Produits solidaires

Carrefour n’aime pas les images

13 mars 2012

Hier lundi 12 mars 2012, Imaz Press Réunion s’est rendu à Carrefour dans le but d’avoir des images des étiquettes ’solidaires’, qui indiquent au public quels produits sont concernés par des baisses de 7 à 40%. Mais notre photographe a été stoppé net par un vigile alors qu’il commençait à faire son travail. En cause : l’interdiction du magasin de prendre des images à l’intérieur du magasin. Nous avons voulu joindre la direction pour savoir quel texte réglementait cette interdiction. Amaury de Lavigne, le directeur, nous a répondu qu’il s’agissait d’une « attitude constante ». « Notre magasin n’a rien à cacher, mais nous avons mis en place une politique où la prise d’images est interdite pour le respect des personnes qui sont à l’intérieur », explique-t-il.

L’ARCP (Alliance des Réunionnais contre la pauvreté) l’avait annoncé. Une dizaine de membres de l’association s’est rendue à Carrefour hier lundi 12 mars 2012 en début d’après-midi pour vérifier si la baisse des 60 produits "solidaires" était effective, et si les accords COSPAR étaient bien respectés. Jean-Hugues Ratenon, avait invité les médias à l’accompagner, mais photographes de presse et journalistes reporters d’image ont été recalés à l’entrée par des vigiles.

Devant le refus du responsable du magasin et des vigiles de laisser entrer les journalistes munis d’appareils photo et de caméras, Jean-Hugues Ratenon demande : « Pourquoi on ne veut pas laisser entrer la presse ? Que nous cachez-vous ? » « Vous pouvez entrer pour relever les prix, mais la prise d’images n’est pas autorisée », répondra simplement le directeur. Si Jean-Hugues Ratenon décide de faire demi-tour « car la direction ne joue pas le jeu de la transparence », il envoie tout de même quelques membres de l’ARCP relever les prix.

De notre côté, notre équipe choisit d’entrer dans le magasin pour faire son travail. Notre photographe, dans un souci d’informer la population, commence à prendre des photos des étiquettes solidaires. Quelques minutes après, un vigile l’intercepte, exige de lui qu’il supprime les photos qu’il a prises, et l’escorte jusqu’à l’extérieur.

A l’accueil de Carrefour, suite à cet incident, nous demandons à être reçus par la direction pour une interview. L’employée veut savoir pourquoi. Nous lui expliquons que nous sommes journalistes et que nous aimerions savoir pourquoi nous ne pouvons pas prendre de photos des produits. « C’est interdit, ça a toujours été comme ça, et c’est écrit à l’entrée du magasin. C’est interdit dans toutes les grandes surfaces, pour tout le monde, pour la presse, les clients, même pour les touristes », répond-elle. Devant notre insistance, elle appelle tout de même la direction pour notre demande d’interview, mais le responsable reste injoignable.

Pendant ce temps-là, nous nous rendons dans une autre grande surface de Saint-Denis. Ici aussi, nous entrons avec notre appareil photo, mais les vigiles ne nous empêchent pas de prendre les clichés des produits "solidaires". Ce n’est donc pas dans toutes les grandes surfaces que la prise d’images est interdite.

Nous relançons alors le directeur de Carrefour par téléphone. Il reste injoignable. Nous lui envoyons une demande d’interview par mail. Il finit par nous rappeler pour nous donner sa position. « Le magasin Carrefour n’a rien à cacher », assure Amaury de Lavigne. « Nous avons indiqué à M. Ratenon qu’il pouvait vérifier que les prix avaient baissé, mais qu’il ne pouvait pas entrer avec un appareil photo ou une caméra parce que notre politique l’interdit », ajoute-t-il. « C’est une attitude constante que nous avons adoptée. De tout temps, nous avons toujours refusé la prise d’images au sein du magasin, pour une question de respect envers l’employé et envers le client. C’est plus simple à gérer que de dire un coup oui, un coup non, en fonction des événements », dit encore Amaury Lavigne.

Malgré l’interdiction d’images, nous avons pu constater que les étiquettes solidaires se sont bien installées dans les rayons de Carrefour, et qu’elles pointent des baisses effectives sur plusieurs produits. Pour exemple, les couches Cabriol sont passées de 8,67 euros à 6,47 euros, le café moulu Grand-mère est passé de 2,75 euros à 2,29 euros, les yaourts nature Yoplait affichent 2,80 euros alors qu’ils coûtaient encore 3,36 euros il y a encore deux semaines, et la boîte de 32 fromages Vache qui rit coûte désormais 3,68 euros contre 4,41 euros il y a deux semaines. En revanche, le paquet de Crunch, qui était à 4,20 euros en février, affichait toujours le même prix ce lundi 12 mars...

Les membres de l’ARCP, qui relevaient aussi les prix des produits Cospar ont également souligné certains prix plus élevés. Ils citaient pour exemple le prix du Blédilait Croissance qui était à 6,10 euros alors qu’il devrait coûter 5,28 euros.

Avec Imaz Press Réunion

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