1er mai à Saint-Denis

Dans les rangs syndicalistes

2 mai 2007

La marche du 1er mai, hier à Saint-Denis, a montré une forte mobilisation, quoique pas exceptionnelle pour une veille de 2ème tour de l’élection présidentielle, dont tous les salariés savent qu’elle va peser lourd - quel qu’en soit le résultat - sur le monde du travail.

Contre les « coups de pied » donnés dans le Code du travail et la remise en question des droits des travailleurs.

Qui aurait cru qu’il y avait tant de monde, à la vue des petits groupes formés sur la place, derrière le petit marché de Saint-Denis ? Mais, petits groupes par petits groupes, comme les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, les manifestants ont formé les rangs jusqu’à faire ce grand fleuve qui a déferlé par la rue Maréchal Leclerc.
Parmi eux, tous en blanc, les employés de la SETCOR, constitués en syndicat CGTR, indépendant de la Fédération des Transports. Ils iront rejoindre comme tous les autres leur place dans le défilé, ouvert par l’Intersyndicale. Que deviendrait le 1er mai sans les sections de la CGTR ? Elles ont réuni hier 4 à 5.000 militants, qui ont fait le gros du défilé du début à la fin, même si tout le monde n’était pas au rendez-vous dans les jardins de la Préfecture.
Sur les banderoles, les pancartes, les mots d’ordre suivent les consignes syndicales : défense des droits syndicaux, emploi et salaires. Pas de consigne de vote... mais les discours sont transparents. « Otez les politiciens néfastes aux travailleurs », « Otez les politiciens de la régression sociale », « Pour de vrais emplois, non au CNE ». disent les pancartes.

Avec la Fédération CGTR des Ports et Docks, toujours forte et très animée, un nouveau syndicat s’est formé : celui des Gens de la Mer, qui syndique des marins, des travailleurs de l’Equipement (division du dragage) ou des magasins. Ses principaux animateurs sont là : Thierry, Claude et Dany expliquent qu’ils se sont regroupés « à côté de la CGT », à laquelle adhèrent surtout les cadres de la marine. « Notre section regroupe les agents d’exécution, sur les quais et sur les bateaux ; pour qu’au moins, les revendications de base soient entendues », dit Thierry, Secrétaire général de la section.

La CGTR du Trésor public est toujours engagée dans l’action : un préavis de grève est déposé pour le 14 mai, dans le problème soulevé par les auxiliaires. Plus loin dans le défilé, Sud Solidarité confirme... la solidarité de sa section des Impôts et le désir de contribuer au débat sur la fiscalité « d’un point de vue réunionnais », exprime Eric Soupramanien, à partir d’une brochure nationale dont il nous recommande à tous la lecture : “Quel impôt demain ?”. Pour la CGTR-Trésor, l’important dans cet entre-deux tours d’élection est de « peser pour éviter le pire... ou avoir le moins pire », dit le responsable du syndicat.

Dalila Mahé est déléguée syndicale CGTR à Pass’Port, une association portoise paramunicipale dont la section CGTR a environ 1 an d’existence et dont les salariés, après une grève, ont obtenu « le rattrapage des salaires d’après la Convention animation, qui n’est pas appliquée dans sa totalité », explique Dalila. Pour les travailleurs de l’animation, le plus pénible est le chantage qui leur est fait : « Arèt di si le salèr bann zanployé (au SMIC) i rogmant, Pass’Port va fermé », s’insurge-t-elle, quand les cadres sont payés « deux fois et demie le SMIC, ou plus ».
Avec l’Union régionale Sud (CGTR), très offensive, défilent des salariés du Commerce, du BTP ou encore des Postes et Télécommunications. Et derrière viennent les syndicats de l’enseignement - FSU, SNEP-Réunion -, les retraités de la Fonction publique, la CFDT, Sud Solidaire... Tiens ! Les anarchistes n’étaient pas là cette année : pas de drapeau noir pour fermer le défilé !

A la CFDT, les syndiqués du Commerce débattent beaucoup du travail le dimanche depuis quelque temps. La pression patronale est forte. « Les “volontaires” sont payé(e)s le double ce jour-là ; comment les salariés pauvres pourraient-ils refuser ? ». Mais sur la base du SMIC (990 euros par mois), même une journée payée double, ça ne va pas chercher bien loin. « Les patrons trichent sur le SMIC de base : ils paient 7,87 euros au lieu de 8,05 euros, et les salariés ne peuvent rien dire, par peur du licenciement », poursuit Choukir Trimèche. Avec son copain Lebon, de l’UIR CFDT, ils ont beaucoup à faire pour syndiquer les salariés de la surveillance, du nettoyage et les employés de maison. « Ce sont les nouvelles formes d’esclavagisme moderne », estiment-ils, « des employés de grosses entreprises, le plus souvent, mais l’isolement de chacun entrave la syndicalisation. Les horaires diffèrent, les salariés quelquefois ne se connaissent pas, les salaires ne sont pas les mêmes ; les patrons font ce qu’ils veulent », disent les deux syndicalistes, en regrettant au passage l’absence totale de débats de société à la Télévision, « même pas à RFZéro » !

