Les 40 ans de la CGTR

Echanges de vues sur la situation réunionnaise

Ivan Hoareau (CGTR) et Bernard Thibault (CGT)

22 octobre 2008

Un séminaire avec la Fédération de la FPT (photo PD)

Pour ses 40 ans, la CGTR - créée en juin 1968 - a inscrit son anniversaire dans la célébration du 70e anniversaire du syndicalisme CGT, puisque c’est en 1938 que s’est formée dans l’île l’Union des syndicats CGT. D’où l’invitation faite à Bernard Thibault et à deux autres responsables de la CGT.
Cette “mission” syndicale de quatre jours était faite pour consolider les liens entre les deux organisations et elle est jugée satisfaisante.
Les deux responsables syndicaux ont fait le point hier sur ce que leurs rencontres et leurs déplacements ont permis d’appréhender de la situation sociale et économique réunionnaise. Ils ont aussi identifié les secteurs dans lesquels il serait important d’améliorer leurs relations et leur coopération.

2 élections en moins de deux mois

Les rencontres ont fait une large place à la préparation des élections professionnelles dans la Fonction publique territoriale, le 6 novembre et des élections prud’homales du 3 décembre. « Les éléments sont réunis pour que la CGTR voie sa représentation progresser » a estimé Bernard Thibault « mais il faut convaincre chacun individuellement ».
Parmi les personnels de la territoriale, ceux qui relèvent de contrats de droit privé voteront aussi le 3 décembre, aux élections prud’homales. Double travail pour les militants CGTR... avec tout de même un terrain plus favorable puisque le syndicat s’est implanté à la Région et dans de nouvelles grosses collectivités, comme Saint-Paul et Saint-André. Mais l’inscription automatique, pour les élections prid’homales, a fait faire un bond de + 250% d’inscrits en général et + 358% dans la section industrie.
Les deux syndicalistes ont souligné « une situation sociale plus délitée à La Réunion », incitant les salariés, les travailleurs à aller voter « parce que la crise est plus grave ici et les mauvais coups portent de plus grands préjudices à l’économie, aux travailleurs et aux salariés de La Réunion ».

Une situation sociale « d’urgence »

Bernard Thibault a bien noté qu’à La Réunion 80% du personnel de la FPT est sur des emplois précaires pour 20% de titulaires seulement. « Une proportion inverse à celle que nous connaissons en France et là-bas, nous jugeons que 20% de précaires, c’est déjà trop ! Cela a forcément un fort impact social, ici » a-t-il ajouté, en annonçant que la CGT saisirait à son retour le Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale « pour un examen spécifique de la situation de La Réunion ».
La gravité du diagnostic ne s’arrête pas à la FPT. « La situation économique et sociale n’est en rien comparable à ce qu’on décrit en France. C’est ici une situation sociale d’urgence et une situation économique d’urgence. Nous sommes ici dans un des points du territoire national qui devrait être prioritaire pour le gouvernement et nous ne voyons pas une réelle et assez large prise en compte des difficultés. Le gouvernement vient encore de trouver 10 milliards d’euros pour “redresser le crédit” mais il ne donne aucune garantie que ces milliards seront orientés là où il y a des urgences sociales » a relevé Bernard Thibault.

Des « salariés kleenex »

Parmi les facteurs qui accentuent la gravité de la situation réunionnaise, il y a en premier lieu l’emploi, dont tout le reste découle, a poursuivi le syndicaliste. « Avec la moitié de la population sous le seuil de pauvreté, c’est un autre monde au regard de la situation française. La situation de l’emploi explique beaucoup de chose » a ajouté Bernard Thibault, en indiquant que les rencontres avec la CGTR avaient permis de réfléchir notamment au fait « que les secteurs créateurs d’emploi puissent l’être de façon plus durable ».
A cela s’ajoute les problèmes typiquement liés au tissu des entreprises - très petites pour la plupart : on n’y respecte pas les droits basiques, ni les grilles salariales ni les conventions collectives et on y voit des licenciements dits économiques, et dénoncés comme abusifs. « On est dans un système qui veut faire porter le poids des difficultés aux salariés et beaucoup sont traités comme des “salariés kleenex”. Ça ne peut pas être la société de demain. On ne fonde rien de vivable sur de telles relations sociales » a-t-il dit encore.

P. David

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus