Plan de licenciements dans la filiale d’ArcelorMittal à La Réunion

Des travailleurs pour la création d’une SCOP à Profilage

8 décembre 2017, par Manuel Marchal

Une des conséquences du plan de licenciements présenté par ArcelorMittal est la fermeture de l’atelier huisserie qui produit une marchandise indispensable à la réhabilitation des logements sociaux. Des travailleurs sont donc prêts à reprendre cette activité sous forme de SCOP si jamais ils étaient licenciés.

Les travailleurs de Profilage ont de nouveau mené une action hier au Port. Ils ont distribué 4.000 tracts aux différents ronds-points à l’entrée de la ville. « Arcelor Mittal en lutte, nous ne voulons pas de ce plan social qui casse les familles, pour manifester votre solidarité, klaxonner devant Profilages » : ce mot d’ordre inscrit sur les tracts a été suivi par des automobilistes solidaires lors de leur passage devant l’usine du Port. Cette mobilisation était organisée avant la tenue d’une réunion entre les délégués syndicaux et la direction de la filiale d’ArcelorMittal à La Réunion. La question du plan de licenciement était à l’ordre du jour.

Rappelons que depuis plusieurs semaines, les travailleurs de Profilage sont en lutte contre un plan de suppression de 40 emplois sur les 86 que compte l’entreprise. Ceci a pour objectif de passer les effectifs en dessous de 50 personnes, ce qui empêchera l’existence d’une instance de dialogue social dans l’entreprise entre représentants du personnel et direction. L’atelier huisserie serait ainsi condamné à disparaître, alors qu’il produit la marchandise à la plus forte valeur ajoutée. Il s’agit en effet de la transformation de la tôle en un adaptateur permettant de monter une porte trois points à l’entrée d’un appartement HLM à rénover, sans avoir à casser le mur. La fermeture de l’atelier ne fera pas disparaître la demande, bien au contraire. Les besoins dans ce domaine sont très importants à La Réunion. Aussi si cet atelier fermait, il y aurait alors recours à l’importation. Cette situation est un cas typique de tentative de délocalisation de la production de richesses de La Réunion. Cela n’est pas sans rappeler la décision de Colgate-Palmolive de fermer l’usine SIB au Port, afin d’importer des marchandises de France pour les vendre à La Réunion plutôt que de les produire sur place dans le but uniquement d’augmenter les profits des actionnaires.

Discussion avec la direction

Au cours de cette rencontre, la délégation unique du personnel (la DUP) a mis en avant le respect du Code du Travail. Le but est que l’employeur tienne compte des critères prioritaires définis par la loi lors de l’exécution d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Les syndicalistes ont également demandé une augmentation générale des indemnités reçue par les travailleurs si jamais ce plan était mené à son terme. Ils ont ainsi revendiqué une prime de création d’emploi à 30.000 euros au lieu de 8.000. Le dirigeant de la filiale a pris note des revendications pour les transmettre au siège d’ArcelorMittal en Europe. Ce qui veut dire qu’il n’a pas le mandat de sa lointaine direction pour discuter de ces questions.

La DUP indique également qu’au cours de cette rencontre, elle a annoncé sa volonté de reprendre l’atelier que le patron veut fermer sous forme de société coopérative, SCOP. Ceci permettrait à des travailleurs de ne pas être mis au chômage, tout en laissant à La Réunion un outil de production qui répond à la demande et créé des richesses qui dans ce cas resteront dans notre île. Là aussi, la direction de Profilage a renvoyé la décision au siège central d’ArcelorMittal.

Mobilisation

La DUP a donc pu constater que cette rencontre n’a guère fait avancer les choses, en raison de la marge de manœuvre nulle de la direction de Profilage. Les décisions ne se prennent pas à La Réunion mais au siège d’ArcelorMittal en Europe.

La délégation unique du personnel annonce que l’expert désigné par le CHSCT pour évaluer la véritable situation de l’entreprise est arrivé sur le terrain. Il parcourt en ce moment les différents sites de Profilage et rendra son rapport le 9 janvier. Quant à l’expert missionné par le Comité d’entreprise, il sera dans notre île la semaine prochaine.

Le prochain rendez-vous avec la direction est prévu le 9 ou le 11 janvier. En attendant, les travailleurs continuent la mobilisation.

M.M.

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