Le micro-crédit social expérimenté à La Réunion

« Dans la boîte à outils, une solution de plus pour l’insertion »

11 avril 2008, par Edith Poulbassia

La Caisse des Dépôts et la Caisse d’Epargne lancent le micro-crédit social à La Réunion. La Mission Locale Sud et le Secours Catholique ont décidé de s’associer à l’expérimentation afin que leur public respectif puisse en bénéficier. A ne pas confondre avec le micro-crédit à la création d’entreprise, le nouveau dispositif permet d’octroyer des prêts de faibles montants à des personnes démunies pour les accompagner dans leur projet de vie. Un levier de plus pour l’insertion.

« Ce n’est pas un guichet, prévient Sophie Tiano, Directeur territorial de la Caisse des Dépôts. Mais le micro-crédit est un moyen de mener des actions qualitatives avec des partenaires sociaux ». L’Etat a confié à la Caisse des dépôts la mise en œuvre de ce nouveau dispositif en 2005 dans le cadre du fonds de Cohésion sociale. Objectif, permettre aux personnes exclues des circuits bancaires d’accéder à des prêts. Le micro-crédit était déjà opérationnel pour les créateurs d’entreprises, en partenariat avec Réunion Entreprendre, l’ADIE et Réunion active. Désormais, la Caisse des Dépôts élargit le micro-crédit au social. Forte de son expérience en métropole, la Caisse d’Epargne a décidé d’expérimenter le micro-crédit social à La Réunion. Deux acteurs sociaux ont répondu favorablement à son appel : le Secours Catholique et la Mission Locale Sud. Environ 100.000 euros sont disponibles pour ce coup d’essai local. « Si nous arrivons à montrer que ça fonctionne, si nous répondons aux besoins et construisons de vrais parcours, l’enveloppe budgétaire va progresser », assure, Hervé Tonnaire directeur de Région de la Caisse des Dépôts.

Des prêts à faibles montants

Le micro-crédit social donne accès à un montant maximum de 3000 euros pour les personnes démunies, remboursable sur 3 ans, avec un taux identique au livret A (3,50%). Aux partenaires sociaux d’assurer l’instruction des prêts et le suivi des bénéficiaires. La Caisse d’Epargne, par le biais de son association Créa-Sol (Création d’activité et solidarité) consent ou non à octroyer les prêts. Lesquels bénéficient d’une garantie à 50% du Fonds de cohésion sociale. « Dans la boîte à outils, le micro-crédit est une solution de plus pour l’insertion », souligne Christian Fara, Directeur de région de la Caisse d’Epargne. Et c’est bien de cette manière que le conçoivent la Mission Locale Sud et le Secours Catholique.
Le Secours Catholique, en lien avec les travailleurs sociaux, vient en aide aux personnes vivant de minima sociaux ou sans revenu. L’association a soutenu plus de 4000 personnes en 2006. Non seulement, le don ne sera plus le seul moyen de contribuer à l’insertion de ces personnes, mais le micro-crédit social permet de responsabiliser ce public. C’est aussi ça l’insertion. Amélioration de l’habitat, équipement en mobilier, aide à la formation, visite de personne malade en métropole, paiement de garantie de loyer, voilà ce à quoi le micro-crédit pourra répondre.

Intégration économique et sociale

Pour la Mission Locale Sud, ce sont surtout les jeunes de 16-25 sortis du système scolaire qui ont besoin d’aide. Près de 10.000 jeunes ont recours chaque année à la Mission Locale Sud. Les agents de la Mission Locale accompagnent ces jeunes, construisent avec eux un parcours personnalisé vers l’emploi mais ils interviennent dans d’autres domaines pour l’accès à la formation en passant par le logement et la santé. « La problématique du logement est assez récurrente, précise Régis Meriel, directeur de la Mission Locale Sud. Celle de la formation également. Il y a les formations que la Mission Local peut prendre en compte grâce aux dispositifs existants, et il y a celles dont le coût est trop élevé. Le jeune peut bénéficier de la solidarité familiale, c’est fréquent à la Réunion mais parfois insuffisant. Dans ce cas, le micro-crédit est une solution. Surtout que le parcours de professionnalisation conduit souvent à un emploi. Le jeune sera donc en capacité de rembourser le crédit ».

Des acteurs sociaux formés à l’accompagnement

Avant de se lancer dans l’expérimentation du micro-crédit social, la Caisse d’Epargne a préféré bien préparer le terrain. Une vingtaine de bénévoles et de salariés des deux partenaires sociaux ont bénéficié d’une formation d’accompagnant au prêt. Marie-Claire Puyjalon de l’association Finances et Pédagogie a fait le déplacement à la Réunion pour informer les acteurs sociaux. L’association créée par la Caisse d’Epargne mène un travail similaire en métropole auprès des jeunes, des salariés d’entreprises et des associations. Près de 1000 personnes (sur 75.000 au total) ont bénéficié d’une formation en 2006 dans le cadre du micro-crédit social.
La Caisse d’Epargne et ses partenaires sociaux ouvrent la voie à d’autres initiatives. En effet, la Caisse des Dépôts encourage les autres banques et acteurs sociaux à tester le micro-crédit social. Elle est disposée à accorder des subventions à hauteur de 15.000 euros à toute autre expérimentation locale et à prendre en charge la formation des accompagnants. L’initiative de la Caisse d’Epargne fait de la Réunion le premier DOM à expérimenter le micro-crédit social.

Edith Poulbassia


Grenelle de l’Insertion

« Micro-crédit personnel et inclusion financière »

Les groupes de travail du Grenelle de l’insertion présenteront le 23 avril à la Maison de la Chimie à Paris la réflexion menée sur ce problème d’accès des ménages modestes au crédit et aux services bancaires. La Caisse des dépôts invite les banques et organismes sociaux à cette rencontre.


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