Un défi pour le monde

Comment créer 600 millions d’emplois en 10 ans ?

28 février 2012

Le monde est confronté au « défi pressant » de créer 600 millions d’emplois productifs au cours des dix prochaines années en vue de générer une croissance durable et de préserver la cohésion sociale, selon le rapport annuel de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur l’emploi mondial.

« Après trois années de crise chronique sur les marchés mondiaux du travail et dans le contexte d’une nouvelle détérioration de l’activité économique, le chômage accumulé touche actuellement 200 millions de personnes à l’échelle mondiale », constate l’OIT dans son rapport annuel intitulé “Tendances mondiales de l’emploi 2012 : Prévenir une aggravation de la crise de l’emploi”. En outre, le rapport affirme que plus de 400 millions de nouveaux emplois seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour absorber l’accroissement annuel de la main-d’œuvre estimé à 40 millions par an.
Le rapport sur les tendances mondiales de l’emploi indique également que le monde est confronté à un défi supplémentaire, celui de créer des emplois décents pour quelque 900 millions de travailleurs qui vivent avec leur famille au-dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour, essentiellement dans les pays en développement.

Plus d’un milliard de travailleurs pauvres

« Malgré les efforts acharnés des gouvernements, la crise de l’emploi ne connaît pas de répit : un travailleur sur trois dans le monde — environ 1,1 milliard de personnes — est chômeur ou vit sous le seuil de pauvreté », déplore le directeur général du Bureau international du travail (BIT), Juan Somavia. « Ce qu’il faut, c’est que la création d’emplois dans l’économie réelle devienne notre priorité numéro un ».
Le rapport constate que la reprise qui avait démarré en 2009 a fait long feu et qu’il reste toujours 27 millions de chômeurs de plus qu’au début de la crise. Le fait que les économies ne génèrent pas suffisamment d’emplois se répercute sur le ratio emploi-population (la proportion de la population en âge de travailler qui occupe effectivement un emploi) qui a subi le plus fort déclin jamais enregistré entre 2007 (61,2 pour cent) et 2010 (60,2 pour cent).
Dans le même temps, la main-d’œuvre compte presque 29 millions de personnes de moins que ce à quoi l’on pouvait s’attendre en se basant sur les tendances d’avant la crise. Si l’on comptabilisait les travailleurs découragés parmi les chômeurs, le chômage mondial ferait un bond, passant du chiffre actuel de 197 millions à 225 millions, et le taux de chômage augmenterait de 6 à 6,9 pour cent.
Le rapport décrit trois scénarios pour l’évolution de la situation de l’emploi. La projection de base montre un surcroît de 3 millions de chômeurs pour 2012, et une hausse jusqu’à 206 millions d’ici à 2016. Si le taux de croissance mondial tombe au-dessous de 2 pour cent, alors le chômage s’élèvera à 204 millions dès 2012. Dans un scénario moins sombre, qui suppose que soit rapidement résolue la crise de la dette dans la zone euro, le chômage mondial baisserait d’environ 1 million en 2012.

75 millions de jeunes sans emploi

Les jeunes continuent de figurer parmi les personnes les plus durement touchées par la crise de l’emploi. A l’aune de la situation actuelle, le rapport précise qu’il y a peu d’espoir de voir leurs perspectives d’emploi s’améliorer de manière substantielle à court terme.
Le rapport “Tendances mondiales de l’emploi 2012” affirme que 74,8 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans étaient sans emploi en 2011, soit une hausse de plus de 4 millions depuis 2007. Il ajoute qu’à l’échelle mondiale, les jeunes ont un risque presque trois fois plus élevé que les adultes d’être au chômage. Le taux mondial du chômage des jeunes, qui atteint 12,7 pour cent, demeure un point de pourcentage au-dessus du niveau d’avant la crise.

Les jeunes sont particulièrement touchés par la crise

En 2011, 74,8 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans étaient au chômage, soit une augmentation de plus de 4 millions depuis 2007. Le taux de chômage mondial des jeunes, établi à 12,7 pour cent, demeure supérieur d’un bon point de pourcentage au niveau d’avant la crise.

