 lits médicalisés, sur une année, elle s’occupe de 176 patients pour 11.000 jours d’hospitalisation à domicile. Tous les secteurs de notre île peuvent recevoir l’aide à cette hospitalisation à domicile, excepté Mafate pour des raisons évidentes de sécurité. Le but de cette journée est avant tout d’expliquer à la population que personne désormais ne peut finir ses jours sans assistance ni réconfort et qu’il est absolument interdit de laisser mourir dans la douleur alors que nous disposons des thérapies nécessaires pour soulager. L’ADSR veut que soit consacrée la loi Kouchner sur le droit aux soins palliatifs pour tous.

Une journée de vie

Pour terminer, les participants à ce grand rendez-vous veulent que cette journée ne soit pas vécue dans la tristesse, ce n’est pas le but, car pour eux, c’est la vie qui compte et qui s’égrène naturellement. Pour tous ces bénévoles, le passage ne doit pas se faire en solitaire, mais dans un accompagnement. Avec le moins de fausses notes possibles et bien loin des clichés, ils participent à la grande aventure de la vie. C’est sans doute pour cela que cette journée se terminera à 19 heures par un concert et un cocktail.


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Messages

  • Bonjour à toute la Réunion !!

    Je suis Réunionnaise et je travaille depuis plus de 4 ans dans une unité de soins palliatifs en tant qu’aide soignante.
    Je poursuis ma carrière et actuellement je suis en 2ème année en soins infirmiers. Je me suis formée pendant tout ce temps, DU, Congrès... pour travailler auprès des personnes en fin de vie. je continu à militer pour faire passer le message que : "tout reste à faire quand il n’y a plus rien à faire". Il est vrai que l’accès aux soins palliatifs est un véritable problème même en métropole. C’est pour cela que la journée mondiale de Soins palliatifs est importante, alors faite vous entendre depuis l’océan Indien...
    Il me tarde de vous rejoindre.

    Dossier à consulter sur l’unité où je travaillais : France 24 titre : Une mort plus humaine

    Sylvie

    Voir en ligne : Soins palliatifs : Une mort plus humaine

    • bonjour,

      je viens d’obtenir mon diplôme d’aide-soignante suivi d’une courte expérience en HAD

      j’ai 43 ans, licence de psychologie, et je souhaiterais me former aux soins palliatifs.
      j’aimerais savoir si le DU SP est ouvert également aux AS ?
      merci

      dominique

    • Bonjour !!

      C’est Sylvie, je suis en deuxième année d’école en Soins Infirmiers, j’ai passé mon diplôme Universitaire en Soins palliatifs et d’accompagnement en tant qu’aide soignante. Peu d’aide soignant (e) ose le faire, et pourtant c’est une formation très complète dans ce domaine et très riche. A bientôt !!
      Sylvie


Témoignages - 80e année


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