Suppression de 10.000 postes dans l’Éducation nationale

Des risques réels d’accroissement des inégalités

30 juin 2007

L’annonce par le ministre Xavier Darcos de la suppression de 10.000 postes en 2008 provoque la colère des syndicats. L’Unsa-Education fustige un ’pilotage par la seule approche budgétaire’. La FSU prévient qu’elle va ’organiser la riposte’.

Le ministre de l’Éducation préconise de "regrouper des options", "changer les programmes" et recourir aux heures supplémentaires pour les professeurs.
(photo Toniox)

Le ministre de l’Education, Xavier Darcos, a annoncé jeudi 28 juin la suppression de 10.000 postes dans l’Education nationale en 2008. Un chiffre qui a provoqué, jeudi soir, la colère unanime des syndicats d’enseignants.
Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, principale fédération de l’Education, dénonce une « logique comptable à courte vue, qui sacrifie l’avenir, compromet l’objectif d’assurer la réussite de tous et laisse présager un nouveau creusement des inégalités ».
Il estime que les suppressions de postes vont provoquer « une dégradation des conditions de travail et des conditions d’enseignements. Si ces annonces se confirment, la FSU fera tout pour organiser la riposte la plus unitaire possible », prévient Gérard Aschieri.
Le Snes-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges et les lycées, rejette pour sa part ce qu’il qualifie de « saignée pour l’Education nationale », alors que « les effectifs à la rentrée 2008, tels qu’ils sont prévus par le ministère, augmentent de plus de 20.000 élèves (premier et second degrés confondus) ».
« C’est le second degré qui va être frappé de plein fouet par ces nouvelles suppressions d’emplois », qui ne seront « possibles qu’en amputant fortement l’offre d’enseignement » et « en augmentant la charge de travail des personnels », ajoute le syndicat.

"Augmentation du nombre d’élèves par classe"

De son côté, l’Unsa-Education fustige « la dégradation brutale et programmée de l’emploi public » et « ce pilotage par la seule approche budgétaire ».
« Ce ne sont donc pas les exigences d’un service public de qualité, au service de la réussite de tous les élèves qui priment mais bien la seule obsession comptable », estime la deuxième fédération du monde éducatif.
Enfin, le Président des lycéens de la Fidl, Tristan Rouquier, affirme qu’« alors que l’Education nationale manque déjà d’encadrement, et particulièrement dans les lycées, le ministre annonce une nouvelle réduction de postes pouvant mener à une inquiétante augmentation du nombre d’élèves par classe et à une dégradation des conditions de vie dans les lycées ».

Les emplois aidés en première ligne

Le ministre de l’Éducation a estimé « aux alentours de 10.000 » le nombre de postes supprimés dans l’Éducation nationale au budget 2008, lors d’une interview sur BFM TV, jeudi. Selon Xavier Darcos, 8.000 postes devraient disparaître dans le domaine « des emplois aidés et de tout ce qui concourt à la vie scolaire dans le second degré en ne remplaçant pas un emploi équivalent temps plein sur deux », a précisé le ministre à l’antenne. Le nombre exact des suppressions d’emplois à l’Éducation nationale est en discussion avec le ministère du Budget dans le cadre du projet de loi de finances pour 2008, précise-t-on au ministère de l’Éducation nationale.

À la place, aménager l’offre scolaire

Le ministre a préconisé un certain nombre d’aménagements de l’offre scolaire, comme l’idée de "regrouper des options", "changer les programmes" et recourir aux heures supplémentaires pour les professeurs. « Si nous obtenons que des professeurs, dans le cadre de la réflexion sur leur métier, acceptent d’être moins nombreux mais d’avoir un temps de travail différent, volontaire, évidemment, grâce à des volants d’heures supplémentaires importants, nous pouvons sans doute trouver des ajustements », a-t-il expliqué. Xavier Darcos a aussi précisé que les arbitrages sur la répartition des non remplacements de 30 à 40.000 fonctionnaires, annoncés par Éric Woerth, seraient pris "au mois d’août".


Préoccupation à la commission des Finances de l’Assemblée nationale

Le nouveau président socialiste de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Didier Migaud, s’est dit jeudi préoccupé par les premières propositions fiscales du gouvernement.
« Les premières propositions qui nous sont formulées nous préoccupent », a-t-il déclaré à l’issue de la réunion de la commission où il été élu à sa présidence. « C’est une réduction de recettes fiscales particulièrement ciblée sur un petit nombre de contribuables et au détriment, bien sûr, de l’équilibre de nos comptes publics », a-t-il dit.
Interrogé sur le fait que la présidence de cette commission ait été attribuée à un membre de l’opposition, le député de l’Isère a répondu : « C’est une responsabilité délicate parce que, tout d’abord, c’est une innovation et, ensuite, je suis président mais dans le même temps dans l’opposition ».
« Le président de la commission des Finances a la capacité d’expression et il doit être attentif à ce qu’à la fois l’Assemblée et l’opinion publique puissent être éclairées au niveau du débat. Ensuite chacun prend ses responsabilités, l’opposition comme la majorité », a-t-il dit.
Didier Migaud a dit vouloir « faire en sorte que la commission des Finances puisse exercer son double rôle à la fois de législateur et de contrôle des comptes publics ».
« Je souhaite formuler un certain nombre de propositions dans ces domaines-là en liaison étroite avec le rapporteur général », a-t-il ajouté en faisant référence à Gilles Carrez (UMP) qui a été reconduit à ce poste. « Je travaillerai dans un esprit constructif et républicain », a-t-il conclu.


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