Social : Recrutement des professeurs des écoles.

’Erreur’ ou… déni démocratique ?

21 août 2009, par Geoffroy Géraud-Legros

Une malencontreuse erreur a entrainé l’arrivée de 70 professeurs des écoles ’excédentaires’ en provenance d’autres Académies. Elle a des conséquences pour les Réunionnais, et elle amène à s’interroger sur le degré d’opacité d’un système.

Soulevé par l’UNEF, le problème du recrutement des professeurs des écoles continue d’être au centre de l’actualité. A plusieurs reprises, le syndicat étudiant a tenté d’obtenir des informations claires et précises quant aux conditions réelles dans lesquelles s’opérait le recrutement hors de l’Académie de La Réunion.
Avec beaucoup de réticences, les services du Rectorat ont fini par concéder que 70 professeurs des écoles « excédentaires » seraient affectés dans notre île au terme d’une "erreur" , dont on ne sait d’ailleurs toujours pas si elle est « technique » ou « administrative ».

Comment croire à l’erreur ?

C’est donc un simple dysfonctionnement qu’invoque à décharge l’Administration. Mieux, le Recteur affirme se « réjouir » d’une telle "erreur", qui selon lui profitera en dernière analyse à l’Académie, celle-ci bénéficiant d’un apport de personnel inattendu pour faire face à la rentrée.
Il est vrai que des erreurs techniques affectent parfois le dispositif complexe des mouvements académiques ; elles demeurent néanmoins marginales, dans un système qui existe depuis fort longtemps et dont la mécanique est assez bien rôdée.
Dans le cas présent, l’ampleur et la portée de "l’erreur" donnent néanmoins à penser…. Et posent des questions fondamentales en terme de transparence et de responsabilité.
En effet, le mouvement et l’affectation des enseignants n’est pas, en théorie, un processus secret, assujetti au fait du Prince ou à l’arbitraire de l’Administration. Les décisions qui intéressent la mobilité des personnels de l’Education impliquent ces derniers par le biais d’une commission paritaire où siègent les membres des organisations syndicales.
La dernière session de cette commission ayant eu lieu en avril, c’est dès cette date que les syndicats auraient dû obtenir de l’Administration les informations nécessaires…et être ainsi mis en mesure de corriger « l’erreur ».
Car celle-ci, décidément, saute aux yeux : si l’on en croit le Rectorat, ce sont 70 enseignants qui auraient été affectés par méprise dans notre pays, pour un nombre total de 158 professeurs des écoles issus d’autres Académies.

Un affront aux organisations syndicales.

Singulière "erreur", donc qui concernerait près de 50 % du nombre des arrivants ! Rien, dès lors, qui puisse être attribué aux habituelles erreurs marginales d’origine technique : ce qui est en cause ici, c’est le peu de considération dans laquelle le Rectorat tient le système de consultation et de concertation au sein de la commission paritaire.
Ainsi, en amont des revendications du syndicat étudiant et de la presse, c’est déja dans les structures internes que se situe le défaut de transparence.
Dès lors, on peut légitimement se demander s’il n’y a pas là bien autre chose qu’une "erreur" …et s’interroger quant aux fondements réels de ces pratiques, qui ont pour arrière-plan la saturation de certaines Académies.
Ce qui, en revanche, est certain, c’est qu’en gardant par-devers elle les informations pertinentes, l’Administration a commis une entorse à la démocratie interne qu’incarne la participation de structures représentatives aux procédures de nomination et de mouvement des personnels. Comment réagiront les syndicats face à cet escamotage ?
Ce dérapage intervient dans un contexte où le nombre de jeunes touchés par le fléau du chômage s’accroît de jour en jour, et frappe désormais aussi les détenteurs de diplômes.
La question de la responsabilité se pose au présent, mais aussi pour l’avenir.
Que va-t-il advenir des 70 professeurs des écoles arrivés dans notre île par du fait d’une "erreur" à laquelle il est décidément difficile de croire ? L’Administration ira-t-elle jusqu’à les renvoyer, pour rectifier son "erreur" ? Va-t-on dès lors ajouter l’injustice à l’injustice, en privant les Réunionnais du bénéfice de 70 emplois publics auxquels ils auraient eu droit sans cette "erreur" ?

Geoffroy Géraud


Un "coup" préparé de longue date ?

Longtemps, les postes ouverts au concours, régional, de professeurs des écoles ont été maintenus aux environs de 120, alors même que la population de notre pays connaît un accroissement régulier et que les infrastructures scolaires font l’objet d’investissements considérables.
Or, alors que ce mouvement démographique se poursuit, l’Académie n’offre désormais qu’environ 80 postes au concours. Dans ce contexte, l’annonce d’un recrutement excédentaire hors de l’Académie de La Réunion constitue un véritable scandale. L’ampleur de « l’excédent » amène à s’interroger sur l’existence d’une manœuvre délibérée. En effet, au moment où le nombre de postes proposés au concours régional diminue de 30%, une "erreur" augmente de 50% le nombre d’enseignants mutés d’une autre Académie vers La Réunion. Une telle coïncidence peut-elle susciter autre chose qu’une interrogation et une demande de clarification des responsabilités ?


Assistants d’éducation : table-ronde à l’hôtel le Saint-Denis cet après-midi

Annoncée initialement au siège de l’Association des maires, la table ronde à l’invitation du Mouvement des assistants d’éducation aura lieu cet après-midi à 14h à l’hôtel le Saint-Denis.
Parlementaires, présidents de collectivités, préfet, recteur, Directeur du Pôle emploi, Direction du Travail sont invités à discuter « des propositions éventuelles pour permettre aux assistants d’éducation de ne pas être au chômage très prochainement ».

Luttes pour l’emploi

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus