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Des milliers de jeunes Réunionnais rappellent leur priorité : travailler à La Réunion
Succès de la Journée de l’alternance
jeudi 3 septembre 2020, par
Hier en pleine épidémie, plusieurs milliers de jeunes se sont pliés à un dispositif sanitaire contraignant pour participer à la Journée de l’alternance. Manifestation organisée par la Maison pour l’Emploi Nord, avec le soutien de la CINOR, elle vise à faire se rencontrer des jeunes à la recherche d’un travail et des employeurs. Parmi ces jeunes, beaucoup ont déjà au moins la licence voire plusieurs années d’expérience en France, mais sont prêts à repartir en CAP/BEP ou en Bac en alternance afin de bénéficier d’un revenu tout en espérant échapper au chômage de masse touchant la jeunesse réunionnaise depuis des décennies.
La crise COVID-19 a entraîné l’annulation de plusieurs événements de masse. C’est ainsi que le Salon de la Maison 2020, manifestation qui draine le plus de public à La Réunion, a été annulé. Mais la Journée de l’Alternance a été maintenue. Cette initiative de la Maison de l’Emploi Nord, soutenue par la CINOR, permet à des jeunes de rencontrer des employeurs potentiels, susceptibles de les embaucher sur un contrat d’apprentissage.
Les jeunes ont répondu massivement à cette initiative. Ils étaient hier plusieurs milliers à se rendre au Parc des expositions de Saint-Denis. Compte tenu de la crise sanitaire, un protocole sanitaire très strict avait été mis en place : prise de température, gel hydroalcoolique et bien sûr port du masque obligatoire. Par ailleurs, un système de comptage a été mis en place, limitant l’affluence dans le Parc des expositions à 1.000 personnes. En conséquence, il fallait patienter avant d’entrer et prendre le risque d’être refoulé.
Tout ceci n’a pas découragé des milliers de jeunes, ce qui souligne leur forte motivation à faire respecter leur droit à un travail.
Exil, chômage ou déqualification
A La Réunion, les jeunes sont une des couches de la population les plus touchées par la pénurie d’emploi qui dure depuis des décennies à La Réunion. Dans notre île, la majorité des jeunes de moins de 25 ans qui ont quitté l’école ou l’Université sont au chômage. Ceci a pour effet de favoriser l’exil en France ou ailleurs de Réunionnais qui se sont formés pour un métier. Ce potentiel inexploité à La Réunion bénéficie donc à des pays lointains.
Pour ceux qui ont fait le choix de ne pas partir, la lutte contre le chômage est très difficile. Chaque année, des centaines de jeunes quittent l’école à 16 ans sans diplôme. D’autres échouent également à obtenir une qualification reconnue par l’Education nationale. Pour eux, le taux de chômage dépasse 60 %. Quant aux diplômés de l’enseignement supérieur qui veulent vivre à La Réunion, en dehors de la Fonction publique, il est bien difficile d’avoir droit à un emploi correspondant au niveau de formation.
Ainsi hier, parmi les milliers de jeunes se trouvaient de nombreux diplômés de l’Enseignement supérieur contraints au chômage de longue durée. Dans ces conditions, ces jeunes sont prêts à recommencer leurs études au niveau du Bac, voire du CAP/BEP, afin de pouvoir bénéficier de la maigre solde d’un apprenti et de l’espoir d’être embauché eu égard à l’expérience accumulée pendant le contrat d’apprentissage. Il y eut même des jeunes Réunionnais diplômés, pouvant prouver plusieurs années d’expérience professionnelle en France, mais qui sont exclus de l’emploi à La Réunion. Eux aussi acceptent la déqualification en échange d’un maigre salaire.
Changeons de modèle
Être prêts à accepter une telle déqualification montre bien que pour ces jeunes, la priorité est d’avoir un revenu issu du travail pour devenir autonome et commencer à construire un projet de vie à La Réunion. Mais même sur ces emplois sous-payés, la concurrence est rude. Hier au Parc des expositions de Saint-Denis, seules 4 entreprises étaient présentes, tandis que Pôle emploi avait affiché plus d’une centaine d’annonces de recrutement.
L’essentiel des institutions présentes étaient donc des organismes de formation. Or, être admis en formation pour suivre une formation en alternance ne garantit pas l’emploi à son issue.
La réussite de la Journée de l’alternance souligne donc bien la nécessaire remise à plat du modèle social en place à La Réunion. Si ce modèle avait pour but le développement de La Réunion, nul doute qu’il ferait de la jeunesse sa priorité, car dans n’importe quel pays, c’est la jeunesse qui est la plus grande richesse. Ce n’est manifestement pas le cas.
Par conséquent, il appartient aux forces vives de La Réunion de s’entendre sur un projet pour un autre modèle. Cette idée est de plus en plus partagée. La Conférence territoriale élargie aux forces vives est le cadre d’élaboration proposé notamment par le PCR.
M.M.
Messages
3 septembre 2020, 13:18, par nicolas
Effectivement le constat est fait et refait cependant rien n’est fait pour lutter contre cela c’est même de la discrimination .
Les jeunes ont des fois l’envi de voir du pays comme on dit l’expérience en métropole tourne souvent au cauchemar après des années à travailler là-bas sans espoir de retourner dans notre département .
Les forums insistent à faire des études gratifiantes dans l’exagone ou encore de passer des concours de la fonction publique .
Effectivement que les jeunes naïvement se voient travailler un peu de temps en métropole puis revenir à la Reunion mais ce n’est qu’un fantasme . Loin de tout exilé la Reunion perd une partie de sa jeunesse et de ses talents comme quoi à la Reunion ceux qui restent doivent se contenter des restes c’est à dire les postes peu intéressant et à salaire moindre ...
Le retour de ces réunionnais serait cependant bénéfique pour l’essor de notre département ....