Extraits de l’étude de l’I.R.E.S.

Des reculs pour la condition des travailleurs

4 août 2005

Dans sa lettre trimestrielle de juillet dernier, l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) a publié le résultat d’une étude qui tombe à point nommé. Intitulée “Les travailleurs pauvres : la résurgence de la pauvreté laborieuse ?”, elle explique les conséquences de la déréglementation croissante du droit du travail au profit des entreprises, et ses conséquences négatives pour les travailleurs qui la subissent, notamment en termes de diminution du droit au logement. Extraits.

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o Condition salariale inférieure à celle de 1960
Une autre façon d’analyser les causes de la pauvreté laborieuse consiste à considérer simultanément les changements ayant affecté les conditions de rémunération des salariés considérés dans leur ensemble, d’une part, et les transformations ayant affecté le marché du travail, d’autre part. Un indicateur simple permet de prendre en compte la première dimension. Aujourd’hui, dans la masse totale des revenus perçus par les ménages, les revenus salariaux monétaires - directs et indirects - perçus par les ménages de salariés ou de chômeurs représentent une part inférieure à celle de 1970 alors que, dans le même temps, le poids de ces ménages dans la population totale a augmenté. En termes de niveau de vie relatif, la condition salariale est ainsi, en moyenne, inférieure à celle qui prévalait dans les années 1960.

o Davantage de travailleurs pauvres
Face à cette dégradation de la condition salariale, tous les salariés n’ont pas été logés à la même enseigne. Si ceux qui disposent de ressources patrimoniales ont pu compenser cette dégradation, les autres ont eu moins de possibilités de faire face à cette “modération salariale”.
Comme, par ailleurs, de nouvelles formes d’inégalité salariale sont apparues avec le développement du temps partiel, un nombre croissant de salariés s’est retrouvé dans des situations de pauvreté ou en était très proche. Ainsi, l’effet combiné des politiques de modération salariale et la multiplication des bas salaires a, très probablement, contribué à la recrudescence de la pauvreté laborieuse dans les années 1990.

o Perte de la confiance en soi
Les travailleurs pauvres apparaissent aux bailleurs comme des “personnes à risque” contraintes de ce fait à se loger dans le parc privé dégradé, les hôtels meublés ou les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et les Centres d’hébergement d’urgence (CHU). De telles situations ne sont pas sans retentissement sur la psychologie des hébergés. Elles finissent par altérer leur sentiment de confiance en soi et à les rendre timorés dans la recherche de logement et d’emploi.

o Des garanties impossibles à fournir
Enfin, les travailleurs pauvres souffrent à l’évidence d’un déficit de confiance qui les contraint à multiplier les garanties. Leurs interlocuteurs (employeurs potentiels, bailleurs...) ont été gagnés par une exigence d’assurances (CDI, niveau de revenus...) que ces personnes sont rarement en mesure d’offrir et sont souvent réduites à rechercher auprès des associations caritatives.

o Des logiques opposées
La question finalement posée par le problème des travailleurs pauvres est bien celle du décalage de normes. Entre celles qui prévalent pour les employeurs en termes de rémunérations et de stabilité de l’emploi et les exigences des bailleurs, l’écart est considérable. Pour les premiers, c’est le temps court, la fluidité qui fait référence. Pour les seconds, seule l’inscription longue dans l’emploi, le CDI, a valeur de garantie


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