Avertissement de l’intersyndicale du BTP

Ce n’est pas un poisson d’avril

28 mars 2008

Les premières armes d’une organisation syndicale, c’est la loi, la raison, les mathématiques... Quand la logique ne parvient pas à démontrer l’évidence, la dernière arme reste le rapport de forces. Le BTP a du mal encore cette année à négocier les salaires de manière équitable.

Spécificité réunionnaise, les salaires du BTP se négocient ici tous les ans. Autre particularité, la grogne entre les syndicats du patronat ne facilite pas le dialogue, la FRBTP estime que la Capeb n’est pas légitime.

Moins de 3% ?

La plate-forme intersyndicale a émis depuis le départ une proposition commune de revalorisation des salaires à hauteur de 8%, faisant valoir que le pouvoir d’achat des travailleurs ne cesse de diminuer, alors que dans le même temps, le chiffre d’affaires du Bâtiment évolue considérablement, passant de 1 milliard 70 millions à 2 milliards en 2007. Jean-Max Gadardt (FO-BTP) fait encore remarquer que les carnets de commandes des entreprises du BTP entament déjà l’Agenda 2009, voire au-delà, avec le tram-train.
La FRBTP à la table des négociations fait une contre-proposition en affirmant son impossibilité d’atteindre ne serait-ce que la barre des 3%.

Faire face à la vie

Tangui Larnicol (CFE-CGC) analyse pourtant que si sur les 5 dernières années, la hausse des salaires n’a été que de 15%, l’augmentation rencontrée par un groupe comme Eiffage coté en bourse a été de 622% sur la même période, entraînant une hausse des dividendes des actionnaires de +39%, ce qui lui fait dire que « la répartition des richesses est biaisée et dans le même temps, la précarité, les CDD et les intérims forment 20% des travailleurs ».
René Amelard (CFTC-BTP) déplore avec ces amis que le patronat ne publie pas le résultat de ces comptes comme l’y oblige la loi. Pour lui, une proposition de revalorisation du salaire à moins de 3%, c’est une volonté de ridiculiser les travailleurs. « Il faut que la FRBTP comprenne qu’avec leurs salaires, les travailleurs ne peuvent plus faire face à la vie », fait remarquer Jacky Naillet (CGTR-BTP).

Pour une discussion crédible

Jacky Naillet (CGTR-BTP) avait le mot de la fin pour poser la question centrale : que va-t-il se passer le 1er avril, lors de la prochaine réunion de négociation ? Le patronat campera-t-il sur sa position actuelle d’une revalorisation à 2,85% en deux temps ou va-t-il montrer plus de respect pour la plate-forme commune ? Va-t-il se montrer équitable ? Pour Jacky Naillet, « soit on repart dans une discussion crédible, soit... ». La phrase n’est pas terminée, mais l’on peut sentir la détermination commune de tous les délégués syndicaux.

Francky Lauret


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