Coût de la vie, suppression des contrats aidés : ’Agir pou nout tout’ réagit

Casser cette casse sociale

26 février 2005

L’association Agir pou nout tout réagit à l’actualité et à la visite de la Ministre de l’Outre-mer. Le collectif partage son inquiétude vis-à-vis du pouvoir d’achat des Réunionnais et annonce des actions futures par rapport à la baisse des emplois aidés.

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Au cours d’une conférence de presse tenue hier à Saint-Denis, Agir pou nout tout a fait une nouvelle fois part de ses inquiétudes et dénonce "le recul social auquel le gouvernement nous contraint." Huguette Bello est au côté du collectif, à la fois en tant que parlementaire et comme présidente de l’Union des femmes réunionnaises (UFR).
Elle déplore, que "depuis juin 2002, tous les instruments d’une politique active de l’emploi sont détruits un à un. Alors que nous comptons plus de 100.000 chômeurs, les Réunionnais sont suspectés de ne pas chercher de travail et d’être des assistés. Depuis juin 2002, les garanties des salariés sont remises en cause, comme les emplois jeunes et les emplois aidés."
La députée rappelle la situation sociale catastrophique de notre île, soulignant que le chômage progresse et que les premières victimes sont les jeunes et les femmes.

Un gouvernement inconséquent

Pour elle, "ce bilan est le résultat d’un gouvernement inconséquent" qui met "un terme brutal au dispositif emplois jeunes salué par toutes les associations d’insertions" désormais abandonnées. Elle note, que "les contrats jeunes en entreprise et les CIVIS inexistants n’ont pas compensé cette baisse", alors que ces mesures étaient annoncées comme faisant partie du grand chantier de la législature. Soulignant que "l’orientation du gouvernement repose sur la baisse des dispositifs d’emplois aidés".
Elle critique vivement le Plan de cohésion sociale, censé répondre à l’urgence causée par le gouvernement, qui termine le virage social pour devenir "un danger pour la cohésion sociale en reprenant les mêmes dogmes que les politiques de droite appliquent, ne favorisant nullement un retour durable de l’emploi. Cette loi ne modifie rien, la précarité s’accentue, le plan de cohésion sociale en ouvrant au privé le marché de l’emploi ne fait qu’accentuer les inégalités."
Huguette Bello poursuit : "ce gouvernement ne juge pas nécessaire de renforcer les permanences d’accueil et d’insertion, il stigmatise les demandeurs d’emplois et s’attaque aux chômeurs plutôt qu’au chômage."

Visite stérile de Girardin

Concernant la ministre de l’Outre-mer, Huguette Bello dénonce "une visite d’une stérilité déconcertante" fait de "discours du dominant aux dominés" n’apportant "aucune réponse sur le plan économique, social, éducatif ou culturel." Elle ajoute avec ironie : "Girardin a mieux parlé à ceux qui peuplent les îles éparses plutôt qu’aux humains de La Réunion."
Elle voit en la ministre une "porteuse de parole et des actes d’un gouvernement en divorce avec la société" comme en témoigne les sanctions électorales successives. "Les Réunionnais n’y ont trouvé aucun réconfort. Ce gouvernement ne fait rien pour les déshérités ni pour la classe moyenne rudement attaquée par la remise en cause de nos conquêtes sociales, assurance maladie et retraite."
Elle juge, que "même chez les siens, elle a laissé un malaise qui ne se dissimule plus." Le maire de Saint-Paul appelant à voter non au référendum sur la constitution européenne ne semble particulièrement pas convaincu par la campagne qu’elle est venue faire ici. Huguette Bello interpelle la ministre de l’Outre-mer sur l’immobilisme dont elle fait preuve en faveur des personnes handicapées. Commentant l’actualité, elle dénonce la répression dont les jeunes lycéens ont été victimes.

