Plan Borloo : Loin des objectifs annoncés

Des milliers de Réunionnais au bord du chemin

11 avril 2006

Entre les annonces du gouvernement lorsqu’en décembre 2004 Jean-Louis Borloo était venu ici présenter le plan de cohésion sociale et la réalité, on a un fossé et un bilan : des milliers d’emplois en moins au détriment des Réunionnais.

Hier, le préfet tenait une conférence de presse sur le volet emploi du plan de cohésion sociale. Sous cette dénomination, on retrouve les “emplois aidés” déclinés dans le “Plan Borloo”, à savoir les contrats d’Avenir, les contrats d’insertion dans la vie sociale, le contrat d’accompagnement dans l’emploi et le contrat d’insertion du revenu minimum d’activité (RMA).
La lecture des documents remis à la presse à cette occasion montre le décalage profond entre les annonces du gouvernement et la réalité.
Destiné à remplacer les CES et les CEC depuis le 1er janvier, le Contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE) "s’adresse aux publics les plus éloignés de l’emploi dans le cadre d’un CDD de 2 ans maximum avec un employeur public", indique la Préfecture. Ils concernent donc des milliers de Réunionnais, ainsi que les collectivités locales, les services publics et les associations.

6.654 CAE

Force est de constater que selon les services de l’État, à la date d’hier, 6.654 CAE ont été conclus. Et l’État estime que c’est une "mesure en surconsommation", donc que ce dispositif a atteint les limites de l’enveloppe fixée. Ces 6.654 CAE sont à rapprocher des 25.000 Réunionnais qui étaient l’an dernier sous contrat CES ou un CEC. En 2003, ils étaient 30.000, 40.000 en comptant les CIA, et 56.000 en 2001 (CES+CEC+CIA).
C’est dire l’ampleur de la casse pour des milliers de Réunionnais, qui sont "les plus éloignés de l’emploi". En diminuant les crédits pour qu’ils puissent malgré tout échapper, ne serait-ce que temporairement, au chômage de longue durée et au revenu minimum, on les maintient dans l’exclusion. Cette casse se répercute dans les services publics, les collectivités locales et les associations. Si le nombre de travailleurs faisant fonctionner ces services rendus à la population diminue, comment les assurer ? Comment va-t-on finir l’année ?

De nouveaux besoins

D’autant plus que La Réunion vit des événements exceptionnels, qui font apparaître de nouveaux besoins et services. C’est d’ailleurs ce que reconnaît l’État quand on voit que la Préfecture note dans le même document que "dans le cadre de la lutte contre le chikungunya des procédures exceptionnelles ont été mises en place avec taux de prise en charge par l’Etat des CAE porté à 95%".
Pour expliquer le nombre de contrats signés, l’État annonce que "les quota et taux de prise en charge définis lors du Service Public pour l’Emploi du 30 août 2005 sont insérer dans le cadre de l’enveloppe unique régionale (DTEFP) selon la décision prise en SPE du 13 mai 2005".
En plus de cette dégringolade dramatique, les autres mesures phares du Plan Borloo destinée à lutter contre le chômage sont loin d’atteindre les annonces faites par le gouvenrement lors du lancement du plan de cohésion sociale.


An plis ke sa

Contrats d’avenir : 900 conclus au lieu des 15.000 annoncés
Autre mesure “phare” du “Plan Borloo”, les contrats d’avenir sont encore loin d’atteindre leur objectif. Ils sont destinés aux "allocataires de minimas sociaux". En décembre 2004, le gouvernement avait annoncé à la présidente du Conseil général l’attribution de 15.000 contrats par an pendant 5 ans, soit 75.000. Finalement, l’objectif, nettement revu à la baisse pour l’an dernier était de 5.000 contrats pour un engagement de l’État correspondant à 24 millions d’euros. À ce jour, 1.700 ont été conclus à La Réunion, dont 900 au 31 décembre 2005...

500 RMA signés en 18 mois
Depuis septembre 2004, 500 contrat d’insertion du revenu minimum d’activité (en abrégé RMA) ont été signés. Ce chiffre est à comparer au nombre de érémistes à La Réunion (plus de 70.000), à qui est destiné ce dispositif. "L’objectif est d’atteindre 500 signatures CIRMA par an", écrit la Préfecture.

CIVIS : 2.000 emplois créés par an ?
"Le Contrat d’insertion dans la vie sociale est un dispositif pour l’accès à l’emploi des jeunes Réunionnais (...). Depuis octobre 2005, un conventionnement bilatéral DTEFP/mission locale pour le recrutement des conseillers CVIVIS et les actions à mettre en place se donne pour objectifs annuels 5.000 entrées et 2.000 sorties en emploi".


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