10 jours de blocage au centre de tri du Chaudron

CGTR, SUD et CFDT appellent à la grève dans toutes les Postes

20 juillet 2013

Au bout de neuf jours de grève au centre de tri postal du Chaudron, 15 travailleurs étaient assignés devant le tribunal hier. La justice a donné suite à la demande de la direction. Pendant ce temps, les négociations entre direction et travailleurs ont échoué. Les syndicats ont donc déposé un préavis de grève dans tous les centres postaux de l’île pour lundi. Ce conflit social qui dure illustre l’impasse dans laquelle s’enfonce le pays.

Le préavis lancé pour lundi vise à demander l’embauche de nouveaux postiers pour lutter contre le sous-effectif de ce service public.
(photo d’archives Toniox)

Depuis le 10 juillet, le centre des Messageries du Chaudron est touché par un mouvement de grève. Les travailleurs revendiquent une amélioration des conditions de travail. Ils veulent également que la transformation du centre de tri en "plate-forme industrielle de courrier" ne se fasse pas aussi rapidement que ne le souhaite la direction. Ils demandent donc des mesures d’accompagnement. Les travailleurs sont soutenus par une intersyndicale composée de la CGTR, SUD et CFDT.

Hier à 8 heures, les représentants des grévistes et de la direction ont participé à une médiation organisée à l’Inspection du travail. Aucun accord n’a pu être trouvé. Les travailleurs ont alors déposé un préavis de grève pour lundi. Il concerne tous les bureaux de traitement du courrier de La Réunion. Les motifs sont la lutte contre le sous-effectif, le manque de dialogue social et la dégradation des conditions de travail.

Conflits de plus en plus durs

Une nouvelle fois, un conflit social dure. Depuis le début de l’année, les grèves longues se multiplient : la STAR, la SEPUR, la SERMAT, Carrefour Sainte-Suzanne, la CILAM, Renault et SHLMR notamment ont dépassé la semaine. Dans la plupart des cas, la grève était la conséquence de l’échec des négociations annuelles salariales. La direction faisait une proposition en dessous de l’inflation, tandis que les travailleurs demandaient à minima le maintien du pouvoir d’achat. Au bout de plus d’une semaine de grève, l’accord était très proche de la revendication initiale.

Pour la SERMAT, c’était l’emploi qui était au centre de la bataille. Les travailleurs ont cessé le travail pour empêcher le licenciement de 19 dockers, et pour obtenir la transparence sur les bilans financiers des entreprises de manutention. Après l’implication du PCR et l’ultimatum de 48 heures lancé au patronat, la médiation allait aboutir rapidement à un accord conforme aux demandes des travailleurs.

Au centre des Messageries du Chaudron à Sainte-Clotilde, les travailleurs ont décidé de se priver de salaire pour obtenir une amélioration des conditions de travail. Ils dénoncent en particulier un sous-effectif. Force est de constater que le conflit dure maintenant depuis 10 jours, et lundi il a la possibilité de s’étendre dans toute La Réunion.

Ce n’est que le début

Un autre point commun à ses conflits, c’est l’utilisation de la justice par la direction pour tenter d’affaiblir le mouvement. Hier, 15 grévistes de La Poste étaient assignés au Tribunal de Saint-Denis. Ils ont été condamnés à lever le piquet de grève situé à l’entrée de centre de messageries, avec une astreinte de 500 euros par personne et par infraction constatée.

Voilà un autre fait qui montre toute la difficulté du dialogue social à La Réunion. C’est bien là une illustration d’un système qui est en train d’arriver au bout. Et ce n’est que le début de son effondrement.

Car si le gouvernement décide de ne pas rétablir le RSTA, alors la tension sociale va gravement s’accentuer : des dizaines de milliers de travailleurs vont perdre 1.200 euros par an. Et quand un membre du gouvernement conseille aux salariés d’aller demander à leur patron de payer ces 100 euros mensuels à la place de l’État, c’est dans un contexte où 8.000 entreprises ont accumulé 1,2 milliard d’euros de dettes sociales et fiscales. Ce fait est reconnu par l’État, qui tente de mettre en place des mesures d’accompagnement. Si ces patrons se disent incapables de reverser, la TVA, ainsi que les cotisations de retraite et de Sécurité sociale qu’ils collectent, se pose alors la question de savoir comment pourront-ils augmenter les salaires de 100 euros ?

Les blocages s’accumulent et ne peuvent plus être dépassés dans le cadre actuel. C’est le moment de tout remettre à plat, et de définir ensemble une feuille de route partagée avec une ambition : comment construire une société qui n’exclut pas la moitié de sa population ?

M.M.

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