L’audit sur la SERMAT présenté hier aux dockers

Des possibilités de préserver les emplois

17 janvier 2014, par C.T.

En mai dernier au Port, le grand meeting de solidarité avec notamment le PCR, et des associations, comme l’AJFER-Nou Lé Kapab avait montré la détermination des dockers à défendre leur juste cause. (photo Toniox)

Lors de l’assemblée générale de la CGTR Ports et Docks, Danio Ricquebourg a mis en évidence, chiffres et rapports à l’appui, les possibilités pour la direction de la SERMAT de faire des économies dans divers postes et ainsi préserver les emplois.

Cependant, le bras de fer devrait continuer car le patronat souhaite l’externalisation et le départ volontaire des salariés. Pour les experts, les patrons ont une gestion de rente du port et non des objectifs d’activité comme tous les ports du monde.

Des charges élevées sur le Port

Pour le patronat, « les charges sur le Port sont élevées, parce qu’il s’agit des salaires » a indiqué le syndicaliste. « Ce sont des travailleurs en trop pour les patrons ». D’ailleurs « toutes les charges dont ils profitent, en tirant l’argent des sociétés pour créer une situation artificiellement dégradée » sont utilisées « pour pouvoir nous licencier », a expliqué Danio Ricquebourg, secrétaire adjoint de la CGTR Port et Docks. Ce dernier a ajouté que « les charges, c’est SRMP et Manumat, et les fraudes qui sont en train de pourrir ». Autre argument mit sur la table par le patronat pour justifier sa volonté de licencier, la diminution du trafic. Cependant, au cours des années 2008/09, période de la Route des Tamarins, le trafic avait considérablement augmenté. Or, depuis 2010, le trafic est revenu à la normale.

De plus, depuis le début du moins de janvier, le patron de la SERMAT « annonce un déficit pour la fin de l’année 2014. C’est la première fois qu’un patron souhaite et prie pour avoir un déficit ». Moyen pour ce dernier de lancer des « départs volontaires et de demander aux dockers de faire des sacrifices », a raillé Danio Ricquebourg. Face aux déficits annoncés « pourquoi n’ont ils pas déclenché le droit d’alerte ? » pour « voir où sont les difficultés et aider à faire des économies ». « Mais personne n’a déclenché le droit d’alerte ».

En plus de ne pas avoir tiré la sonnette d’alarme, le patron de la SERMAT a prévu avant la fin de l’année 2013, « un prévisionnel déficitaire pour fin décembre 2013, pour qu’en 2014, ils décident de licencier ». Le syndicaliste a expliqué que « la crise leur permet de supprimer les droits des travailleurs, d’obliger à des sacrifices de la par les travailleurs et à remettre en cause le droit du travail ».

Des économies possibles

D’après l’audit financier, l’entreprise SERMAT a la possibilité de faire près d’1 million 200 euros d’économies sur de nombreux postes, notamment les pièces détachées, dont certaines peuvent être commandées localement. D’ailleurs, l’expert a mis en évidence des différences entre les montants des factures de Manumat réclamées à la SERMAT et les montants inscrits dans la comptabilité. « L’expert n’explique pas ce décalage de Manumat entre sa comptabilité et sa facturation », a lu Danio Ricquebourg.

Un exemple qui revient également concernant l’achat de pièces, certaines sont vendues à un montant mais payées à un autre, créant ainsi des écarts de comptabilité importants. Tous ces décalages de facturation représentent des millions pouvant être économisés. « Des économies peuvent être faites, mais pas sur le dos des travailleurs », car « une fois les engins payés, les prélèvement auraient dû s’arrêter ». En gros, explique le syndicaliste, « quand on a un crédit à la banque, on continue pas à payer le crédit une fois que c’est fini ». L’expert note que les facturations auraient du prendre fin une fois les engins payés.

Ce dernier a d’ailleurs détaillé les chiffres des écarts de montant des salaires non réclamé par la SERMAT, et pouvant être économisés. Ils oscillent entre 20.000 et 140.000 euros. Face à ces nombreuses malversations, Danio Ricquebourg a affirmé qu’il « faut que le vent de la justice passe sur le Port », d’autant que le syndicaliste possède de nombreuses preuves et rapports pour étayer ses propos.

La lutte va continuer

Pour les syndicalistes, Danio Ricquebourg, Raphaël Gossart, Didier Thomas de la SERMAT et les représentants CGTR Ports et Docks dans les autres entreprises du Port, la grève pourra être lancée, si les négociations n’aboutissent pas. Par le passé, les patrons avaient tenté le pourrissement, les syndicalistes ont mis en avant la « légitimité de leur grève ». D’autant que de nombreuses preuves ont été apportées.

D’ailleurs, l’expertise a démontré que « les erreurs du passé » ont encore des conséquences aujourd’hui. « Cela montre que notre combat est juste depuis plus de 20 ans », a affirmé Danio Ricquebourg. Ces erreurs sont la mutualisation de la main d’œuvre qui a bloqué le système de fonctionnement du port. Un Grand Port Maritime qui « est essentiel pour le développement de La Réunion » a noté l’expertise organisationnelle.

« C’est une victoire pour nous, parce qu’on peut faire des économies et éviter les licenciements », a déclaré le secrétaire adjoint de la Fédération CGTR Port et Dock. Ce dernier a dénoncé « un système colonial qui doit prendre fin » et pointé du doigt « l’incompétence des patrons à relever les défis » pour le développement de La Réunion. Pour l’heure, le comité d’entreprise d’aujourd’hui donnera les suites de la mobilisation des employés de la SERMAT et de l’ensemble des dockers du Port.

 SaiLin 

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