Arrivé devant la Préfecture, le défilé semble avoir “fondu” à moitié. Il est déjà plus de midi, et certains vont finir la journée dans un pique-nique prolongé. D’autres ont dû simplement se dépêcher pour ne pas manquer le car du retour. Les dirigeants syndicaux envoient à tous un message abrégé donnant l’essentiel des revendications (voir les réactions, p. 4-5) et chacun repart vers son bus, vite fait.
Une bonne mobilisation somme toute, dans un contexte où les salariés sont venus réaffirmer, comme l’a dit Ivan Hoareau, Secrétaire général de la CGTR, que « quel que soit le résultat des élections, les revendications sur les salaires resteront ».

P. David


Réactions

Armand Hoarau (UNSA)...
... s’inquiète « du manque de conviction et d’ambition européenne » des deux candidats à ce second tour de la présidentielle. Ils ne donnent, selon lui, « aucun outil pour faire face à la mondialisation » et « sauvegarder les systèmes de santé et d’éducation » français. Ils veulent s’en débarrasser - au plus vite - car « ils coûtent trop cher ». Il voit planer sur le monde syndical de sérieuses menaces avec la remise en cause des Accords Grenelles.

Jacky Balmine (CGTR Bâtiment)...
... n’adhère pas à l’idée « de remettre en cause le droite de grève par un vote à bulletin secret ». C’est un acquis gagné grâce à la détermination des ouvriers et des syndicats. Il tient à dénoncer en ce 1er mai « l’attitude de la FRBTP qui, récemment, a refusé de signer un accord de salaire avec la CAPEB ».

Patrice Picard (SG FSU)...
... à l’approche de se second tour de la présidentielle, est vigilant « aux annonces » émises d’un côté comme de l’autre. Avec la remise en cause du droit de grève, il voit en cet acte un bond gigantesque en arrière. Un recul ! Il demande au futur président(e) de se pencher réellement sur les problèmes de l’emploi, des salaires et des pensions avec une pleine ouverture au dialogue social.

Gilbert Annette (PS)...
... présent régulièrement à la Fête du Travail est venu soutenir les employés(es) « dans leurs revendications ». Il remarque avec surprise la façon d’être des manifestants qui, tout en brandissant leurs revendications, s’abstiennent de se prononcer pour tel ou tel candidat. Au moment de ce constat, le défilé était sur le point de se mettre en marche depuis le petit marché (Saint-Denis) vers la Préfecture.

Yvon Virapin (Conseiller régional)...
... voit en cette mobilisation « un symbole fort » d’entre-deux tours. Son credo, c’est l’école. Il assiste à la dégradation des conditions de travail dans les établissements scolaires. Il montre du doigt « le manque de moyens humains et financiers ».

M. Rivière de la CFDT...
... en premier ligne. Cette fête commémore les luttes passées menées pour l’amélioration des conditions de travail des employés. Des victoires arrachées à la force des poignets. Lui aussi relève depuis un certain temps dans l’île « la baisse du pouvoir d’achat, le taux de chômage élevé chez les jeunes » et « la casse du service public ».

Paul Junot (CFTC)...
... note le contexte particulier de ce défilé où le pouvoir et l’argent gagné vite par des entreprises dominent. Il remarque simultanément l’augmentation des richesses pour un petit groupe et la misère pour un autre groupe, mais celui-ci plus grand. Il appelle « aux partages des richesses ».

Yvan Hoarau (CGTR)...
... interpelle sur les questions sociales telles que « l’emploi, les salaires ». Pour lui, « nous nous situons en économie de bas salaires ». Le syndicaliste est mécontent car il trouve que l’existence de l’activité syndicale est menacée. Il tient à dire que « travailler plus ne fait pas gagner plus », c’est « une tromperie ».

Jean-Yves Langenier (Maire du Port)...
... « est aux côtés des travailleurs pour faire aboutir leurs revendications ». Il souhaite « que le mouvement s’amplifie » pour bâtir ou conserver le chantier social. Ce défilé « est la voix du peuple ».

J.-F. N.


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