Incarcérés, mais en activité sur les sentiers de l’ONF

Des jeunes Réunionnais mènent une première expérience nationale

7 octobre 2006

En chantier d’insertion depuis peu sur les sentiers de l’ONF, des jeunes incarcérés de la Maison d’arrêt Juliette Dodu de Saint-Denis, par ce chantier, mènent une expérience. La première sur le territoire national.

Qu’ont-ils ces jeunes hommes réunis hier matin à la Mairie annexe de Saint-Gilles les Bains ? L’âge : moins de 25 ans ; leur lieu de vie : la région Nord (Saint-Denis et Sainte-Marie) ; leur souhait : réussir leur vie et dans la vie ; leur incarcération : à la Maison d’arrêt de Juliette Dodu à Saint-Denis. Certains les qualifient de délinquants. Pour moi, ils resteront ni plus ni moins des êtres humains qui, a un moment donné, ont commis une erreur !

Des jeunes en contrat CIVIS...

Ces jeunes Réunionnais participent depuis le 2 juillet à une action d’insertion par la formation professionnelle qui s’achèvera en janvier. Une première sur le territoire national. Tous les projecteurs sont tournés vers les initiateurs de ce projet : la Mission Locale Nord, l’Office Nationale des Forêts, le SPIP, la Juridiction Nord, la DDTEPP, l’ANPE et l’association PCV Quartiers citoyens. Avec cette association, ces jeunes ont signé un contrat d’insertion dans la vie (CIVIS).

... pour se reconstruire

Ces jeunes vivent, grâce à leur nouvelle situation, une autre vie. Du lundi matin au vendredi soir, ils ne sont pas à la Maison d’arrêt. Ils valorisent des sentiers de l’ONF à Saint-Denis où à La Possession par exemple. Ils dorment soit chez leurs parents, une sœur, une tante qui sont très étonnés de les voir au travail. Car il faut le souligner, malgré tout, pour certains, ça a été la belle vie pendant toute une période jusqu’à l’erreur. Mais bon ! La page est tournée vers l’avenir.

Un bilan de mi-parcours satisfaisant

Pour ce bilan de mi-parcours, hier, la note était satisfaisante. Mais ils peuvent mieux faire, notamment dans le respect de la parole donnée. Et lorsque l’on dit que l’on vient à cette rencontre, on ne se dérobe pas à la dernière minute. Là aussi, les pendules seront remises à l’heure, car cette action est sous haute surveillance. Tous les regards sont tournés vers eux et leurs “tuteurs”. D’eux dépendront la conduite de ce genre de projet pour des jeunes incarcérés notamment.

À vous de jouer !

Sur les sentiers de l’ONF, les encadrants qui n’ont pas été formés pour ce projet - il est nécessaire le souligner -, tout en bousculant les habitudes de ces jeunes, les motivent. Une formation au maniement des sabres, de la débroussailleuse leur a été donnée. Ainsi que des mesures de sécurité et d’hygiène à observer pour la réussite de chantier et de leur réinsertion par l’activité après la sanction. Messieurs, toutes les cartes sont entre vos mains. On attend beaucoup de vous. À vous de jouer !

J.-F. N.


o Leur premier emploi
"Tous occupent pour la première fois leur premier emploi", indique M. Domballe, Conseiller et chargé du projet. Ils ont été sur la pente de la désocialisation “tout près de perdre pieds” surtout dépourvus de qualification et présentant des handicaps en lecture comme en écriture. D’autres étaient délinquants et sont placés sous la tutelle de la justice. Par le biais de cette action, ils reprennent contact avec la société. Ils sont accompagnés dans la construction d’un projet personnalisé pour une autonomie sociale dans leur recherche d’emploi tout particulièrement.

o Motiver, plus que jamais
On ne peut citer ni le prénom, ni le nom de ces jeunes. Mais pour les avoir écoutés et entendus, ils sont, même s’ils affichent pour la plupart un regard dur et sérieux, motivés pour mener à terme cette formation. Ils ont repris goût à la vie et retrouvé leurs proches. Mais ils ont un engament, il faut arriver à l’heure sur le chantier où il est nécessaire d’avoir une bonne tenue tant vestimentaire qu’au niveau du comportement. Sur le chantier, ils travaillent dans un esprit d’équipe prêts à s’épauler quand il le faut, même si les règles de sécurité et d’hygiène ont, dans un premier temps, étaient difficiles à “digérer”. Au fur et à mesure, tout rendre dans l’ordre. Et heureusement ! En effet, si un de ces jeunes n’occupait pas d’emploi à ce jour, il se retrouverait, au moment où j’écris ces lignes, à la rue. L’aventure est loin d’être terminée pour ces jeunes. Prochainement, ils commenceront une formation sur la connaissance des plantes.

o Une première pour La Réunion et la France
Mme Ferrand, une des personnes qui suivent de très près ce dossier. Il est innovant car "il est une première pour l’ONF et pour le territoire national".

o "Nous avons besoin de vous"
Freddy Samy, Président délégué de la Mission Locale Nord et adjoint au maire de Saint-Denis, souligne l’extraordinaire aventure humaine vécue par ces jeunes. Lui-même est amené à rencontrer des jeunes des quartiers de Saint-Denis. Et bien souvent, il lui est difficile de leur apporter une réponse concrète sur les possibilités d’emploi. Avec ce projet de chantier conclu avec l’ONF, une possibilité voit le jour pour certains d’entre eux. Et il a "besoin d’eux". C’est un véritable défi ! Pour lui, l’autre mission de la prison après la sanction est "la réinsertion".

o Repartir en janvier avec un diplôme en poche
Pour Odile Traband, Directrice d’insertion et de probation au Ministère de la Justice, "le pari est presque gagné". Elle les pousse à continuer pour, en janvier, repartir dans la vie active avec un diplôme en poche.

o Le PCV et l’ONF
L’association Providence, Camélias, Vauban (PCV) quartiers citoyens porte ce chantier. Une volonté pour elle de participer au respect de l’environnement et "d’engager avec la population placée sous main de justice une démarche citoyenne de responsabilisation vis-à-vis de la propreté des quartiers de Saint-Denis". Elle forme et insère depuis des années les publics en difficultés sociales. L’ONF met à leur disposition les sentiers et les encadrants dont M. Fontaine et M. Pravenant. Eux les forment aux différentes techniques pour l’entretien des sentiers, les mesures d’hygiène et de sécurité.

o Le service pénitentiaire d’insertion et de probation
"Créé par décret 99-276 de 13 avril 199, le service pénitentiaire d’insertion et de probation vise, par sa création, une plus grande efficacité, se substituant aux anciens comités de probation et services socio-éducatifs. Ainsi, ce service, au sein de l’administration pénitentiaire, offre aux autorités judiciaires la garantie du suivi individuel des personnes condamnées en développant les mesures alternatives à l’emprisonnement et contribue à la lutte contre la récidive en assurant au mieux l’insertion et la probation des personnes condamnées".


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