Point de vue sur les séquestrations de dirigeants

« Ce type d’actions existe depuis des années »

25 avril 2009

Hubert Landier, expert des relations sociales et président de Management social.com, a accordé une interview au journal ’lexpansion.fr’. Il explique que les séquestrations de dirigeants ne sont pas un phénomène nouveau.

Comment expliquez-vous la montée des violences sociales ?

- Très simplement, par la montée des tensions sociales. Les salariés victimes de plans sociaux sont en colère. Pour la plupart, ils ont été prévenus très tardivement par leur Direction des différentes mesures de restructurations, chômage partiel, licenciements, etc... Ils se sentent trahis et incompris et répondent donc à la violence par la violence.

Pourquoi une telle ampleur dans ces réactions ?

- Quelle ampleur ? Ces actions, « ces dérapages » comme disent certains, n’ont pas une importance démesurée. Depuis quelques semaines, seuls 6 ou 7 cas de séquestrations de dirigeants ont été recensés. Or, la nouveauté n’est pas là, la nouveauté c’est d’en avoir fait une affaire d’Etat. Les médias s’en sont emparés comme d’un phénomène inédit, premier en son genre...

Ce n’est pas le cas ?

- Non, ce type d’actions existe depuis des années. Lors de la crise des années 70 par exemple, entre 100 et 200 usines étaient occupées chaque jour. Les violences y étaient autrement plus graves qu’aujourd’hui. Chaque jour, on apprenait une nouvelle séquestration. Les locaux étaient saccagés. En 1997, un DRH de l’usine des mines de potasse d’Alsace a même était emmuré après l’annonce de la fermeture de l’usine. Aujourd’hui, les dirigeants ne se déplacent pas encore avec une armada de policiers chargés de leur sécurité. C’est d’ailleurs ce qui est le plus surprenant. Tout le monde semble très étonné par cette montée de violence. Moi je suis plutôt étonné par le peu de violence. Face à la crise actuelle, je ne serai pas surpris que les dérapages se multiplient dans les mois à venir.


1907 et 1929 : deux crises suivies par deux guerres mondiales

La crise actuelle est souvent comparée à celle de 1929. Les conséquences de cette dernière furent dramatiques, créant les conditions propices au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Mais quinze ans plus tôt, la Première Guerre mondiale avait aussi été précédée de quelques années par une crise provoquée aussi par la Bourse.
La crise éclata en octobre après une tentative ratée de corner sur les actions de la compagnie United Copper. Les banques qui avaient prêté de l’argent pour réaliser le corner furent victimes de retraits massifs, qui se propagèrent aux établissements affiliés, causant en l’espace d’une semaine la chute de la société fiduciaire Knickerbocker Trust Company, troisième établissement en importance de ce genre à New York. Cette chute causa une vague de paniques parmi les établissements financiers de la ville lorsque les banques régionales commencèrent à retirer des fonds de New York. La panique gagna bientôt le pays tout entier et les particuliers se ruèrent sur les banques pour retirer leurs dépôts. C’est la crise des liquidités.
Partie aussi de Wall Street, ce premier krach du 20ème siècle s’étend d’abord aux Etats-Unis, puis à l’Europe et au monde.
L’année suivante, la production industrielle des Etats-Unis diminue de 8%, de 7% au Royaume-Uni. La richesse par habitant diminue dans ces pays, ainsi qu’en Allemagne et en France. Il fallut deux ans à l’économie mondiale pour repartir, mais à cette époque, les taux de croissance étaient bien plus important qu’aujourd’hui en Occident. Mais six ans après le pic de la crise, l’Europe puis le monde plongeaient dans la Première Guerre mondiale.

Spécial 50 ans du PCR

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