Saint-Denis : Mobilisation pour défendre la formation des maîtres

« Entre l’inquiétude et l’action, il y a un grand hiatus »

16 décembre 2009, par Edith Poulbassia

Opération escargot, assemblée générale du comité pour sauver l’IUFM, défilé, rencontres au Rectorat et à la Préfecture... Peu nombreux, mais motivés, les étudiants, futurs candidats au professorat, et les enseignants ont tenté de défendre hier encore l’Institut de Formation des Maîtres, dans le cadre de la Journée nationale de mobilisation à l’appel des syndicats.

Une petite centaine de manifestants, étudiants d’IUFM principalement et quelques enseignants, sont arrivés pancartes à la main au campus universitaire du Moufia, après une opération escargot qui a démarré à l’IUFM de Bellepierre vers 9 heures pour remonter le boulevard Sud.
« L’IUFM emmerde Luc Chatel », clamaient les manifestants, vivement opposés à la réforme de la formation des maîtres. Réforme qui ne prévoit ni plus ni moins qu’une suppression de la formation professionnelle et pédagogique des enseignants. La disparition de l’IUFM en somme, sans rien en échange. Ou presque. Dès 2010, les futurs candidats à l’enseignement devront mener de front l’obtention d’un Master 2 de la spécialité de leur choix (Bac +5), la préparation des concours et des stages facultatifs en établissements scolaires.

Réforme ou régression sociale

« Entre l’inquiétude et l’action, il y a un grand hiatus », regrettait cependant Lionel Leduc (FSU) devant la faible mobilisation des étudiants de l’IUFM, de l’Université, et même des enseignants. Qu’à cela ne tienne, les manifestants ont fait le tour de la Faculté de Lettres avant de se diriger vers le Rectorat dans une ambiance bon enfant. Vers 11 heures, une délégation a été reçue par le secrétaire général adjoint. Pendant une demi-heure, les syndicats ont exposé : les difficultés des candidats aux concours de professeurs des écoles en première année d’IUFM (PE2), c’est-à-dire le manque de postes aux concours, les conditions d’intégration ; la disparition de la formation professionnelle à la rentrée 2010 ; les difficultés des étudiants défavorisés à financer des études à rallonge. « C’est une régression sociale, les quelques bourses proposées ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les PE1 sont une génération sacrifiée, d’autant plus que l’Académie n’est pas en mesure d’organiser dès cette année les 108 heures de stage prévues par la réforme », lançait un membre de la délégation. Les arguments des syndicats seront transmis au ministre de l’Education nationale.
Pour Murielle, 24 ans, cette année est sa dernière chance de réussir le concours de professeur des écoles. « Car je suis boursière », précise-t-elle. « Un Bac +5 n’est pas accessible à tous. Il faut avoir les moyens de se payer des études. A moins de travailler pour valider le Master 2 et préparer le concours en même temps. Cela me semble mission impossible. Je me présente au concours pour la deuxième fois, il me manquait un point », raconte l’étudiante. A l’image de Murielle, d’autres étudiants sont inquiets.
Vers midi, les manifestants ont repris l’opération escargot pour se diriger cette fois à la Préfecture, afin d’exprimer leurs inquiétudes au représentant de l’Etat.

Edith Poulbassia


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