Le marché du travail en juillet 2004

Des chiffres en trompe-l’oeil

5 octobre 2004

Parmi les chômeurs “sortis” des statistiques en juillet, 67% le sont sans avoir retrouvé d’emploi ni de formation : absence de contrôle, arrêt de recherche ou encore radiation administrative. De juillet 2003 à juillet 2004, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 a diminué de 10,5%. Mais les catégories ne parviennent pas à masquer une situation où même les contrats précaires sont en chute libre.

L’amélioration ne serait-elle qu’une apparence trompeuse ? Selon les derniers chiffres de la Direction du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie 1 (demandeurs d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée) a enregistré une baisse de 1% en juillet.
Selon les chiffres de la Direction départementale du travail, de juillet 2003 à juillet 2004, le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie 1 a diminué de 10,5%. Toutefois, malgré ce bon résultat, le nombre de demandeurs d’emploi recensés dans cette catégorie reste élevé, puisqu’il se monte encore à 69.959.

Au sein de cette catégorie, la baisse concerne aussi bien les hommes (-10,6% ) que les femmes (-10,4% ). C’est la tranche des demandeurs d’emploi âgés de 25 à 49 ans et ceux de 50 ans et plus qui sont les principaux concernés avec une baisse de 10%, alors qu’ils représentent près de 25% des demandeurs d’emploi de cette catégorie.
En revanche, la population des moins de 25 ans bénéficie moindrement de cette baisse, puisqu’elle n’est concernée qu’à hauteur de 6,1%.
Pour les demandeurs d’emploi inscrits dans les catégories 2 et 3 (demandeurs d’un emploi à temps partiel et à durée indéterminée, demandeurs d’un emploi à durée déterminée à temps partiel ou saisonnier), la baisse est moins significative : -6,5% de juillet 2003 à juillet 2004. Rappelons que dans cette catégorie sont recensées 92.691 personnes.

Premières entrées : 21% des demandes d’emploi

Au total, la baisse du nombre des demandeurs d’emploi sur un an concerne essentiellement les personnes inscrites depuis moins d’un an à l’ANPE, avec une baisse de 18,9%, sachant que les personnes à la recherche d’emploi depuis moins d’un an représentent 36,5% de l’ensemble des inscrits en catégorie 2 et 3.
Pour ce qui concerne les demandeurs d’emploi en catégorie 1, on a enregistré au mois de juillet 9.568 inscriptions contre 7.627 sorties. À titre de comparaison, en juillet 2003, l’on avait enregistré 11.241 demandes pour 7.627 sorties.
Une situation “inhabituelle” selon la DDTE qui s’explique par le fort taux de “premières entrées”, autrement dit de personnes qui quittent le cursus scolaire et entrent sur le marché du travail. Ce taux de “premières entrées” représente à lui seul 21% du total des demandes enregistrées.

Pourquoi les demandeurs d’emploi de catégorie 1 ont-ils grossi les rangs de l’ANPE en juillet ?
Les deux gros “bataillons” sont constituées dans l’ordre par des personnes en fin de contrat (3.189, soit 33,3% du nombre de demandes d’emploi enregistrées) suivies par les “premières entrées”, qui font connaissance avec les méandres de la recherche d’un emploi.
Parmi ces nouveaux demandeurs d’emploi comptabilisés en juillet, on compte également des victimes de licenciement, mais aussi 2.827 personnes que les statistiques casent dans la rubrique “autres cas”. Une sorte de “divers” fourre-tout où l’on retrouve tout de même 29,5% des demandeurs d’emploi de catégorie 1 de juillet !
La lecture des statistiques concernant la même catégorie pour la même période, mais pour les “demandes d’emploi sorties” est tout aussi riche d’enseignements. On apprend ainsi que 3.549 (46,5%) des personnes sont sorties des statistiques des demandeurs d’emploi. Ont-elles pour autant trouvé un travail ? Rien n’est moins sûr, car ces sorties sont comptabilisées sous la rubrique “absence au contrôle”.

Offre et demandes : solde négatif

Autrement dit, l’immense majorité de ces 3.549 hommes et femmes sont toujours à la recherche d’un travail, mais, n’ayant pas satisfait aux impératifs du contrôle, ils ne figurent plus dans les statistiques. À cela viennent s’ajouter les radiations administratives, qui représentent 12,2% des “sorties” de juillet. Sans compter les 326 personnes qui ont changé d’agence locale pour l’emploi, et qui sont - temporairement ? - exclues elles aussi de la cohorte des demandeurs d’emploi pour le mois de juillet.
Au final, si l’on ajoute les reprises d’emploi (1.280), les entrées en stage (916) et les “autres cas”, on arrive à 2.500 personnes qui sont censées avoir trouvé un emploi, même temporaire, soit 32,8% seulement des “sorties” de juillet alors que 5.127 personnes ne figurent plus dans les statistiques. Non pas parce qu’elles ont décroché l’emploi rêvé, mais tout simplement pour absence de contrôle, arrêt de recherche ou encore radiation administrative, soit au total 67,2% des cas...
On notera également que la forte proportion, dans la catégorie des “demandes d’emploi” enregistrées) des “fin de contrat” dénote à l’évidence une certaine précarisation de l’emploi. Une tendance corroborée par les chiffres des offres d’emploi enregistrées et des sorties comme on le verra plus loin. Au final, lorsque l’on compare le nombre d’inscriptions ( 9.568) et le nombre de “sorties”(7.627), et malgré le nombre élevé “d’absents au contrôle” radiés, on observe un solde négatif de 1.941 demandes non satisfaites...

S. D.


Le bond des contrats de moins d’un mois

Les chiffres concernant les offres d’emploi enregistrées et celles satisfaites en juillet mettent en évidence une détérioration de la situation entre juillet 2003 et juillet 2004. C’est ainsi que pour les offres d’emploi de type A, qualifiées d’emplois “durables” avec un contrat supérieur à six mois, l’offre est passée de 1.571 en juillet 2003 à 1.249 en juillet 2004, soit une diminution de l’offre de -20,5%.
La perte est encore plus nette pour la catégorie B (emplois temporaires, contrats de moins de six mois) puisque l’on passe de 2.825 offres en juillet 2003 à 1.844 en juillet 2004, ce qui se traduit par une chute de 34,7%.
Seule hausse, à la fois symbolique par la quantité, mais aussi par la tendance qu’elle dégage : celle de la catégorie C (emplois occasionnels, contrats de moins d’un mois) qui là, passe de 78 à 144 entre juillet de l’an dernier et juillet de cette année, soit un bond de 84,6%. Un arbre qui n’arrive pas à cacher la forêt...

S. D.


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