Deux syndicats travaillent à construire une Intersyndicale ouverte à d’autres organisations pour répondre aux problèmes des agriculteurs réunionnais

CGPER et Coordination rurale d’accord pour une vision du développement de l’agriculture à La Réunion

29 juillet 2020

Un communiqué commun à deux syndicats d’agriculteurs diffusé aujourd’hui souligne que les lignes bougent dans le monde agricole réunionnais. La Réunion est le lieu d’un accord entre la Confédération paysanne, représentée par la CGPER, et la Coordination rurale. Les deux organisations actent une convergence de vues sur le développement de l’agriculture dans notre île, notamment sur le fait que les problèmes spécifiques à La Réunion se règlent à La Réunion. L’objectif est d’aller vers une intersyndicale, socle d’un rassemblement pour mettre à l’ordre du jour une priorité : placer l’agriculteur réunionnais au centre des filières afin qu’il puisse augmenter ses revenus car « beaucoup de familles souffrent, c’est une situation d’urgence ».

Lundi 26 juillet, la Confédération paysanne, représentée à La Réunion par la CGPER et la Coordination rurale ont acté leur rapprochement dans le but de créer une intersyndicale. Sur la base de leurs analyses, les deux syndicats partagent une vision du développement de l’agriculture à La Réunion différente de celle qui est actuellement imposée, et plaident pour que les problèmes spécifiques à notre île puissent se régler ici.

Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, représentant la Confédération Paysanne à La Réunion
« Pour la canne, nous sommes d’accord pour dire que la question de l’échantillonnage n’est qu’une partie des problèmes de la filière. Nous voulons que le mode de paiement de la canne aux planteurs soit revu absolument. Les coopératives existent, mais elles doivent changer par rapport à leur fonctionnement actuel, et revenir à la base. Nous demandons une évolution, pour que l’agriculteur devienne l’élément central de cette coopérative.
Pour la CGPER, le projet Conflore porté par la Coordination rurale montre qu’un modèle est possible, avec l’agriculteur au centre du projet. C’est un exemple concret, auquel nous ne pouvons qu’adhérer.
Les problèmes spécifiques à La Réunion doivent se régler à La Réunion mais pas à Paris.
Nous avons les mêmes buts : lutter pour que l’agriculture réunionnaise avance, crée des emplois. Notre premier objectif est d’aller dans le sens de l’amélioration du revenu des agriculteurs.
Pour qu’une seule vision ne nous soit pas imposé, il faut nous rassembler dans le respect de tous les partenaires. Nous avons tiré les enseignements des précédentes échéances électorales et avons constaté que la division conduit à l’impasse. Mais il est dommage que certaines personnes ne l’aient pas encore compris. La CGPER est très satisfaite de conclure un tel accord avec la Coordination rurale, nous avons le même ADN et nous actons ainsi nos convergences. »

Calvert Leichning, président de la Coordination rurale Réunion
« La Coordination rurale partage à peu près la même vision du développement de l’agriculture à La Réunion : la canne pilier du développement et la diversification au travers de l’élevage, fruits et légumes et autres cultures traditionnelles.
Nous considérons que les coopératives qui existent à La Réunion doivent bénéficier aux agriculteurs afin qu’ils puissent bien vivre. Le système en place à La Réunion ne correspond pas à notre vision, nous travaillons avec la CGPER pour une évolution. D’ores et déjà, la filière Conflore montrera un autre modèle, au service des agriculteurs adhérents.
Nous considérons notamment que nous devons revoir le mode de paiement de la canne. Le problème sanitaire des animaux doit être réglé.
Notre but est de créer une intersyndicale où l’identité de chacun est respecté. La Coordination rurale a donné son feu vert pour qu’ici à La Réunion nous travaillions à régler nos problèmes qui nous sont spécifiques. Nous avons eu des rencontres avec le président de la CGPER, affiliée à la Confédération paysanne, et nous sommes arrivés à un accord.
Chacun garde son identité et nous allons lutter pour que l’agriculture avance, et pour créer les conditions pour nous rassembler, avec d’autres syndicats qui partagent nos convictions, dans les prochaines échéances qui nous attendent.
La division ne sert pas les intérêts des agriculteurs, nous devons parler d’une même voix auprès des instances nationales et européennes. »

Henrio Abriel, secrétaire de la Coordination rurale
« Nous voulons une intersyndicale pour que les agriculteurs s’en sortent. Il faut défendre tous les métiers liés à l’agriculture qui font vivre de petits éleveurs, défendre tous les coupeurs de canne qui n’ont pas de structure afin qu’ils touchent une prime payée par l’usinier. Les planteurs doivent aussi bénéficier de royalties sur les nouvelles variétés mises au point par eR’Canne et diffusées dans le monde.
Il faut arrêter de prêcher le faux pour le vrai, arrêter de tirer la couverture à soi. Le monde agricole réunionnais souffre de ces guéguerres qui n’ont pas lieu d’être, car l’intérêt commun, ce sont les agriculteurs avant les syndicats. Tout le temps tirailler tout le monde, c’est illogique. Ces pratiques sont d’une ancienne époque.
Avec Jean-Michel Moutama et d’autres personnes, ce sont de nouvelles méthodes. Ce n’est pas pour quelques brebis égarées, à tous les niveaux, que tous les agriculteurs doivent être pénalisés. Beaucoup de familles souffrent, c’est la situation d’urgence. Nous avons trouvé un socle commun, il faut un rassemblement intersyndical pour que l’on puisse parler d’une seule voix.
Avec la mondialisation, les accords commerciaux, un industriel peut porter plainte contre un État. Cela retombe sur les agriculteurs. Le monde a changé d’échelle, plus que jamais nous devons nous rassembler. »

A Petite Île, le 27 juillet 2020

Pour la CGPER, Jean-Michel Moutama, président

Pour la Coordination rurale de La Réunion, Calvert Leichning, président

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