La vie des Réunionnaises et des Réunionnais au quotidien

Continuer à se battre !

3 octobre 2012, par Jean Fabrice Nativel

Il fait beau sous le soleil. Du moins, pour certains. Car pour nombre d’entre nous, la vie reste difficile. Illustrations.

• Joëlle

Du TUC à la précarité

Ah ! Cette dame est entrée dans le salariat avec un TUC (Travaux d’utilité collective) et aujourd’hui elle est toujours en contrat précaire. Ces renouvellements de contrats incessants « me désespèrent » puisque, explique-t-elle, « je ne peux concevoir de projets sur le long terme ». « Ce qui m’irrite le plus, c’est de voir des collègues arriver bien après moi être titulaires de leur poste ».
Il est vrai, Joëlle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Ses droits au travail, elle les fait respecter. Voilà peut-être qui « déplaît ». « Je ne suis pas corvéable à merci », affirme-t-elle.

• Gabrielle

En attendant les vacances

Animatrice diplômée auprès des enfants, malgré de nombreuses demandes d’embauches, on fait appel à elle au moment des vacances scolaires. Une situation qui dure « depuis 6 années », précise-t-elle. Entre temps, elle perçoit les ASSEDIC. Ce qui est loin d’être suffisant pour satisfaire les besoins alimentaires de la famille, puisque son compagnon se trouve dans la même situation. Le couple se sacrifie pour l’éducation de deux chérubins. Souvent, ils réclament telle ou telle chose, comme des vêtements. « Nous leur confions que papa et maman n’ont pas les moyens », dit-elle. Et d’ajouter : « Quelle douleur pour nous de leur dire non » !

• Didier

La précarité, peut-être la pérennité ?

En colère, c’est l’état d’esprit dans lequel il se trouve. Il est allé frapper à toutes les portes — collectivités, entreprises, associations — pour décrocher un emploi. Tous lui ont dit que « pour l’instant, on ne recrute pas ». Sa spécialité est l’entretien des espaces verts. Pourtant, selon lui, « ce secteur est porteur d’emplois ». Il y a tant à valoriser, « les ravines, les bords de mer, les sites touristiques… ». Lui aussi est diplômé d’un CAP paysager et il continue de se perfectionner. Dans l’immédiat, les particuliers le sollicitent régulièrement. Additionnée au RMI, la monnaie perçue pour ce service rendu est bienvenue au foyer.

• Solange

Une journée qui commence à 5h

Dès 5 heures du matin, elle est debout. Le linge des marmailles repassé, elle les réveille. Deux heures et demie plus tard, ils sont déposés à l’école. Il est 8h30, elle est chez Denise où elle effectue le repassage et passe le balai jusqu’à 10h30. Elle est pressée, elle doit en effet se rendre à l’autre bout de la ville pour cuisiner le déjeuner, le dîner et faire le ménage pour une dame âgée. Il est 14h30, elle respire, mange un morceau et prend le café chez sa mère. Elle l’embrasse, il est l’heure de récupérer les enfants. Comme Didier, elle touche le RMI plus des allocations pour les enfants. Le travail qu’elle effectue n’est pas déclaré. C’est la seule solution qu’elle a trouvée, et pour cause, les portes du salariat lui sont pour l’instant fermées.

JFN, Observateur de la vie réunionnaise} 


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