La crise sociale s’amplifie, les syndicats s’organisent

CGTR : « situation sociale désastreuse »

15 juillet 2022, par Manuel Marchal

Mercredi dernier, la CGTR a tenu une conférence de presse pour faire le point sur la situation sociale depuis les élections. Face à une situation qui s’aggrave, une mobilisation est annoncée pour le 29 septembre et une réflexion est en cours avec les autres syndicats afin d’aller vers un rassemblement de toutes les forces progressistes pour créer le rapport de force pour améliorer la situation.

Pierrick Olivier, secrétaire confédéral, Jacques Bhugon, secrétaire général de la CGTR et Loïc Désirée, secrétaire général de la CGTR-FAPT.

« La situation sociale est désastreuse. Les entreprises se portent bien, les profits sont là. Mais pour les salariés, rien sur les salaires, rien sur l’application des droits pas de négociation pour les salaires sauf quand une grève est déclenchée », c’est ainsi que Jacques Bhugon, secrétaire général de la CGTR résume l’analyse de la situation par le syndicat.
« Le taux de chômage officiel est en dessous de la réalité, plus de 300 000 Réunionnais sous le seuil de pauvreté, 33 000 familles en attente de logement social alors qu’ un logement, ce sont deux emplois et demi, donc des dizaines de milliers d’emplois sont possibles », précise le dirigeant syndical.

Le gouvernement et la NUPES ne répondent pas

« La question du pouvoir d’achat essentielle, les annonces de Darmanin sont dérisoires et on ne parle pas de salaires. L’Etat s’en remet au patronat. La crise sanitaire a montré le délabrement du service public. La proposition de fermer les urgences la nuit n’est pas une réponse », ajoute Pierrick Olivier, secrétaire confédéral, qui souligne les 70 % de non-titulaires dans la fonction publique territoriale ainsi que les suppressions de postes dans la fonction publique d’État qui se traduisent pas la fermeture des accueils physiques.
La hausse des prix accentue la paupérisation des travailleurs et de ceux qui sont privés d’un emploi, des retraités et des nombreux Réunionnais contraints de vivre avec un minima social.
A cela s’ajoutent les projets du gouvernement. « Elisabeth Borne a annoncé la suppression de taxes payées par les entreprises dont la CVAE qui a remplacé la taxe professionnelle. C’est le projet de retraite à 65 ans alors que la CGTR revendique une retraite à taux plein à 60 ans », indique Jacques Bhugon.

Mobilisation le 29 septembre

Toutes ces questions, la CGTR souhaitait en discuter avec les deux membres du gouvernement en visite la semaine dernière à La Réunion. Mais la demande d’audience n’a reçu aucune réponse de la part de Gérald Darmanin et de Jean-François Carenco.
Le même silence radio est observé par les 6 députés NUPES de La Réunion élus aux dernières législatives. Une demande de rencontre formulée dans un courrier que leur a adressé la CGTR le 24 juin était toujours sans réponse ce 13 juillet. La CGTR compte exposer ses revendications : SMIC à 2000 euros, hausse des salaires, mesures à prendre pour lutter contre la vie chère, lutte pour la retraite à 60 ans, combat contre la pauvreté et le mal-logement, pour l’application de toutes les conventions collectives à La Réunion.
Une mobilisation est donc annoncée pour le 29 septembre sur les thèmes du pouvoir d’achat, des retraites notamment. Jacques Bhugon note que la situation est également tendue en Guadeloupe et en Martinique.

« Vu la situation cela va bouger »

La situation sociale est donc plus grave qu’en 2009, quand des dizaines de milliers de Réunionnais rassemblés autour du COSPAR étaient descendus plusieurs fois dans la rue et avaient obtenu des avancées significatives en termes de salaires et de baisse des prix.
Ce sujet est abordé en intersyndicale, précise Jacques Bhugon, car « la situation est pire qu’avant le COSPAR ». Le RSTA a disparu et « il n’y a plus de prime COSPAR ». Il ajoute que « les gilets jaunes avaient démarré sur le problème du prix des carburants », or ce prix est bien plus élevé qu’en novembre 2018.
Pour la CGTR, « l’élément déclencheur ce sont les salaires. Plus de 230.000 Réunionnais dépendent du RSA, comment vivre avec 1100 euros par mois à La Réunion », interroge la CGTR, « et comment survivre avec un RSA ? ». « Le gouvernement tient pas compte du vote sanction des outre-mer », poursuit le secrétaire général de la CGTR, « nous attendons une autre politique ». Il précise que les syndicats estiment important « le rassemblement de toutes les forces progressistes pour créer le rapport de force pour améliorer la situation ».
« Les entreprises refusent de négocier en tenant compte de l’inflation, les salaires rattrapés par le smic. C’est un appel au réveil. Dans la fonction publique, le gel du point d’indice pendant plusieurs années a entraîné une perte de pouvoir d’achat de 20 % », déclare Pierrick Olivier.
SMIC à 2000 euros et réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sont autant de revendications que la CGTR veut faire avancer.
« Vu la situation cela va bouger », indique Jacques Bhugon.
Tenue au lendemain de l’annonce de l’accord sur la Convention canne, Jacques Bhugon indique que la CGTR « félicite les planteurs pour le combat mené et les avancées obtenues contre une multinationale ». « Cette victoire doit s’accompagner d’une revalorisation des salaires des travailleurs agricoles », ajoute Pierrick Olivier.

M.M.

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