Porte-parole des chômeurs et des précaires

Ketty Dijoux, qui a pu "entrevoir" la ministre de l’Outre-mer avant son départ au nom du collectif, appuie le constat social : "depuis trente ans, nous sommes dans une grave situation de chômage et le gouvernement baisse les emplois aidés en ne comptant que sur les emplois crées par les entreprises seules. Si la ministre veut tout minimiser, nous tenons à dire que la situation est grave, que nous sommes dans la détresse. Si Sarkozy demande à baisser les prix de 3% en métropole, qu’en est-il du pouvoir d’achat des Réunionnais ? Nous demandons la mise en place de l’observatoire des prix ainsi qu’une véritable action pour le problème du logement."
Ayant obtenu de la ministre de l’Outre-mer d’être reçu dans son ministère, le collectif se fera le porte-parole des chômeurs et des précaires.

Mettre fin à la loi du silence

Selon Jean-Hugues Ratenon, "l’UMP joue la carte du silence et nous cachent tous les chiffres, il nous est impossible d’avoir le moindre chiffre de la part de la direction du travail ou de l’agence départemental d’insertion. S’il faut mener des actions pour les avoir, nous le ferons. De plus le Plan départemental d’insertion n’a toujours pas été voté depuis décembre, ce qui bloque les CIA et les CES."
Voilà deux ans que le collectif dénonce cette loi du silence et Jean-Hugues Ratenon se réjouit de voir qu’après les élus de l’Alliance et du Parti socialiste, des élus de l’UMP comme Ibrahim Dindar (qualifiant d’arnaque les contrats d’avenir), "mettent fin à l’omerta." Souhaitant le soutien massif de l’ensemble des élus, le collectif s’adresse à l’association des maires pour obtenir les chiffres qu’il souhaite concernant la baisse des emplois aidés. Jean-Hugues Ratenon termine sur une phrase de Brigitte Girardin qu’il soumet à réflexion : "On ne va pas transformer La Réunion en atelier national."
Agir pou nout tout sollicite la Région et le Département pour obtenir leur position sur l’observatoire des prix. Le collectif juge sur ce point, que "quand il faut casser les plus pauvres, la loi est appliquée mais quand il faut les aider...". Si cet observatoire n’est pas mis en route bientôt, Jean-Hugues Ratenon prévient de la mise en place d’actions auprès des grandes surfaces.

Eiffel


Le SGPEN-CGTR et la casse des emplois aidés

"C.E.C. et C.E.S. de l’Éducation nationale :
1.000 emplois directement menacés"

Le Syndicat Général des Personnels de l’Éducation Nationale (SGPEN-CGTR) se félicite que la question des emplois aidés revienne en force dans le débat social et politique.
Le SGPEN-CGTR prend acte favorablement du courrier de la Région Réunion par laquelle l’attention du ministre est appelée sur l’avenir à court terme des CEC et CES de l’Éducation nationale. Il regrette que nombre de parlementaires de La Réunion n’ait pas encore jugé bon de recevoir les précaires.
L’analyse critique de la lecture du projet de décret - Loi Borloo, contrats d’avenir....par le président de l’U.C.L " formation libérale très pro-gouvernementale" conforte nos inquiétudes et confirme les craintes que nous avons exprimé lors et après l’effet d’annonce du plan Borloo .
Nous ne pouvons que nourrir les plus vives inquiétudes pour l’avenir d’un millier d’emplois dans l’Éducation Nationale.
Au nom de la lutte contre la précarité, le gouvernement s’apprête en réalité à se débarrasser de dizaines de milliers d’emplois sans pour autant substituer à la logique des emplois aidés de véritables emplois durables. C’est un véritable hold-up sur l’emploi qui est programmé.
Dans ces conditions et compte tenu de la situation socio-économique dans notre île, marquée par un taux de chômage sans commune mesure avec la métropole , il est plus qu’urgent que tous les acteurs institutionnels, associatifs, politiques et syndicaux se mobilisent .
Le SGPEN-CGTR en appelle à la responsabilité collective et à la citoyenneté et se déclare favorable à l’organisation d’assises de la précarité.
Nous prendrons, pour ce faire, des initiatives en direction des élus et décideurs.
Ensemble, tous ensemble, œuvrons à la défense de l’emploi !!! Les CEC-CES de l’Éducation Nationale, pas plus que les autres ne doivent pas être sacrifiés !!!
À chacun de prendre ses responsabilités !!! Nous prenons les nôtres et nous ne laisserons pas ce massacre social se faire sans réagir très énergiquement."

Patrick Corré,
secrétaire général du SGPEN-CGTR


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