Au niveau mondial, les jeunes ont presque trois fois plus de chances d’être au chômage que les adultes. En outre, selon les estimations, 6,4 millions de jeunes ont abandonné l’espoir de trouver un emploi et ont carrément quitté le marché du travail. Même ceux qui ont un emploi sont de plus en plus susceptibles de se trouver dans l’emploi à temps partiel et souvent dans le cadre de contrats temporaires. Dans les pays en développement, les jeunes sont exagérément représentés parmi les travailleurs pauvres. Comme, selon les projections, le nombre et la proportion des jeunes chômeurs devraient rester essentiellement inchangés en 2012, et comme la part des jeunes qui se retirent carrément du marché du travail continue d’augmenter, si la tendance actuelle se maintient, il y a peu d’espoir de voir une amélioration substantielle des perspectives de l’emploi à court terme pour les jeunes.

« La baisse du taux d’activité cache une situation du chômage mondial encore plus grave »

Au niveau mondial, il y avait près de 29 millions d’actifs en moins en 2011 que ce à quoi on s’attendait au regard des tendances d’avant la crise, soit 6,4 millions de jeunes et 22,3 millions d’adultes en moins. Cela équivaut à près de 1 pour cent de la main-d’œuvre réelle en 2011, et à près de 15 pour cent du nombre total de chômeurs dans le monde.

Si ces travailleurs potentiels étaient tous disponibles pour travailler et cherchaient du travail, le nombre de chômeurs passerait à plus de 225 millions d’individus, soit un taux de 6,9 pour cent, par rapport au taux effectif de 6 pour cent. Les taux d’activité ont plongé dans beaucoup de pays dans la région des économies développées et de l’Union européenne, ce qui s’est traduit par 6 millions d’actifs en moins que ce qui était prévu au regard des tendances d’avant la crise. Si l’on ajoutait cette cohorte aux chômeurs, le taux de chômage de la région passerait de 8,5 à 9,6 pour cent.

La capacité de l’économie mondiale de créer de nouveaux emplois a nettement baissé

Au niveau mondial, le ratio emploi-population a fortement baissé durant la crise, passant de 61,2 pour cent en 2007 à 60,2 pour cent en 2010, ce qui représente la plus forte baisse de ce type jamais enregistrée (depuis 1991). Si l’on se fonde sur les prévisions macroéconomiques actuelles, la projection de référence du BIT concernant le ratio emploi-population n’est pas encourageante, avec une tendance projetée inchangée ou légèrement à la baisse jusqu’en 2016.

Le scénario de dégradation envisagé par le BIT se traduirait par un double creux pour ce qui est du ratio emploi-population mondial, qui chuterait probablement au niveau le plus bas jamais enregistré vers 2013. Le scénario d’amélioration ne se traduirait pas par des taux de croissance suffisants pour entraîner une hausse substantielle du ratio emploi-population mondial, qui demeurerait bien inférieur aux niveaux d’avant la crise sur les prochaines années.

Accroissement des inégalités dans le monde

Comme l’économie mondiale se ralentit de nouveau, la convergence des niveaux de vie entre les pays s’est ralentie. L’écart en termes de productivité du travail entre les pays développés et les pays en développement — un indicateur important de la convergence des niveaux de revenu entre les pays — s’est réduit au cours des deux dernières décennies, mais demeure important : la production par travailleur dans la région des économies développées et de l’Union européenne était de 72.900 dollars EU en 2011, contre une moyenne de 13.600 dollars EU dans les régions en développement. Cela signifie que, une fois les corrections faites pour tenir compte des écarts de prix entre les pays, le travailleur moyen d’un pays en développement produit moins d’un cinquième de la production du travailleur moyen d’un pays développé. Les trois régions d’Asie ont représenté la totalité du rattrapage au plan de la productivité du travail entre les pays en développement et les pays développés entre 1991 et 2011, les autres régions en développement restant à la traîne.

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