La très mauvaise nouvelle du 1er janvier

Chômage : +13,5% !

2 janvier 2009, par Manuel Marchal

Le 1er janvier, la Direction du Travail a adressé aux médias son document mensuel ’Info rapides-Le marché du travail’. Ce document donne une photographie de la pénurie d’emploi à La Réunion à la fin du mois de novembre. C’est une situation catastrophique : en données corrigées des variations saisonnières, le nombre de travailleurs privés d’emploi a augmenté de 13,5% sur un an, le taux de chômage dépasse 24%. Sachant que La Réunion commençait seulement à cette époque à ressentir les tout premiers effets de la crise mondiale, cette progression est beaucoup plus qu’inquiétante. Elle appelle à la mobilisation la plus large dès maintenant pour éviter que la crise plonge La Réunion dans des difficultés inextricables.

Chômage : +13,5%. C’est la première très mauvaise nouvelle de l’année pour La Réunion. Entre novembre 2007 et novembre 2008, le nombre de travailleurs privés d’emploi inscrits dans la catégorie de référence des statistiques du chômage a augmenté de 7.350 personnes, selon les données corrigées des variations saisonnières diffusées par la Direction du Travail, et donc de 13,5%, selon ce mode de calcul. 61.930 Réunionnais sont donc à la recherche immédiate d’un emploi durable à temps plein. Quant au nombre total de Réunionnais à la recherche d’un emploi, il est aussi en hausse : +9,5% pour un total de 87.215 personnes.
Cette augmentation concerne également les jeunes de moins de 25 ans : +7,5%.

Cinq points de plus qu’en France !

Lorsque ces nombres sont comparés à la situation nationale, force est de constater que La Réunion est nettement plus touchée par la crise que la France. En effet, sur un an, en données brutes, le nombre de chômeurs a augmenté de 13,4% à La Réunion, et de 8,5% en France. À 10.000 kilomètres de La Réunion, cette hausse fait les gros titres de la presse qui note que la hausse du chômage en novembre est la plus importante depuis 1991. Et d’indiquer qu’en France, cette aggravation de la situation est liée à l’impact de la crise économique mondiale. L’économie de la quatrième puissance mondiale affiche un taux de croissance d’une faiblesse sans précédent depuis 1996, et par centaines, des usines ferment ou obligent leurs travailleurs à rester à la maison pour au moins un mois.
Mais alors, que dire à La Réunion ? Le taux de croissance est de 5% dans notre île, soit très nettement supérieur à celui de la France, mais le nombre de chômeurs augmente plus vite. C’est une illustration de la nature de la crise structurelle que connaît notre pays. Car au mois de novembre dernier, notre île était seulement confrontée aux premiers effets de la crise mondiale, alors que pour la France, les effets étaient plus violents. Il aurait été logique de constater que la France soit plus touchée que La Réunion, mais c’est l’inverse qui se produit. Et le taux de chômage de La Réunion reste toujours trois fois supérieur à celui de la France. Alors, que se passera-t-il quand La Réunion subira de plein fouet l’impact de la crise mondiale ?

Pénurie structurelle d’emplois

La lecture des offres d’emplois enregistrées par la Direction du Travail fait apparaître l’ampleur de la crise structurelle de notre pays. Une crise d’abord liée à la pénurie d’emplois.
Sur les 11 premiers mois de l’année, et par rapport à l’année précédente, les données sont claires.
C’est tout d’abord une baisse considérable du nombre d’offres d’emplois qualifiées de « durables », c’est-à-dire des contrats d’une durée supérieure à 6 mois : -20%. C’est ensuite une hausse des offres d’emplois précaires : +2,5% pour les contrats de 1 à 6 mois, et +15,9% pour les contrats de moins d’un mois. Malgré cette précarisation, le nombre d’offres d’emplois baisse de 8,2% par rapport à l’année précédente. Pendant ce temps, la population active continue d’augmenter, ce qui a pour conséquence une aggravation de la pénurie d’emplois.
Il ne fait guère de doute que le report ou l’annulation de chantiers programmés a une responsabilité dans ce constat, ainsi que l’annulation par l’Etat de nombreux permis de construire en raison de l’absence actuelle de mise aux normes européennes des stations d’épuration. Mais cette conjoncture ne fait que s’ajouter à une pénurie structurelle d’emplois. Car cela fait au moins 30 ans que le taux de chômage est largement supérieur à 20%.

Manuel Marchal

En décembre 1974, c’est-à-dire il y a 34 ans, le taux de chômage était déjà de 25%. La crise est donc fondamentalement structurelle.

Un mois pour agir

À La Réunion, élus et socio-professionnels se mobilisent pour atténuer cette hémorragie. C’est le sens de la rencontre du 12 novembre au Conseil général entre collectivités locales et acteurs économiques. Elle a débouché sur l’engagement à accélérer les projets, et sur la signature entre les collectivités, les acteurs économiques et l’Etat d’une charte pour la planification de la construction. La dégradation de la situation de l’emploi rappelle que cette mobilisation doit s’intensifier. Le 2 décembre devant le Sénat, Gélita Hoarau a souligné la menace qui pèse sur plusieurs milliers d’emplois, dès le retour des congés du BTP à la fin du mois. Dans notre édition du 31 décembre, Jean-Marie Le Bourvellec, président de la FRBTP, a lancé un appel urgent : « demander aux maîtres d’ouvrage de sortir leurs projets dès le début de l’année ». Il reste donc un mois pour éviter que la crise fasse des dégâts très importants dans le BTP, qui est un secteur moteur de l’activité économique de tout le pays.


Chômage : de +5,6% à +13,5%

Entre juillet et novembre, les données publiées par la Direction du Travail montrent une aggravation. Entre juillet 2007 et juillet 2008, le chômage avait augmenté de 5,6%. Quatre mois plus tard, le différentiel est passé à 13,5%.

Luttes pour l’emploi

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