Installation de l’Observatoire des Prix et des Revenus

« Ce ne sera pas une baguette magique »

16 juillet 2007

Le moment était attendu... depuis sept ans. La réunion d’installation de l’OPR, qui s’est déroulé vendredi matin à la préfecture, marque un tournant. L’Observatoire des Prix et des Revenus est effectivement créé, les membres désignés et les premières pistes de travail esquissées. Finalement, tous les syndicats y seront représentés, y compris le patronat. Reste à voir si l’Observatoire aura un réel impact sur la formation des prix et des revenus.

La première étude initiée par le Préfet portera sur l’évolution du tarif du carburant, du foncier et du transport aérien.

Plus de monde que prévu hier à la réunion d’installation de l’OPR. Les membres déjà connus de l’Observatoire des Prix et des Revenus (voir l’édition du 13 juillet), mais aussi la députée Huguette Bello, Raymond Lauret, la présidente du département Nassimah Dindar, le sénateur-maire Jean-Paul Virapoullé, Jean Brac de la Perrière vice-président du MEDEF, Pascal Thiaw-Kine de la CGPME... Tous ont pu prendre la parole pour exprimer leurs attentes. A souligner, la présence du patronat, qui avait refusé de siéger à l’OPR et qui finalement sera représenté. « Nous sommes venus sans état d’âme, en tant qu’observateur à cette première réunion, et nous participerons à l’ensemble des groupes de travail qui ont été décidés », a déclaré Jean Brac de la Perrière. MEDEF, CGPME, ADIR devraient donc siéger aux côtés des syndicats de salariés. C’est ce qu’à confirmé le préfet. « J’ai reçu les syndicats la semaine dernière. Ils ont jugé que trois titulaires et trois suppléants ce n’était pas suffisant et que tous les syndicats devaient être représentés. J’ai donc décidé d’élargir à 8 sièges pour l’ensemble des syndicats », a expliqué le préfet Pierre-Henry Maccioni. C’est, a-t-il ajouté, une volonté du secrétaire d’État à l’Outre-mer Christian Estrosi de proposer « une évolution du texte ayant créé cet observatoire, sur la base des propositions faites ». Les syndicats de salariés, comme l’indique Ivan Hoareau de la CGTR, demandent en effet le plus tôt possible la modification du décret du 2 mai (de création des OPR), pour confirmer l’intégration de tous les syndicats, patronat compris. Le préfet s’y est de toute façon engagé, avec l’accord du ministre.

Trois groupes de travail : Carburant, foncier, transport aérien

Lors de cette réunion d’installation, le préfet a demandé à lnsee, l’Iedom et au Trésorier Payeur Général un point de la situation des différentes études pour connaître l’évolution de l’indice des prix depuis dix ans. Trois groupes de travail se mettront en place fin août, afin de préparer la première réunion de l’OPR en novembre. Un premier groupe présidé par Jean-Yves Langenier, aura pour sujet d’étude les prix des carburants. Le second groupe de l’économiste Philippe Jean-Pierre prendra en charge le foncier. Enfin, le groupe de Jean-Claude Bénard s’occupera du transport aérien. Pierre-Henry Maccioni précise que quatre autres thèmes seront abordés : les prix du BTP, les prix agricoles, et les revenus publics, privés et non salariés, ainsi que l’évaluation du panier de la ménagère. Car, dit-il, « tout le monde doit se sentir concerné ». Des « sujets délicats », mais le préfet espère que les prochaines réunions de l’OPR se dérouleront dans la même sérénité que la séance d’installation pour atteindre enfin « la vérité qu’on recherche ». Le préfet garantit que le Premier ministre François Fillon tiendra compte des résultats de l’OPR pour sa révision générale des politiques publiques.

Une réalité sociale d’inégalités qui s’accentue

Toutefois, on peut se poser la question de la pertinence d’un OPR alors que le gouvernement continue à proposer des mesures qui accentuent les inégalités. Huguette Bello a fait part de son « scepticisme » (« je suis même plus que sceptique », a-t-elle précisé), concernant la mise en place de l’observatoire. Certes, l’OPR est le résultat d’une bataille, que la députée a elle-même menée, mais au même moment fait-elle remarquer, « nous sommes assommés par les mesures du gouvernement, alors que l’on connaît les difficultés des familles ». On augmente les rentes de ceux qui ont déjà beaucoup, (« 13 milliards de cadeaux fiscaux aux plus riches »), et le SMIC, les minima sociaux sont à peine réévalués. Les chiffres d’une réalité sociale d’inégalités sont pourtant connus : 31.000 personnes âgées au minimum vieillesse, 73.000 érémistes, etc... Mais n’empêchent pas le gouvernement de poursuivre ses réformes impopulaires. Même constat pour Ivan Hoareau de la CGTR. « On ne pourra pas travailler sereinement si le gouvernement continue à lancer des bombes sur notre tête », estime-t-il, évoquant ainsi la menace qui pèse sur l’indemnité temporaire des retraites des fonctionnaires. « On ne peut pas faire comme si rien ne se passe », poursuit-il. Un point tout de même de satisfaction, la prise en compte d’un certain nombre d’observations, notamment la nécessité d’associer le patronat à l’OPR et une plus grande représentation des organisations syndicales.

Edith Poulbassia


Les missions de l’OPR

Le préfet l’a rappelé dans son discours d’ouverture de la réunion, l’OPR correspond à « une attente ancienne, forte et à bien des égards, légitime de la société réunionnaise ». Mais prévient-il, l’OPR ne sera pas une « baguette magique », mais un lieu d’étude, d’échange et de travail. L’observatoire des prix et des revenus à quatre missions essentielles :
- Mobiliser les données statistiques existantes, ou à créer, pour avoir une meilleure analyse de la situation économique et sociale de notre département et de son évolution ;
- Contribuer, dans le domaine des prix et des revenus, à évaluer l’efficacité des politiques publiques conduites outre-mer ;
- Comprendre les mécanismes de formation des prix, des revenus et du pouvoir d’achat à La Réunion ;
- Proposer, enfin, comme l’a souhaité le Président de la République, des mesures permettant d’assurer une plus grande égalité et une plus grande efficacité dans la distribution des revenus outre-mer.
Ces propositions, si vous souhaitez en effectuer, devront se faire dans un esprit de consensus où, à tout le moins, avec une définition claire des points d’accords et de désaccords.

EP

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