« Contrats magouilles » et gonflement des crédits en période électorale

Emplois aidés : apporter la clarification aux Réunionnais

15 février 2008, par Manuel Marchal

Après les « contrats magouilles » dénoncés par le préfet en décembre dernier, c’est au tour de Martin Hirsch d’enfoncer le clou. À la veille du Grenelle de l’Insertion, il évoquait un ’gonflement’ en 2007 des crédits de l’État alloués aux emplois aidés pour cause d’élection. Alors que les Réunionnais vont renouveler la totalité des municipalités et la moitié du Conseil Général, il est important d’apporter une clarification : à qui auraient profité les ’contrats magouilles’ ?

Dans un entretien publié le vendredi 8 février dans les colonnes du "Quotidien", Martin Hirsch, Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, est interpellé sur la diminution des crédits de l’État alloués aux contrats aidés, inscrite dans la loi de Finances 2008. Voici une des raisons invoquées dans sa réponse : « parce qu’on les avait un peu gonflés à cause des élections. Ça fait 20 ans que c’est ainsi : on pousse avant les élections, on freine après ».
Cette affirmation ne fait que rejoindre une déclaration du Préfet lors de la séance plénière du Conseil Général le 5 décembre 2007 : « je dis non aux contrats magouilles ».
Lundi dernier, tous les protagonistes de cette question était réunis au Conseil Général à l’occasion du Grenelle de l’Insertion : Martin Hirsch, le Préfet, ainsi que les élus de la majorité du Conseil Général.

Pourquoi ce silence ?

Lors de cette réunion au sommet sur le thème de l’insertion, aucun élu de la majorité n’a demandé au préfet de s’expliquer sur ce qu’il appelle des « contrats magouilles ». La majorité du Département, composée de nombreux maires, a été également bien silencieuse sur la question du gonflement des crédits accordés aux emplois aidés à l’occasion d’une période électorale.
Cela ne peut qu’amener à se poser des questions.
Si un Haut commissaire du gouvernement, un fonctionnaire d’autorité et la majorité politique du Conseil général, collectivité en charge notamment du RMI et de l’insertion, ne trouvent rien à redire, cela veut dire qu’ils disposent sans doute d’informations susceptibles d’apporter des précisions quant à l’utilisation des contrats aidés en période électorale. Dans ce cas, il serait logique que ces personnes puissent transmettre rapidement au Parquet les éléments dont ils disposent afin de mettre fin à ces "contrats magouilles".
Tout autre choix ne pourrait qu’être assimilé à de la rétention d’information.
Car La Réunion est actuellement en pleine période électorale, ce qui veut dire qu’il est important de réduire à néant tout moyen susceptible d’atteindre à la sincérité du scrutin. Chacun a encore en mémoire une élection annulée à Saint-André, justement à cause de l’utilisation massive de contrats aidés pour fausser le scrutin et maintenir la municipalité en place.

Qui en aurait profité ?

Cette démarche pourra également éclairer l’opinion quant aux bénéficiaires des éventuels "contrats magouilles". Il est tout de même intéressant de noter que le gonflement des crédits en 2007, évoqué par Martin Hirsch, n’a pas concerné toutes les collectivités. Par exemple, au Port, la participation mensuelle de l’État au financement des contrats aidés était de 744.393 euros en 2006. En 2007, cette contribution mensuelle a chuté à 523.367 euros, soit une baisse de près de 30%. On est donc bien loin d’un "gonflement" des crédits.
Autrement dit, cette hausse conjoncturelle des crédits de l’État a été inégalement répartie à La Réunion. Dans la perspective des élections, il serait bon d’apporter la clarification sur ce point : quelles sont les collectivités qui ont bénéficié en 2007 d’une hausse des crédits de l’État pour les emplois aidés ?
Le mois prochain, les électeurs vont renouveler la totalité des municipalités et la moitié des conseillers généraux. Ces derniers appartiennent quasi-exclusivement à la majorité sortante du Conseil Général. Que signifie leur silence sur les questions du gonflement des crédits pour raison électorale en 2007, et sur la dénonciation des "contrats magouilles" par le préfet ?
Là aussi, la clarification est nécessaire.

Manuel Marchal


Conseil général : la majorité peut basculer

L’essentiel des cantons renouvelables cette année ont pour conseiller général un membre de la majorité du Conseil général.

Saint-Denis 1 : Nassimah Dindar
Saint-Denis 3 : Gino Ponin-Ballom
Saint-Denis 4 : Jean-Jacques Morel
Saint-Denis 5 : Ibrahim Dindar
Saint-Denis 6 : Serge Hoarau
Saint-Denis 8 : Patricia Hoarau
Trois-Bassins : Pierre Heideger
Saint-Leu 1 : Simon Deguigne
Saint-Leu 2 : Jean-Luc Poudroux
Tampon 1 : Ary Mondon
Tampon 3 : Guy Sorres
Entre-Deux : Daniel Tholozan
Saint-Pierre 1 : Willy Tan
Saint-Pierre 2 : André-Maurice Pihoue
Saint-Pierre 3 : Michel Fontaine
Sainte-Rose : Bruno Mamindy-Pajany
Plaine-des-Palmistes : Marco Boyer
Bras-Panon : Daniel Gonthier
Saint-Paul 2 : Cyrille Melchior
Saint-André 3 : Jean-Marie Virapoullé

Luttes pour l’emploi

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