Aggravation de la situation

Chômage : +6%

1er octobre 2008, par Manuel Marchal

Un nouvel indicateur vient confirmer l’aggravation de la situation. Les chiffres officiels, datés d’août 2008, reconnaissent que le chômage continue d’augmenter. Quelques semaines après l’annonce d’une hausse de plus de 10% des prix des produits de première nécessité, en pleine période de crise dans le BTP avec toutes les conséquences que cela entraîne en termes de pénurie de logements, les derniers chiffres du chômage viennent rappeler la nécessité pour tous de se mobiliser afin de sortir le pays du sous-développement. Une mobilisation d’autant plus nécessaire qu’à Paris, les arbitrages budgétaires sont rendus dans un contexte de crise financière mondiale.

Alors que la crise financière commence à s’exporter des Etats-Unis vers l’Europe, les derniers chiffres du chômage viennent souligner que lorsque l’impact de ce phénomène touchera La Réunion, il fera face à une société fragilisée par un accroissement de la pénurie d’emplois.
Les derniers chiffres publiés par la Direction du Travail datent d’août dernier. Ils sont en effet inquiétants à plus d’un titre.
Ils confirment tout d’abord les craintes des socioprofessionnels. Car il ne fait guère de doute que le ralentissement de l’activité dans le BTP explique l’aggravation de la situation. Rappelons que ce ralentissement s’explique par la remise en cause ou l’annulation de plusieurs grands chantiers, par l’incertitude des investisseurs quant à l’évolution de la défiscalisation et par des annulations de permis de construire par l’Etat au prétexte que les stations d’épuration ne sont pas encore aux normes européennes.

Ralentissement économique confirmé

Les chiffres sont là : +6% de hausse annuelle du nombre de chômeurs inscrits en catégorie 1 à l’ANPE avec près de 60.000 travailleurs à la recherche d’un emploi à temps complet, en CDI. Quant au total du nombre de travailleurs inscrits dans les catégories 1, 2 et 3, il était au mois d’août de 86.618, soit une hausse annuelle de 3,8%.
Les offres d’emplois proposées par l’ANPE connaissent une baisse vertigineuse. Par rapport à août 2007, le nombre d’offres de contrats d’une durée supérieure à 6 mois baisse de plus de 26%. Au cours des 8 premiers mois de l’année, la baisse du nombre des contrats qualifiés de "durables" par l’ANPE est de près de 20% par rapport à 2007. C’est bien la preuve d’un ralentissement de l’activité économique à La Réunion : les créations d’emplois diminuent, et la pénurie d’emplois s’aggrave.
Avec cette hausse, le taux de chômage officiel à La Réunion était au mois d’août de 24,2%, soit 3 fois le taux de la France (8,1%).
Outre la confirmation de l’alerte lancée par Paul Vergès, puis par La Réunion Économique, ces chiffres font craindre le pire quant à l’aggravation de la situation. En effet, ils sont en date d’août dernier, c’est-à-dire bien avant l’amplification de la crise financière que le monde connaît aujourd’hui. Or, cette crise commence à toucher l’Europe et la France. En témoigne la réunion d’urgence aux aurores hier matin à l’Elysée pour tenter de sauver Dexia, la principale banque de prêts aux collectivités locales.

L’impact à venir de la crise mondiale

Il est difficile de croire que cette crise n’aura pas des répercussions. Les banques prêteront moins facilement, et les taux d’intérêts seront plus élevés. Cela ne contribue pas à favoriser l’investissement. Or, les investissements sont un des moteurs de l’activité économique à La Réunion.
C’est donc une économie fragilisée par une pénurie d’emplois qui s’aggrave qui s’apprête à subir les répercussions de la crise financière mondiale.
Enfin, les nombreuses alertes lancées par les représentants patronaux font penser que le plus dur est à venir. Dans le BTP, la réforme de la défiscalisation pourrait provoquer la suppression de milliers d’emplois. Dans l’industrie, l’avenir de nombreux investissements liés à la défiscalisation est suspendu aux décisions d’arbitrage que doit rendre le ministère des Finances.
Toutes ces décisions de Paris se prendront dans un contexte marqué par la crise financière internationale. Car pour le moment, la priorité du gouvernement est de sauver le système financier en France. Cela implique des moyens importants à dégager, et donc des choix budgétaires.
A titre d’exemple, le plan de sauvetage de Dexia signifie par exemple le versement de 1 milliard d’euros par l’Etat, et de 2 milliards d’euros par la Caisse des Dépôts. A titre de comparaison, la défiscalisation dans les investissements coûte à Bercy plus de 700 millions d’euros, alors qu’elle rapporte 2 milliards à l’Outre-mer. Dans un contexte tendu, Paris fera-t-il des choix au détriment du financement du développement de l’Outre-mer ? La question est posée.
Face à ces perspectives, il est plus que jamais nécessaire de porter au plus haut les revendications des Réunionnais. Cela passe par un rassemblement de toutes les bonnes volontés pour faire entendre l’intérêt général du pays.
L’aggravation de la situation dans le logement, le pouvoir d’achat et l’emploi rappelle que cette mobilisation massive et unitaire ne peut plus attendre.

Manuel Marchal

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