Plan de cohésion sociale

Encore des questions sans réponse...

22 septembre 2004

L’objectif d’augmenter de 20% l’emploi dans le secteur marchand en trois ans est une ambition légitime. Mais, avec la progression démographique, il faudrait pratiquement doubler l’emploi actuel. Les communes utilisant un nombreux personnel en contrats aidés devront supporter une baisse de ces contrats et leur transformation en de nouveaux dispositifs.

Avec le plan de cohésion sociale qu’il compte élaborer avec les élus, le représentant de l’État veut augmenter de 20% l’emploi dans le secteur marchand à La Réunion. Lors de la présidentielle et des législatives de 2001, l’UMP avait fait de la réalisation de “l’égalité économique” son objectif pour l’Outre-mer.
Afin de le réaliser, l’idée de se fixer comme ambition de ramener en fin de mandat le taux de chômage réunionnais au niveau du taux métropolitain avait été avancée. En proposant d’augmenter de 20% l’emploi marchand, La Réunion ne pourra pas espérer atteindre, d’ici 2007, le niveau du chômage métropolitain.
Ceci étant, un problème propre à une économie de marché demeure : on crée de l’emploi pour quel marché ? À l’issue de la réunion d’avant-hier à la Préfecture, Paul Vergès évoquait quelques pistes, notamment dans le BTP avec la construction des lycées et collèges, de 250.000 logements d’ici 2025, de la route des Tamarins, du futur TCSP et de l’alternative à la route du Littoral.
Ces chantiers suffiront-ils pour atteindre l’objectif fixé ? Sinon, comment compte-t-on élargir le marché à la production locale ?
Comment le faire alors que la réalisation de l’égalité sociale -qui est en grande partie achevée- ne permet plus d’augmenter la demande ? Comment le faire pour une économie vivant en grande partie de la commande publique ?

Créer 240.000 emplois avant 2030

La population active réunionnaise, qui était de 303.000 personnes en 2000, devrait passer à 441.000 : elle augmentera de 46% en 2030. L’économie locale devrait donc créer environ 100.000 emplois pour les chômeurs actuels et 140.000 autres pour les actifs supplémentaires à venir, "c’est-à-dire doubler l’emploi actuel, pour, en même temps ramener le chômage à un niveau acceptable" déclarait il y a un an Jean Gaillard, directeur de l’INSEE-Réunion.
En regard de ces perspectives, augmenter de 20% l’emploi dans le secteur marchand reste limité. Sur le long terme il faudra prolonger et compléter les efforts engagés.
Favorable à la création d’emplois pérennes dans le secteur marchand, le représentant de l’État à La Réunion est favorable à une baisse des emplois aidés. "Les contrats aidés ne sont pas un but en soi mais répondent à une situation de détresse ? Il nous faut rompre avec une culture d’assistanat" a dit le Préfet.
Depuis Valéry Giscard d’Estaing et sa fameuse “départementalisation économique”, tous les gouvernements qui se sont succédé se sont donné pour objectif de sortir les DOM de ce que l’on appelle communément “l’assistanat”. Le travail est donc aride. Comment conciliera-t-on la volonté de continuer de baisser le nombre de contrats aidés au moment où le Plan Borloo les simplifie et les remet au goût du jour avec ses “contrats d’avenir” ou ses “contrats d’accompagnement” ?

Que feront les communes avec moins de CES ?

La Réunion connaît deux grands utilisateurs de contrats aidés : les associations et les communes. Même si ce n’est pas leur objectif premier, les emplois aidés, par le biais d’une grande partie de la vie associative, contribuent à la pratique de l’économie dite alternative.
Va-t-on définitivement enterrer ces activités sociales très appréciées ? Il y aura-t-il dans le monde associatif le même phénomène observé dans le système éducatif avec la disparition des aides-éducateurs ?
Plus du tiers du personnel des communes réunionnaises est constitué par des emplois. Une situation qui perdure du fait de la non-résolution de la question des journaliers communaux.
Comment ces collectivités vont-elles supporter la baisse des contrats aidés ? Dans quelles conditions seront-elles amenées à utiliser les nouveaux dispositifs compris dans le Plan Borloo ? L’association des maires de La Réunion aura pour responsabilité d’animer un des 5 ateliers mis en place avant-hier : celui de “l’efficacité sociale des contrats aidés”. Lui a-t-on refilé une patate chaude entre les mains ?

J. M.


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