L’intersyndicale fait le bilan de la visite du président de la République et de la manifestation du 26 octobre

Emmanuel Macron à La Réunion : visite catastrophique sur le plan social et économique

31 octobre 2019, par Manuel Marchal

L’intersyndicale a présenté hier son bilan de la visite du président de la République et de la manifestation organisée lors de sa venue. Les 8 organisations syndicales constatent l’attitude anti-démocratique du président de la République qui a refusé de rencontrer les représentants élus des salariés, et soulignent l’absence de la question sociale au détriment de la promotion de recettes qui ont conduit La Réunion dans la crise actuelle.

L’intersyndicale rappelle que la fermeture de la route du littoral avait comme objectif de gêner l’organisation de la manifestation unitaire. Une illustration du mépris et de la politique anti-syndicat de ce gouvernement.

Ivan Hoareau (CGTR) décrit une visite catastrophique sur le plan social et économique. Le 1er novembre, la contre-réforme de l’allocation chômage va aggraver la situation. L’urgence sociale frappe à la porte et Emmanuel Macron parle d’une vision indo-pacifique. Cette sursécurisation est un problème.
Durant la visite officielle, les relations du président de la République avec les syndicats ont été inadmissibles. Cela montre un profond mépris des organisations syndicales. Par exemple, le président de la République a reçu deux fois le conseil consultatif citoyen mais n’a pas répondu à la demande d’audience des 8 syndicats.
Le 26 octobre, date de la grève générale et du défilé à Saint-Denis, la fermeture de la route du littoral avait pour objectif de gêner la manifestation, constate le secrétaire générale de la CGTR. Sur la vie chère, Emmanuel Macron renvoie à la concurrence alors que c’est un petit territoire, poursuit-il. « Nous allons continuer à travailler pour une unité d’action. L’aggravation des inégalités sociales, de la pauvreté, inévitablement il y aura des mouvements sociaux, personne n’en connaît la forme et personne ne sait quelle sera la place des organisations syndicales dans ce mouvement ».

Destruction des outils de solidarité

Pour Marie Hélène Dor (FSU) , c’est une visite inutile. « Un charabia marketing à la NORDEV, avec une éloge des recette éculées qui ne marchent pas. Il s’est offert une visite des pauvres avec les Camélias mais pas trop de presse et de jolies photos. Cette communication puérile est indigne », précise la dirigeante de la FSU. Voici quelques mois, Macron faisait adopter une loi de destruction des outils de solidarité : promotion des recrutements précaires, privatisation. On saborde des services publics indispensables à La Réunion.
« 116000 illettrés est un problème qui date. Et le gouvernement dit « vive le tout numérique », c’est exactement la même chose que de fermer un hôpital, c’est le problème de l’accessibilité qui est posé », conclut-elle.

Le représentant du SGEN-CFDT rappelle que le dialogue social a son importance. Nous sommes sur un coût de la vie excessif à La Réunion. La CFDT dénonce une campagne de communication. « S’il était attaché à La Réunion, il aurait dans son agenda bien en amont fixé un rendez-vous avec les représentants élus des travailleurs. Cette démocratie n’est pas respectée. Nous aurions pu échanger sur nos revendications, une plate-forme commune », indique-t-il. « Le problème des revenus est posé, une extension des conventions collectives pourrait améliorer le pouvoir d’achat. Tout cela était inscrit dans la plate-forme que nous n’avons pas pu remettre au président de la République. Mais Emmanuel Macron agrave la fracture sociale. C’est du mépris total ».

« Jeunesse désespérée »

Eric Marguerite (FO) note que « nous avons fait ce qu’il fallait pour avoir cette rencontre qui n’a pas eu lieu. Le président de la République est venu dans un climat tendu, avec un taux de chômage et de pauvreté qui ne peut normalement laisser personne indifférent. Les incidents et la violence sont le reflet d’une jeunesse désespérée qui n’a pas de perspective d’avenir. C’est un appel à ceux qui nous gouvernent ».
« Sur le plan social, se pose la question de la mise en œuvre du plan Petrel », car ce sont toujours les mêmes recettes qui ne répondent pas à la situation sociale.

Didier Debals (SAIPER) souligne que « le président n’avait pas l’intention de rencontrer les organisations syndicales ». Il dénonce la répression du rassemblement organisé à la sortie de l’aéroport le jour de l’arrivée du chef de l’État : « 150 policiers pour 100 manifestants qui ont été gazés. C’était irresponsable et cela explique les réactions des jeunes par la suite ». « Les syndicats, les gilets jaunes, les jeunes et les journalistes ont dit non à Macron qui parle aux entrepreneurs, notamment indien, mais pas aux salariés ».

Déclaration transmise à l’Elysée

Pour M. Hoarau (CFTC) : « dans un territoire sinistré, la problématique sociale n’a pas été abordée. Nous sommes dans le futur avec Choose Reunion ». La CFTC regrette « ce manque de respect du président de la République. L’intersyndicale adressera une déclaration au chef de l’État la déclaration qu’elle comptait lui remettre ». La formation a été absente, car ouvrir La Réunion impose de former ceux qui partiront travailler ailleurs dit en substance la CFTC. Les moyens partent pour les entreprises, mais pas pour les travailleurs avec à la clé un manque d’information et de projection sur laquelle les syndicats peuvent s’appuyer.

Eric Chavriacouty (UNSA) constate que « le président est venu avec ses réponses, la population est restée avec ses préoccupations et ses questions : pouvoir d’achat, travail, lutte contre la pauvreté. Tout ce qui devait être au coeur de cette visite a été relégué en annexe ».

Max Banon (CGTR) appelle la population à répondre à Emmanuel Macron. Il souligne aussi l’importance pour les Réunionnais de travailler à des revendications communes qui peuvent s’inscrire dans un projet partagé. Max Banon estime que ce travail sur un projet devient de plus en plus urgent.

En conclusion, Ivan Hoareau rappelle la volonté d’unité syndicale sur les questions de territoire : « nous n’avons pas le choix ».

M.M.

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