Rendez-vous annulé entre les chefs d’entreprises et la ministre hier en préfecture :

Déception et isolement des chefs d’entreprise de La Réunion

1er décembre 2018, par Manuel Marchal

Un profond sentiment de déception et d’isolement s’est emparé hier des chefs d’entreprises : au bout de quatre heures d’attente dans les jardins de la préfecture, annonce leur a été en effet faite que le rendez-vous pourtant prévu avec la ministre a été annulé. Invités à rendre copie de leurs revendications, ils ont purement et simplement refusé.

Charles Nagou et la délégation du Collectif des entreprises en détresse.

« Nous faisons partie de la majorité silencieuse qui ne casse pas, n’érige pas de barrage. Nous, aussi, avons des familles et ployons sous le poids des difficultés financières en raison des charges qui ne cessent de s’alourdir. Nous aussi participons à la vie économique à travers nos entreprises et les emplois que nous créons. Et, malgré tout, on refuse de nous écouter ; Mais que faut-il donc faire pour que notre cri de détresse soit entendu ? » :
C’est en ces termes qu’une chef d’entreprise a résumé hier le sentiment de déception en apprenant que l’audience qui leur avait été fixée ne serait pas honorée. Une question à laquelle un gilet Jaune s’est employé à répondre en ces termes :
« Quand il s’est agi de descendre dans la rue et de nous rejoindre, vous avez refusé en criant votre hostilité à notre égard. Cette situation, vous l’auriez voulue. On n’en serait pas si on était tous groupé, dès le début » !
« Mais, nous ne pouvons tout de même pas nous auto-bloquer en participant à des barrages, en empêchant les familles de circuler, les enfants d’aller à l’école. Nous avons des entreprises à faire tourner, des salariés à payer », s’est justifiée la chef d’entreprise :
« Parce que vous croyez peut-être que nous, nous ne travaillons pas et que nous nous amusons sur les barrages » ? A lancé le gilet jaune.

Dialogue avec un gilet jaune

« Je serais prêt à à 100 % à soutenir vos revendications car elles traduisent un vrai malaise social mais, là où je ne suis pas d’accord, c’est lorsque l’on porte atteinte aux libertés individuelles. Or, toutes vos actions constituent des entraves à ce principe. Mais bon sang, comment pouvez-vous mener des actions qui pénalisent la population tout en disant agir pour son bien ? Non, je me battrai toujours contre quiconque s’en prend à ma liberté sous toutes ses formes, je ne puis vous rejoindre, nous continuerons donc le combat sans vous », a conclu un chef d’entreprise invitant le gilet Jaune à « imaginer d’autres formes d’actions plus symboliques et ne prenant pas la population en otage ». Ce à quoi sa collègue a répondu : « Comme celles, par exemples, tournées vers les institutions, les mairies, les pouvoirs le Conseil régional, le Département, bref, ceux qui détiennent à un niveau ou, à un autre, le pouvoir décisionnel ». « Cette situation, c’est vous qui l’avez crée, un point, c’est tout » a martelé le gilet jaune en tournant les talons, ignorant « l’appel au secours » lancé par un tout jeune chef d’entreprise, abasourdi de se regrouper lui et sa corporation aussi isolée. Le même sentiment prédominait aussi au sein du « Collectif des Entreprises en Détresse »

Où est la « remise en cause du système » ?

« On devait nous recevoir à 14h, nous patientons ici depuis 13h et à 17 heures passées, on vient nous dire que la ministre ne pourra pas nous recevoir. Mais quel mépris. Ce n’est pas notre conception du dialogue pourtant mis en avant par la représentante de l’État ; Au final, aucun de nos représentant n’a été reçu. Les mesures annoncées ne sont que de la poudre aux yeux, ; du saupoudrage. Examinons-les : quelle avancée majeure et concrète y a-t-il eu ? Quelle vraie réforme ? Non, vraiment, aucune remise en cause du système faisant la part belle aux gros et à la justice sociale », s’est indignée Jean-Claude Sautron laissant à Charles Nagou, le président du collectif le soin de rappeler leurs revendications dont :
« L’indemnisation des pertes d’exploitation, l’indemnisation des chefs d’entreprise, des aides pour la reconstitution de la trésorerie des entrepmrises, le classement en zone catastrophe économique, report des cérdits, mise en place de découverts exceptionnels, rencontre avec le sdifférents organismes : URSAFF, CRC, CGSS, Trésor Public, Caisse des congés payés du bâtiment, rencontre avec les élus du conseil régional, départemental, chambres consulaires, association des maires (…) ».
« Nous appelons les chefs d’entreprise dans le même situation que nous à nous rejoindre au sein de cette plateforme commune pour se faire entendre dans cette détresse commune. Les annonces faites par le ministre ne vont pas assez loin. Elles ne prennent pas en compte tous les secteurs d’activité, elles ne prennent pas en compte les entreprises individuelles, elles ne résolvent pas les problèmes de trésorerie rencontrés par les entreprises. Un report des charges ne suffit pas. Les caisses sont vides et l’argent ne rentre plus et ont ne sait pas quand il rentrera à nouveau », précise la « Plateforme collective des entreprises dans la crise à La Réunion ».

« Du mépris pur et simple »

Le Collectif pensait en effet qu’il allait être reçu en présence de tous ces partenaires pour échanger sur la plareforme revendicative commune à l’occasion de cette audience avortée. D’où le double sentiment de déception. Un sentiment également de mise chez le représentant de l’Association du Collectif 974 représenté par Jean-Noel Hoareau qui lui aussi, après avoir pris son mal en patience a du rebrousser chemin. L’Association s’affirme comme « forces de propositions en terme de projets novateurs en matière d’énergies renouvelables », ainsi que l’a expliqué son président :
« Je travaille dans le domaine de l’énergie, je préside une association d’emplois verts « Passions d’Isle » ayant pour vocation la mise en place de projets d’emplois verts solidaires et raisonnés, notre collectif a été mis en place au début de cette année et rassemble quelques centaines de sympathisants. Il est en prise avec la réalité sociale et les préoccupations de la population, d’où sa demande d’audience pour exposer ses propositions, cela ne sera pas le cas, nous allons directement les adresser au Chef de l’Etat »a poursuivi Jean-Noel Hoareau en évoquant notamment « le projet Hiero » qu’il a monté et dont il appelle de tous ses vœux la concrétisation à La Réunion.
En apprenant qu’ils ne seraient pas reçus, quelques chefs d’entreprises ont exprimé leur mécontentement. « Au nom du respect de (leur) dignité » tous ont refusé la proposition de remettre leurs revendications aux fins de transmission à la représentante de l’État :
« C’est du mépris pur et simple, nous sommes considérés comme quantité négligeable alors que nous aussi participons à la vie économique et à la cohésion sociale. Mais que faut-il donc faire » ? D’où la question en boucle de cette chef d’entreprise. Ce à quoi un chef d’entreprise clairement identifiée par la représentante de la préfecture l’appelant au calme a répondu :
« Pe tèt fo ni kass, ni briz nou oci ». Un sentiment partagé unanimement hier en fin d’après-midi par l’ensemble de ces représentants du monde économique restés en plan dans la cour… de la préfecture et traduit par Jean-Claude Sautron : « Sé sa la règle ? Fo nou osi fè dézord pou ke zot i pran in kont èk nous ?… »,…

M.M.

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