Manifestation à la Direction du Travail contre l’interruption prématurée de C.E.C.

« De nouvelles économies sur le dos des précaires »

15 mai 2004

Hier matin, une délégation d’une soixantaine de personnes sous contrat emploi consolidé (CEC) de la commune de Sainte-Suzanne, soutenue par le Collectif Emploi en danger, s’est rendue à la Direction départementale du travail et de la formation professionnelle (DDTEFP) à Saint-Denis. Avertis par courrier que leurs contrats allaient prendre fin prématurément, ces Réunionnais en colère demandent que l’État respecte ses engagements et assume ses responsabilités.

Face à face entre Daniel Sautron et Jean-Paul Aygalent au sujet du courrier qui plonge les personnes sous C.E.C. de Sainte-Suzanne dans l’angoisse. (photo S. L.)

Plusieurs employés de la commune de Sainte-Suzanne, sous CEC, ont eu la mauvaise surprise de recevoir un courrier du CNASEA (Centre national de l’aménagement des structures et des exploitations agricoles) notifiant la fin de leur contrat d’ici un mois. Il semblerait que les neuf mois de leur précédent contrat en CES soient ainsi retranchés de la durée de leur CEC. Une procédure brutale à laquelle ils n’étaient pas préparés et qu’ils reçoivent de plein fouet sans plus d’explication.
Le directeur adjoint de la DDTEFP chargé des contrats aidés, Jean-Paul Aygalent, a expliqué qu’il mettait en application la directive de la loi de lutte contre l’exclusion, et cela depuis deux. Une méthode pour le moins paradoxale : il a déclaré ne rien pouvoir faire pour ces contrats précaires, si ce n’est saisir le préfet, afin de solliciter une dérogation. Une réponse jugée insuffisante par le Collectif Emploi en danger (CED) qui va lui-même écrire au préfet et entamer une plus large concertation en début de semaine prochaine. "Nous n’allons pas accepter que cette dernière année soit sucrée", estime Joëlle Patiram du CED, qui ne comprend pas ces méthodes gouvernementales ultra-libérales.
Un père de famille nous confie : "Sé banna la propoz amwin in CEC aprè mon CES. Astèr zot i arèt tout koma, lé pa posib. Lès anou alé zisko bout, kom lété prévi". Difficile pour lui, qui a fait des projets sur cinq ans, de cacher son angoisse. "Koman nou fé pou viv ?", demande Ghislaine, dont le CEC arrive à échéance le mois prochain. Le sentiment d’injustice qui frappe ces Réunionnais se lit sur leurs visages, mais aussi la détermination de ne pas accepter sans réagir. "Nou va rasemb tout domoun lé dan la mèm sitiasion, é si i fo batay ankor, nou sa batay pou fé respèkt nout drwa", lance Joëlle Patiram.
Un nouveau couperet s’abat sur ces familles qui ont l’amer sentiment d’être trahies, d’être flouées par le gouvernement qui agit sournoisement, en faisant là encore "de nouvelles économies sur le dos des précaires", a déclaré Daniel Sautron, responsable du CED. Elles demandent à ce que leur contrat aille jusqu’à échéance. Apprendre que l’on perd son travail dans un mois laisse bien peu de temps pour prendre ses dispositions, et prend des allures d’exclusion sans préavis sous couvert de restrictions budgétaires.

Estéfany


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