Les travailleurs handicapés et l’emploi

Coopération transnationale pour solutions communes

10 décembre 2005

La mutualisation des démarches entreprises par les différents pays européens pour répondre aux problématiques de l’emploi des personnes handicapées peut faire émerger des réflexions et solutions communes. C’est dans cet objectif de coopération transnationale que l’Association réunionnaise pour la valorisation des initiatives socio-économiques (ARVISE) réunissait hier au CREPS les partenaires européens du projet réunionnais AMETHIS.

En 2005, 1.530 demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE de La Réunion sont des travailleurs handicapés. Chômage de longue durée, érosion des compétences, qualification insuffisante, repli sur soi, dispositifs d’accompagnement insuffisants : Catherine d’Hanens, la présidente d’ARVISE, explique que "les travailleurs handicapés âgés de plus de 45 ans sont marginalisés sur le plan de l’emploi".

Mutualisation des projets

Le programme réunionnais AMETHIS (Accompagnement et mobilisation vers l’emploi des travailleurs handicapés seniors) propose aux travailleurs handicapés seniors un accompagnement soutenu et adapté pour favoriser leur réinsertion professionnelle durable. Il concerne à ce jour 30 bénéficiaires engagés dans un processus de formation qui comprend une phase préparatoire de retour à l’emploi, une phase d’intégration en entreprises par le biais de stages financés par la Région Réunion et une phase d’accompagnement dans l’emploi.
La coopération transnationale, élément fondamental de l’initiative communautaire Equal qui ambitionne de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’inégalité dans la sphère professionnelle, a permis à la Lituanie, la République Tchèque, l’Italie, la Lettonie et la Belgique de se greffer au programme AMETHIS. Les partenaires européens peuvent ainsi confronter leurs différents projets expérimentaux d’accompagnement et de prise en charge des travailleurs handicapés selon les contraintes de leur marché du travail respectifs.

Après l’Italie, 5 Réunionnais en Belgique

Après une après-midi d’échanges fructueux, hier sur le site du CREPS à Saint-Denis, 2 problématiques communes majeures se dégagent : la question de la relation aux entreprises pour favoriser le placement des travailleurs handicapés et les conditions d’une intégration réussie, et celle de la méthodologie d’un accompagnement efficace en adéquation avec les contraintes du handicap déclaré.
Sur ce dernier point, La Réunion est en phase de réflexion avec la Belgique qui travaille sur la réalisation d’une brochure destinée aux employeurs. Après l’Italie, la Belgique accueillera d’ailleurs en février 2006 cinq bénéficiaires du programme AMETHIS Réunion pour les confronter aux difficultés de leurs homologues. Les méthodes employées pour l’accompagnement des déficients visuels en République Tchèque ont également retenu l’attention des acteurs locaux alors que la Lituanie souhaite quant à elle opérer un transfert des compétences développées dans notre île sur son territoire. Enfin, avec les partenaires italiens, il s’agit d’aborder une dimension plus complexe liée à la mise en réseau des acteurs locaux par le biais d’une grille d’enquête, d’un questionnaire soumis aux travailleurs handicapés pour mieux comprendre leur vision du monde professionnel, leurs attentes, leurs réticences, etc...

Si Max Técher, responsable du projet AMETHIS au sein d’ARVISE, admet que la France engage davantage de moyens pour l’accompagnement des travailleurs handicapés et l’incitation des entreprises que ses homologues européens, la resociabilisation de la personne, indispensable pour favoriser une dynamique de réinsertion professionnelle, reste un aspect majeur à travailler. "Le handicap conduit à la dévalorisation de soi, au repli, il faut encore se pencher sur la qualité de l’accueil proposée aux travailleurs handicapés, sur l’image des structures d’accompagnement".

Estéfani


Témoignages

L’âge, un handicap supplémentaire

Christine, malgré son handicap de naissance et l’atrophie de sa main gauche, a travaillé dès l’âge de 17 ans, passant de petits boulots en petits boulots pour être finalement employée durant 15 ans comme agent administratif. Après une pause pour éduquer ses enfants, en 2000, elle a souhaité retrouver une activité professionnelle. Elle a démarché longtemps sans succès. "Au départ, je mentionnais mon handicap, puis j’ai fini par le garder sous silence comme mon âge d’ailleurs. Quand on dit “handicap” à une entreprise, elle vous imagine de suite sur un fauteuil roulant, alors que l’on peut être handicapé sans que cela paraisse. Si en plus vous avez 50 ans... ".
AMETHIS s’est présenté comme une opportunité à saisir. Ce programme lui a permis d’être accompagnée dans sa recherche et d’intégrer une entreprise d’abord comme stagiaire avant d’être employée. "C’est très bien sur un plan personnel comme pour l’entreprise qui peut nous évaluer sans être obligée de s’engager", explique Christine qui souligne avoir eu de la chance, mais rappelle que la démarche est encore différente pour les personnes touchées par une incapacité en parcours de vie.
C’est le cas de Gilbert qui, à 52 ans, doit se resituer sur le marché du travail. Suite à l’ablation d’un rein qui a entraîné différentes complications et incapacités diverses, il ne peut plus exercer ni la mécanique, ni l’ébénisterie. Actuellement en stage d’immersion chez un concessionnaire automobile, il nous confie que "ce n’est pas facile de se reclasser à mon âge". Mais c’est tellement important de garder une attache sociale par le biais du travail.


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