FEP-CFDT : revaloriser le salaire du personnel non enseignant

Des salariés de droit privé, privés de droits

4 juin 2007

Samedi 2 juin, les salariés non enseignants des établissements de l’Enseignement Catholique ont, pour la première fois, manifesté à Paris à l’appel du syndicat Formation et Enseignement Privés (FEP)-CFDT afin d’exiger une revalorisation de leurs salaires. Une revendication soutenue par le syndicat de La Réunion qui lance une campagne pour que les 200 salariés ici concernés puissent bénéficier d’une véritable politique salariale et ne soient pas tenus à l’écart du droit du travail.

La Réunion compte entre 35 et 40 établissements privés (9 dans le secondaire, 23 dans le primaire et le reste en instituts éducatifs spécialisés), soit 200 salariés non enseignants en charge de la surveillance, de la manutention, des laboratoires. A l’image des TOS dans l’enseignement public, ces salariés exercent des missions indispensables au fonctionnement des établissements privés mais ne bénéficient pas de la reconnaissance salariale qu’ils seraient en droit d’exiger.

«  Il y a de plus en plus d’argent dans les caisses ... »

Pourtant, comme l’explique Jean-Pierre Marchau, délégué FEP-CFDT, professeur de philosophie à Saint-Michel, les établissements privés bénéficient d’un contexte de plus en plus favorable. « Outre le fait que depuis 2003 ils sont très demandés, la nouvelle loi Censi de 2005, leur permet de bénéficier d’un certain nombre d’aides. » Désormais, les établissements privés n’ont plus à s’acquitter des indemnités de départs à la retraite. De plus, les aides de l’État, par le biais du forfait communal dans le primaire et du forfait d’externat dans le secondaire, servent en partie à payer les salariés de droits privés donc le personnel non enseignant, sachant que les professeurs sont comme dans l’enseignement public payés par le Rectorat avec la même majoration de salaire. Chaque établissement privé a son Organisme de Gestion de l’Enseignement Catholique (OGEC) qui gère les cotisations des parents et les aides financières de l’État. Selon Jean-Pierre Marchau, « il y a de plus en plus d’argent dans les caisses des OGEC et plus l’établissement est gros plus il a d’argent. » A Levavasseur par exemple, depuis 15 ans, les salariés non enseignants bénéficient du 13ème mois. Idem pour ceux de Saint-Charles depuis 1 an. A contrario, dans les petites écoles primaires des Hauts, plus modestes, bénéficiant d’un forfait communal moins important, le personnel ne bénéfice pas de ce traitement salarial. « Ils exercent le même métier, mais n’ont pas le même salaire », déplore l’enseignant dont le syndicat demande une mutualisation des moyens des différents OGEC pour pallier cette inégalité. « Nous profitons de cette manifestation nationale pour lancer avec les personnels OGEC de La Réunion une campagne pour exiger des employeurs qu’ils mettent en place une véritable politique de revalorisation des salaires, une grille qui ouvre enfin à la formation qualifiante, un 13ème mois pour tous, explique Jean-Pierre Marchau. Il n’est pas normal qu’après 30 ans d’exercice, certains soient encore au Smic. »

«  Une tradition, un peu, de soumission  »

Cette première mobilisation nationale ouvre donc une brèche dans laquelle les personnels de La Réunion, soutenus par le FEP-CFDT, souhaitent s’engouffrer. « Énormément ont peur, souligne encore l’enseignant. Il y a une tradition un peu de soumission dans ces établissements. » Les pressions exercées par certaines directions dissuadent ces salariés d’adhérer au syndicat, étouffant ainsi toute tentative de revendication. Une liberté d’expression en faveur de la défense du droit du travail que le syndicat FEP-CFDT fait également figurer parmi ses priorités. Le fait que les salariés OGEC relèvent du droit privé ne justifie pas, selon lui, qu’ils soient astreints à des salaires indécents, à des droits au rabais. De plus, le prétexte qui consiste à avancer que les investissements dans le bâtit ne permettent pas aux établissements de répondre à ces exigences n’est pas crédible. Jean-Pierre Marchau rappelle que les aides du Conseil Régional et du Département sont justement vouées aux améliorations structurelles. Sachant que la loi Censi a permis une nette amélioration du budget des OGEC reste donc à savoir comment est utilisé l’argent. Mais comme le syndicat ne siège pas au sein des OGEC, « c’est le grand mystère ! » Une opacité pas très catholique !

Stéphanie Longeras


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