Le Département peut être l’acteur de la solidarité

CGPER : pas un retraité sous le SMIC

13 janvier 2022, par Manuel Marchal

La CGPER propose au Département d’être le fer de lance de la solidarité des Réunionnais envers les agriculteurs qui ont travaillé pendant des décennies pour les nourrir et qui ont le droit de vivre dignement leur retraite.

André Minatchy, ancien co-président de l’Interprofession de la canne et du sucre (CPCS), Axel Hoarau, secrétaire de la CGPER, et Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.

Lors de sa conférence de presse du 11 janvier, la CGPER a évoqué la question des retraites et fait part de ses propositions pour améliorer la situation de ceux qui ont travaillé pendant des décennies pour nourrir les Réunionnais et qui sont aujourd’hui retraités.
La loi du 3 juillet 2020 portant revalorisation des pensions de retraite agricole, est entrée en application ce mercredi 15 décembre. Elle fixe à 85 % du SMIC le montant mensuel de la pension pour les agriculteurs chef d’exploitation réunissant un nombre suffisant de trimestre de cotisations, avec rappel depuis le 1er novembre.
Avant cette loi, le montant moyen de la retraite d’un agriculteur à La Réunion était inférieur à celui du RSA. Ces quelques centaines d’euros par mois était le résultat de plusieurs dizaines d’années de dur labeur, travail dos au soleil ou sous la pluie sur une île au climat tropical. Cette injustice était la conséquence d’un mode de calcul des cotisations inadapté à la taille des exploitations agricoles réunionnaises.
Cette loi est le résultat d’un long combat mené par la CGPER. Le syndicat a pu compter sur le soutien de la députée Huguette Bello ainsi que du président du groupe des députés de la Gauche Démocrate et Républicaine, André Chassaigne, qui ont œuvré pour qu’une loi mette fin à cette injustice.

Création de la section Retraités de la CGPER

Si cette loi permet de sortir de la grande pauvreté les agriculteurs retraités réunionnais, elle ne résout pas tous les problèmes. Pour que les anciens agriculteurs puissent faire entendre leur voix, la CGPER a créé une section Retraités sous l’impulsion d’André Minatchy, ancien co-président de l’Interprofession de la canne et du sucre.
Tout d’abord, pour avoir 1035 euros par mois, il faut réunir le nombre suffisant de trimestres de cotisation permettant de justifier une carrière complète. Or, l’installation de jeunes agriculteurs est de plus en plus difficile. Très rares sont ceux qui peuvent avoir leur exploitation avant 25 ans, à cause justement du montant trop faible de retraites qui pousse les anciens à continuer à travailler jusqu’au bout de leurs forces. Cela explique pourquoi de nombreux agriculteurs ne peuvent et ne pourront justifier d’une durée de cotisation suffisante pour avoir droit à une retraite complète, souligne Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.
85 % du SMIC correspondent à 1035 euros par mois. André Minatchy estime cette somme insuffisante pour faire face à toutes les dépenses de la vie courant et vivre dignement. Et cela d’autant plus que les retraités ont souvent besoin d’engager des dépenses pour leur santé.
Rappelons qu’à La Réunion, le coût de la vie est plus élevé qu’en France. Cette situation est reconnue par l’État qui verse à ses salariés une prime de vie chère spécifique à La Réunion d’un montant égal à 53 % du salaire.

Propositions d’action au Département

André Minatchy constate que le Département ne paie plus le RSA. Cette collectivité est également compétente en matière d’agriculture et d’action sociale. La CGPER propose donc que le Conseil départemental soit le fer de lance d’une solidarité réunionnaise permettant à tous les anciens agriculteurs réunionnais d’avoir droit à une retraite d’un montant suffisant pour vivre dignement.
D’où deux propositions d’action au Conseil départemental :
- racheter les trimestres manquants des agriculteurs qui sont dans cette situation afin qu’ils puissent avoir droit à une retraite complète
- contribuer à relever au niveau du SMIC le montant des retraites en versant les 15 % manquant.

Si l’agriculteur a la certitude de partir à la retraite avec le SMIC, alors il s’engage à libérer son foncier. Ceci permettra de faciliter l’installation de jeunes agriculteurs, et donc de lutter contre le chômage.

M.M.

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