
En France, on nettoie le Code du Travail
15 janvier 2008

Pendant les fêtes, François Fillon a lancé le ballon d’essai : et si l’attaque contre les trente-cinq heures n’était que le cheval de Troie d’une remise en cause du Code du Travail ?
Le « travailler plus » si populaire pendant la campagne présidentielle prend un tour inquiétant. Tandis que le « gagner plus » qui l’accompagne se fait de plus en plus vaporeux, les velléités gouvernementales de révision du code du travail se précisent. Sous les feux de l’actualité : la lettre que François Fillon a fait parvenir aux partenaires sociaux, le 26 décembre, évoquant la possibilité de substituer aux trente-cinq heures comme durée légale du travail des « accords directs entre le salarié et son employeur en matière de durée du travail ». Interrogé mercredi matin sur France Inter, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a fait connaître la position « unanime » des syndicats : c’est non. « On mesure bien les dangers de remettre en cause cette durée légale : c’est le déclenchement des heures supplémentaires, c’est l’absence d’un minimum de solidarité et de régulation », s’est-il alarmé. Pour l’instant, rien n’est joué : il ne s’agit que d’une volonté exprimée par le Premier ministre, et « cette lettre ne décide rien », comme l’a noté le porte-parole Laurent Wauquiez sur France 2 et TF1. Mais la missive fillonesque s’inscrit dans un ensemble de dispositions et de propositions très cohérentes...
Le contrat plutôt que la loi
Certaines sont déjà actées, à commencer par le projet de refonte du code du travail, au motif de sa « simplification », entériné par le Parlement le 19 décembre. Le PCF, le PS et les Verts ont voté contre, et plusieurs syndicats (CGT, CFTC, FSU, syndicats de la magistrature et des inspecteurs du travail) s’y sont vivement opposés. Premier motif de colère : « simplifié », le code est passé de 1891 à 3652 articles et de 271 à 1890 subdivisions. « S’il s’agissait de rendre la loi plus accessible, c’est raté », commente Alain Vidalies, secrétaire national du PS aux entreprises. Plus grave, quelque 500 articles sont passés, lors de cette réécriture, de la partie législative, garantie par la loi, à la partie réglementaire, devenant modifiables par décret, sans débat. Pour Gérard Filoche, CGTiste militant et inspecteur du travail, il s’agit de « l’élément majeur », « cela traduit l’esprit de ce qui se passe en ce moment, c’est une remise en cause de l’ordre public social : la loi est effacée au bénéfice d’accords commerciaux et individuels ». Les excellents chiffres de la création d’entreprises (plus de 300.000 crées en 2007, notamment dans le domaine des services aux entreprises) lui donnent raison : d’ores et déjà, de plus en plus de gens quittent les bastions, encore protégés, du salariat pour devenir sous-traitants, free-lance ou micro-entrepreneurs, les accords de gré à gré avec des « clients » se substituant ainsi aux accords de branche avec un patron. Cet « esprit » menace de devenir la norme en s’appliquant aussi aux salariés.
Pas de droit, pas le choix
Au détour d’un article, la nouvelle mouture législative ouvre par exemple la voie au travail le dimanche, le posant comme « subordonné aux besoins du public ». « On nous dit que le travail le dimanche ne s’appliquera qu’aux salariés volontaires, mais on voit bien ce que cela va donner. Si c’est ça ou ne plus avoir de travail, tout le monde est volontaire », commente encore Alain Vidalies. Elle partage aussi les responsabilités en matière d’hygiène et de sécurité au travail entre l’employeur et le salarié, alors que jusque-là seul l’employeur en était responsable. Calée entre la loi sur le service minimum, « sans effet réel, mais tendant à produire des effet dissuasifs sur les grèves », selon Alain Vidalies, et les projets de contrat unique, d’annualisation du Smic et dénonciation des trente-cinq heures, cette refonte du code du travail pourrait n’être qu’une maille dans ce que ses détracteurs appellent désormais le “détricotage” des protections des salariés(...).
Élections municipales obligent, le stand by durera au moins jusqu’en mars prochain. Il devrait être suivi d’une sérieuse accélération du calendrier puisque, toujours selon le JDD, François Fillon envisage de faire passer sa réforme « avant l’été ». Question à mille euros : combien d’articles du Code du Travail peut-on casser en trois mois ?
A.B. Marianne2.fr
Signaler un contenu
Un message, un commentaire ?
Témoignages - 80e année


Hommage à Sudel Fuma et aux veilleurs de mémoire
9 juillet, parDimanche 13 juillet 2014, Sudel Fuma, historien réunionnais nous quittait des suites d’un accident en mer. La nouvelle fut un choc pour tous. Sa (…)

Le Sénat veut évaluer le coût de toutes les énergies
9 juilletLes débats sur la place à accorder aux énergies renouvelables sont vifs au parlement et au sein du gouvernement, notamment avec l’examen par la (…)

Proposition de LFI de désarmer les policiers est une mesure « hors-sol » pour Fabien Roussel
9 juilletInvité sur France 2, le secrétaire national du Parti Communiste Français est opposé au projet de loi visant à élargir les compétences des (…)

« Demoune parèss i sof solèye a longuèr d’zourné. »
9 juillet, parMézami zordi lo tan lé mossade.La fré i trape aou dsi lé z’antournir.Tazantan in pti srin d’plui i glass aou ziska lo zo…Sé l’èr pou rèv bann (…)

Réforme de l’administration territoriale de l’État : François Bayrou veut renforcer le rôle des préfets
9 juilletLe premier ministre, François Bayrou, s’est exprimé devant les préfets de régions et de départements, ainsi que les secrétaires généraux des (…)
+ Lus

Ecobank Group et Google Cloud annoncent un partenariat pour accélérer l’inclusion financière et l’innovation à travers l’Afrique
3 juillet, parLes technologies de Google Cloud renforceront la plateforme d’Ecobank pour améliorer la banque digitale, le soutien aux petites et moyennes (…)

Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
3 juillet, parUne information récente communiquée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin concerne la création de nouvelles prisons sur l’ensemble du (…)

Développement durable menacé : le sommet de Séville ravive l’espoir et l’unité
7 juillet, parLa conférence historique sur le financement du développement à Séville s’est conclue avec un sentiment renouvelé de détermination et un accent mis (…)

Contre une réforme déconnectée des réalités réunionnaises
3 juillet, parLa FSU Emploi Réunion tient à rappeler que la mise en œuvre des programmes de transformation de France Travail, issus de la loi Plein Emploi, ne (…)

Surpopulation carcérale : des propositions faites qui ne convainc pas
4 juilletAu 1er juin, les chiffres du ministère de la Justice ont établi à 84 447 personnes détenues pour 62 566 places. La surpopulation carcérale (…)

Mayotte : une loi de refondation sans ambition ni justice sociale
3 juillet, parAlors que Mayotte subit un enchevêtrement de crises - pauvreté structurelle, dégradation des services publics, conséquences dramatiques du cyclone (…)