Bientôt la rentrée scolaire

Emploi des Réunionnais : Paris au pied du mur

5 août 2011, par Manuel Marchal

La politique d’embauche de la société en charge de la construction de la centrale EDF est-elle annonciatrice de la répétition du scandale qui touche La Réunion à chaque rentrée scolaire : l’importation de centaines d’enseignants d’autres Académies alors que les Réunionnais peuvent occuper les postes ?

Hier devant la Préfecture, plusieurs associations ont dénoncé la politique d’embauche menée par le constructeur de la centrale thermique EDF du Port. Du fait de la démolition des projets par l’UMP et Didier Robert, le chantier EDF est aujourd’hui le plus important de notre île, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros d’investissements.
L’AJFER, l’ARCP, l’UNEF, Agir Pou Nout Tout et le Comité des chômeurs et des mal-logés du Port s’étonnent notamment que, pour un tel chantier, le maître d’ouvrage n’ait pas agi pour que les emplois créés lors du chantier puissent être pourvus par des Réunionnais. Il avait pourtant plusieurs années pour le faire. Rappelons que, pour le chantier de la route des Tamarins, le délai de plusieurs années entre la décision et le lancement du chantier avait été mis à profit pour former des Réunionnais aux métiers du chantier.
La conséquence de cette inaction, c’est l’importation de centaines de travailleurs qui ont fait un voyage de 10.000 kilomètres pour ensuite repartir. Pendant ce temps, sous les coups de boutoir de l’UMP, le BTP s’effondre à La Réunion et les travailleurs qui pouvaient prétendre à ces emplois en sont exclus.
Cette inquiétante nouvelle préjuge-t-elle d’un plus grand scandale en préparation ?

Répétition des années précédentes ?

Car d’ici quelques semaines, c’est la rentrée scolaire. Comme toutes les autres Académies, La Réunion est soumise au plan d’austérité avec des suppressions de postes à la clé. L’an dernier, quelques mois après avoir pris l’engagement de privilégier, à compétence égale, l’emploi des Ultramarins dans la fonction publique chargée d’administrer leur collectivité, le gouvernement est de nouveau au pied du mur.
Chacun se souvient que, l’an passé, des jeunes avaient manifesté pendant des semaines, dormant même à la Région, pour obtenir le respect de leur droit de travailler au pays. Reçus au concours de recrutement de l’Éducation nationale, ces jeunes avaient donc la même compétence que tout autre fonctionnaire ayant été admis dans les mêmes conditions. Et pourtant, l’Administration a décidé de les expédier en France, et de faire venir à La Réunion des enseignants d’autres Académies pour occuper les postes.

Situation exceptionnelle

À la différence de toutes les Académies situées en France, celle de La Réunion se situe dans une région touchée depuis des décennies par le chômage de masse. C’est une conséquence du refus de Paris de développer le pays comme l’a encore montré le soutien du gouvernement à la politique de démolition des grands chantiers. Malgré tous les obstacles, les jeunes Réunionnais sont chaque année de plus en plus nombreux à atteindre le niveau de formation nécessaire pour enseigner dans l’Éducation nationale. De plus, à la différence de n’importe quel enseignant venu d’ailleurs, ils ont l’avantage de connaître la langue maternelle des Réunionnais qui fréquentent l’école. À cause du non-développement de notre île, l’enseignement est sans doute le secteur qui attire le plus ces jeunes désireux de mettre leurs compétences au service de leur pays.
Dans ce contexte, chacun sera très attentif sur la politique de recrutement pour cette rentrée dans l’Académie. Le gouvernement décidera-t-il de passer outre ses engagements et de privilégier le recours à des fonctionnaires venus d’ailleurs ?

M.M.


« À compétences égales, favoriser l’affectation des Ultramarins en Outre-mer »

Voici un extrait du discours du président de la République lors du Conseil interministériel sur l’Outre-mer (CIOM) en novembre 2009.

« Je ne vois pas pourquoi des Ultramarins de catégorie A ne seraient pas affectés en plus grand nombre à des postes à responsabilités outre-mer. Je vous annonce donc la constitution d’un "vivier de talents ultramarins’", qui sera interministériel et aura pour vocation de proposer, à chaque fois qu’un poste outre-mer, sera vacant, au moins un candidat ultramarin s’il en a les compétences. Il s’agit, à compétences égales, de favoriser l’affectation des Ultramarins en Outre-mer »

Luttes pour l’emploi

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