Des explications sans queue ni tête

Hausse du gaz

3 février 2007

La bouteille de gaz de 12,5 kilos passe de 18,82 à 19,45 euros, soit près de 3% d’augmentation, alors que le prix du pétrole est en baisse !

“Explications”, on nous en donne deux.

1 - La demande en gaz est traditionnellement plus forte durant l’hiver de l’hémisphère Nord et, du moment que les quantités de gaz demandées sont plus importantes, le prix augmente. Telle est la vérité, nous jure-t-on la main sur le cœur.

2 - À La Réunion, la consommation de gaz a fortement chuté. Les quantités de gaz demandées par La Réunion sont plus faibles, donc les conditions tarifaires sont moins favorables et le prix augmente.
Si vous avez bien suivi tout le “raisonnement” : en France, si tu as besoin de beaucoup de gaz, tu payes plus cher ; à La Réunion, si tu as besoin de moins de gaz, tu payes plus cher (1).

Est-il permis de se moquer des gens à ce point ?

1 - Dans tout l’hémisphère Nord, d’octobre à décembre, tous les journaux sans exception ont consacré des pages entières pour s’alarmer de la “disparition” des froidures automnales. Jusqu’en janvier, il n’y a pratiquement pas eu de basses températures. Et malgré ça, on tente de nous faire gober l’explication d’une demande accrue en gaz, pour chauffer quoi ? Et, de surcroît, contrairement à La Réunion, le gaz majoritairement servi en Europe ne provient pas de la péninsule arabique !

2 - La Réunion consommerait moins de gaz (2). Et cette baisse de la consommation est alléguée pour justifier l’augmentation des prix.
Pourquoi ? L’importateur de gaz aurait-il été contraint de remiser le méthanier qui dessert La Réunion au motif qu’il serait devenu trop gros pour le trop faible volume de gaz importé ? Bien sûr que non ! L’importateur de gaz aurait-il été contraint de rétrécir les sphères méthanières dans lesquelles sont stockées nos réserves de gaz. Non, bien sûr.

Donc, l’augmentation du prix du gaz est simple à comprendre. L’importateur, vendant moins de gaz, a décidé de faire payer son stockage aux Réunionnais. L’exact contraire des pratiques commerciales. Car, enfin, que se passe-t-il lorsqu’un commerçant se retrouve avec un stock d’invendus sur les bras ? Va-t-il augmenter ses prix ou bien va-t-il tenter de vendre à la baisse ? Mais pour le gaz, notre unique importateur a décidé qu’il doit gagner à tous les coups. Si je vends beaucoup, tu payes le prix fixé, si je vends moins, tu dois payer plus cher, car je ne veux rien perdre.
Conclusions : 1 - de toute urgence installer l’Observatoire de la formation des prix et des revenus ; 2 - en finir au plus tôt avec le monopole (ou quasi) de l’importation des produits pétroliers.

Jean Saint-Marc

(1) Et bien entendu, nous sommes priés d’avaler ce tissu d’inepties sans rien dire. Et bien entendu, il s’est trouvé des journalistes - sentinelles avancées de la société, comme disait J-L. Rabou - pour nous servir ces inepties sans le moindre commentaire.
(2) Il conviendra de s’interroger sur cette baisse de la consommation du gaz. La population s’accroît et les besoins en gaz diminuent. Ne faut-il pas plutôt y voir un lien avec la baisse constante du pouvoir d’achat ? Le retour des dangereux réchauds à pétrole est-il une légende ou une réalité ?


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Messages

  • sauf erreur de ma part, il y a un vice président chargé de la lutte contre les monopoles à la Région... qu’attendent les collectivités locales pour créer une structure à l’instar de ce qui a été fait pour air austral, via le fonds d’investissement régional et un appel à l’épargne locale, pour contrecarrer la toute puissance de la SRPP (10 millions d’euros de résultat net) et qu’attendent les partis politiques dénonçant cette situation d’obtenir de la Préf la convention fixant les modalités de calcul des prix à la pompe et ceux du gaz ...!!

    de l’action que diable !


Témoignages - 80e année


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